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Je reviendrai à Montréal…

…car, « le temps est la seule chose que l’on ne peut avoir en quantité suffisante ; profitez-en ! »

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Partir de l’Outaouais, région incluse ou non dans celle de la capitale nationale, selon votre vision des choses, est éprouvant. C’est là que j’ai passé la plus grande partie de ma vie ; nul besoin de dire que chaque fois que je me promène dans cette charmante ville de Hull, des souvenirs enfouis profondément remontent subitement à la surface. Partageant ma vie estivale entre le boulot, la maison, et les sorties à vélo (un grand plaisir), je redécouvre la ville d’Ottawa et ses environs sous un nouvel angle. Le nombre impressionnant de vélos traversant la ville, conduits le plus souvent par les quelques milliers de fonctionnaires fédéraux effectuant le trajet Gatineau-Ottawa tous les matins, très souvent sous une chaleur aggravée par l’humidité légendaire du bassin Hullois, me surprend à tous les coups.

Louis-Philippe Tessier

L’Outaouais n’étant pas une région des plus densément peuplées, les distances à couvrir pour passer du point A au point B peuvent être importantes. Ceci dit, j’ai pris grand plaisir tout au long de l’été à redécouvrir les pistes cyclables de mon enfance, mais aussi à repérer de nouveaux chemins pouvant m’amener vers des destinations différentes. Le réseau cyclable de la région possède « 180 kilomètres de pistes cyclables en milieu urbain » mais aussi « plus de 200 kilomètres de sentiers en pleine nature » nous rappelle le guide de tourisme Outaouais. L’excitation d’emprunter un sentier fort différent et bien plus long qu’à l’ordinaire pour me rendre au boulot ou de gravir les quelques dizaines de kilomètres de chez moi au Belvédère Champlain, plus haut point de la région accessible au public par la route me remplissait de bonheur. La joie, le plaisir, et l’émerveillement étaient à leur comble lorsque, arrivant au premier belvédère, le crescendo et les mots « I dare you to move » résonnaient comme un puissant hymne à mes oreilles ; le plaisir olfactif et visuel récompensant les immenses efforts déployés durant la montée !

Louis-Philippe Tessier
Non seulement le vélo, mais aussi la découverte des pubs irlandais et écossais dans la plupart des quartiers de la ville était tout à fait nouveau pour moi, Québécois de souche. De plus, les divers musées offrant de fascinantes expositions permanentes, comme celle du Musée de la guerre dédié principalement à celle de 1939–45, et temporaires, comme celle sur le Japon au Musée des civilisations qui, de façon un peu ironique ne fait aucune mention de cette même guerre. Bref, pour ceux qui disent que cette région est dépourvue de charmes et d’attractions, comme je l’aurais sûrement affirmé il y a quelques mois, je vous conseille de la visiter. Vous pourriez rester très surpris ! Ce n’est pas pour rien que la revue MoneySense a désigné la région comme le meilleur endroit où vivre au Canada, devançant Repentigny, Burlington, Edmonton, et même Victoria !

C’est en bicyclette, mon principal moyen de transport, que j’eus bien d’autres aventures. D’abord, cette fois où, sur la piste cyclable, je me fis presque assommer par une biche qui passait par là. Cette autre fois où l’attaque planifiée d’un quelconque oiseau voulant me soutirer le reste de ma barre granola me tomba dessus… L’une de mes plus mémorables découvertes fut l’étroite piste cyclable du Canal Rideau, une grande boucle descendant vers le sud en longeant le Canal, le Lac Dow, et la Ferme expérimentale, et remontant le long de la promenade Riverside jusqu’au centre-ville. La promenade stimule les sens par ces divers paysages, mais apaise l’âme par ses courbes fines et simples. Parfois complètement ouverte, parfois traversant divers parcs et quartiers résidentiels aux sublimes résidences, le roulement et l’usure des pneus ne se fait pas du tout sentir. Les sens, eux, sont aiguisés pour permettre à l’utilisateur de remarquer tel ou tel détail, qui passe tout de même rapidement sous l’œil du cycliste.

Malgré mon brûlant désir de me familiariser à nouveau avec cette région que j’avais par le passé abandonnée à son sort, je ne suis pas arrivé à voir et faire toutes les activités et les découvertes que j’aurais voulu faire. Par contre, l’expérience fut certainement positive et révélatrice, jusqu’à un certain point. Cela m’amène à oser vous donner un autre conseil, chers lectrices et lecteurs : ne vous arrêtez pas à vos idées reçues ; retournez où vous êtes déjà allés et poussez vos explorations le plus possible ! Le temps est la seule chose que l’on ne peut avoir en quantité suffisante ; profitez en !

Louis-Philippe Tessier
Après la région d’Ottawa, c’est en voyageant deux longues heures vers l’est que j’ai trouvé cette ville fabuleuse et enivrante qu’est Montréal, où, par le passé, plusieurs anglophones venaient pour goûter, le temps de quelques bières, cette joie de vivre communicative. C’est par la chanson mythique de Robert Charlebois Je reviendrai à Montréal que mes souvenirs de cette ville reviennent le plus aisément à ma mémoire. Le simple fait de mentionner son nom est suffisant pour raviver mes sentiments pour cette ville absolument charmante.

Le Grand Prix de F1, que les mordus pourraient comparer à une symphonie, contraste avec la cohue des voitures du centre-ville. Près du quartier des spectacles où une population diverse vibre au son des accordéons et violons. Sur la terrasse des bars et des rstaurants, la faune se désaltère à grandes rasedes de bière et autres brevages. Dans cette jungle urbaine, quoi de mieux que de voir tout ce beau monde en action, marchant ou roulant à leur guise sur leur BIXI ou « fixie », tournant, bifurquant, et évitant piétons et automobilistes ?

Louis-Philippe Tessier
Heureux le vacancier qui, comme moi, peut observer ce que certains verraient comme une cacophonie, mais que d’autres qualifieraient de ballet où les artistes performent devant les yeux écarquillés du spectateur. Un coup de pédale ici, bond d’un passant par là, tout ça sous un soleil radieux illuminant le décor. Les danseurs se révèlent au grand jour et donnent envie de réclamer « encore ». Pour fuir toute cette action la ville peut offrir les joies et les bienfaits des oasis urbaines, comme dans les parcs dont Montréal regorge. Couples marchant lentement, main dans la main au Parc Lafontaine, amis bavardant dans l’herbe fraîche du Parc Jeanne-Mance, cyclistes et coureurs expulsant le stress de la ville au Parc du Mont-Royal, ces îlots de tranquillité bien placés font ressortir et transparaître l’amour et l’intérêt des gens pour la nature.

Voici la ville avec laquelle je flirte depuis trois ans maintenant ! Et elle continue de m’impressionner à chaque jour par les tranches de vie qui se dessinent devant moi lorsque je sirote un café, assis à la terrasse de la Boite Gourmande sur la rue Laurier. Une jeune et jolie fille se rendant à son cours de yoga, pantalon et matelas Lululemon sous le bras, l’homme d’affaires marchant à grandes enjambés vers le métro, le gars dans la vingtaine avec la cigarette au bec ; ces personnes font partie de mon quotidien, maintenant.
Je suis revenu à Montréal, aurait pensé Robert Charlebois en posant le pied hors de l’avion à l’aéroport Pierre‑E.-Trudeau.


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