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Bangkok, à la mode Gadoua

Avant de partir pour l’Asie, je me disais que, bien malgré moi, j’allais perdre du poids. Ce qui, dans mon cas, est loin d’être une bonne chose, vu qu’en temps normal, je ne suis pas très loin d’avoir la peau sur les os. Après quatre mois ici, j’imaginais donc que j’allais revenir à Montréal avec le physique de l’Éthiopien moyen. Ça risque toujours d’être le cas, remarquez. Sauf que pour ça, il va falloir que je reste loin de Bangkok et de son petit bordel à touristes (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots): Khao San Road et ses environs. Car, voyez-vous, dans ces quatre, cinq coins de rues (représentant au bas mot un millième de la ville), s’amassent jour et nuit la presque totalité des backpackers occidentaux, une bonne partie de la jeunesse thaïlandaise aisée et… toutes sortes de commerçants venus profiter de ces jeunes gens laissés à eux-mêmes. Des vendeurs de cossins qui brillent et qui volent dans les airs aux fabricants de fausses cartes d’identité, en passant par ceux qui vous proposent des costumes sur mesure, sans oublier les sempiternelles masseuses ; tous sont là en nombres disproportionnés pour vous interpeler, vous accoster, ou vous arrêter pour vous offrir leurs services. Et, bien sûr, coté bouffe et boisson c’est pas mal la même chose. L’offre est aussi diversifiée et, la plupart du temps, d’aussi mauvaise qualité.

Évidemment, comme vous venez d’arriver en Asie et que l’activité qui occupe le plus clair de votre temps est boire, vous avez faim, très faim pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la nourriture asiatique. Vous foncez donc tête la première dans ce stand de brochettes sur charbon à votre gauche, celui de riz collant et mangue à votre droite et, bien sûr, vous rendez plus d’une visite aux vendeuses de pad thaï… Pour vous rendre compte, dès que vous sortez de là (ce que plusieurs ne font pas), que ce que vous mangiez n’était peut-être pas aussi authentique que vous l’aviez cru. Ce qui saute alors aux yeux, dans les vraies rues de Bangkok, c’est que les Thaïs d’ici ne mangent pas de pad thaï et que ce qu’ils mangent est plus épicé. Beaucoup plus épicé pour certains plats. Genre l’équivalent d’un shooter de Tabasco à chaque bouchée. Exemple : un poisson entier poêlé, presque frit, que j’ai mangé à un coin de rue entre deux Thaïs. Délicieux. Mais encore heureux que j’étais armé de trois bières et d’un bol de riz. Sans ça, mes larmes et les rires de mes voisins de table n’en auraient sûrement pas valu la peine.

D’autres plats, toutefois, manquent cruellement de goût. C’est le cas de deux des casse-croûtes thaïs les plus populaires. Le premier est constitué de « boules » de porc ou de poisson que l’on mange grillées ou dans une soupe. Et bien, en plus d’avoir une couleur (gris béton) et une texture (qui rappelle la couille de taureau espagnol trop cuite) peu invitantes, ces boulettes ne laissent en bouche qu’un simili goût de porc ou de poisson. L’autre snack, encore plus populaire, ressemble à s’y méprendre à de la bonne vieille saucisse à hot-dog. Sauf qu’ils vendent ça sur des petits grills dans la rue et les coupent parfois pour leur donner une forme plutôt exotique (vous avez déjà vu une fleur de saucisse, vous?). Donc, forcément, tu te dis qu’elles doivent bien cacher un petit goût de sésame ou de coriandre, ces saucisses. Eh ben, pas vraiment… Et même pas de ketchup ou de moutarde jaune pour accompagner ça.

La découverte culinaire la plus surprenante concerne toutefois un autre plat. Saviez-vous que le dessert le plus hip parmi la jeunesse thaïe en ce moment est le toast, de qualité Gadoua moelleux, garni de beurre vanillé, de Nutella et autres. Il y a même des restos qui ne servent que ça et qui sont peins à craquer tous les soirs ! Une petite rôtie au beurre de coco et un verre de lait avant de sortir ? Pourquoi pas.

Ce que je préfère, ici, quand j’ai la dent sucrée, c’est le « coco pudding ». Une sorte de pudding au riz et au lait de coco légèrement grillé et cuit dans un moule qui en fait des boules de la forme de macarons, et donc la texture est celle de pancakes à l’extérieur, mais avec un centre moelleux. Trente-cinq cents pour cinq…
Khawp khun very much !


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