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Plus ça change, plus c’est pareil

Depuis la dernière décennie, avec l’avènement de l’ère 2.0 et la prolifération des réseaux sociaux et des blogues, le nombre de tribunes sur lesquelles le modeste citoyen peut faire entendre ses mécontentements a explosé. Cependant, le simple citoyen a‑t-il réellement plus d’influence sur les décideurs de demain ? Permettez-moi d’être pessimiste et de répondre par la négative. Nous avons modifié nos pas de danse, même de chanson, mais rien n’a changé. Nos cris semblent sourds et nous frappons aux mauvaises portes. Permettez-moi de sauter du coq à l’âne et de sauter d’exemple en exemple.

Manifestation…

Samedi matin, le service des communications du Cégep du Vieux Montréal a signalé par voie de communiqué que l’établissement serait fermé jusqu’à jeudi, mettant ainsi de l’avant la grève des étudiants plutôt que la raison derrière celle-ci, selon Laurent Cornelissen, porte-parole de l’AGECVM. Les étudiants réunis en assemblée générale avaient auparavant voté en faveur d’une grève de trois jours pour lutter contre la hausse des frais de scolarité, parmi d’autres mesures régressives prônées par le gouvernement Charest dans son dernier budget.

Ainsi, hier, le syndicat étudiant du Cégep du Vieux Montréal a organisé une manifestation pour dénoncer le lock-out décrété par l’administration. Trois journées de grève se tiendront aujourd’hui et demain, ainsi que le 6 décembre.

Cependant, en fermant le cégep deux jours de plus et sans avertissement, l’administration ne nuit-elle pas aux études de ses étudiants ? La manifestation des étudiants, qui a certainement pour objectif, entre autres, de démontrer le désir d’avoir accès à l’éducation, crée donc une contre-marée contraire.
Pétitions…

Depuis le 11 novembre, une pétition pour la démission du premier ministre du Québec lancée par le Mouvement citoyen national du Québec accumule les signatures (225 830, à l’heure actuelle). Les signataires font ainsi appel à la démission de Jean Charest, car le gouvernement n’a pas répondu à la demande populaire et des partis de l’opposition concernant la mise sur pied d’une commission d’enquête publique sur les liens entre le financement des partis politiques et l’octroi des contrats gouvernementaux et d’un moratoire sur les gaz de schiste.

L’île de Montréal n’est pas seule dans cette situation, le maire de Laval Gilles Vaillancourt fait aussi l’objet d’une pétition qui demande son retrait, lancée par le parti d’opposition suite aux allégations de tentatives de corruption et endossé par le porte-parole de Québec Solidaire Amir Khadir.

Cependant, tous les signataires de ces pétitions se rappeleront-ils dans un an pourquoi ils ont posé leur signature ? À l’heure des prochaines élections, demanderont-ils des comptes à ceux qui ont lancé ou endossé les pétitions ? C’est encore à voir.

Raphael Thézé
Vote…

La population et les partis d’opposition pestent contre la décision des sénateurs conservateurs d’avoir rejeté le projet de loi C‑311 sur la responsabilité en matière de changements climatiques. Ce dernier a été battu à la chambre haute du Parlement par un vote de quarante-trois contre trente-deux (voir l’article en pages 5 et 6).
Le mépris des conservateurs pour la Chambre des communes et pour la démocratie, même flagrant, n’a toutefois pas encore poussé les citoyens a lancé une troisième pétition qui s’attaquerait alors à ce troisième échelon politique.


Pour le meilleur… mais pas le pire

Est-il surprenant de voir que le support pour Barack Obama diminue, alors que nous nous rapprochons des élections de mi-mandat et que le Tea Party prend de l’avance ? Que ceux qui s’enthousiasmaient de la « politique d’espoir » du premier président africain-américain des États-Unis lui tournent à présent le dos, et que cette position soit maintenant devenu un mot d’ordre ? Comme plusieurs, il n’est pas parvenu à satisfaire les attentes que plusieurs avaient, particulièrement sur la question de la réforme des soins de santé, et semble sombrer seul dans une période de grand cynisme.

L’ambigüité en tuera certains

L’orientation sexuelle a été ôtée de la résolution des Nations Unies condamnant les exécutions sommaires et extrajudiciaires par un vote de soixante-dix-neuf voix à soixante-dix. Les pays musulmans et africains étaient ceux en faveur de ce changement. Cette résolution ciblait les lesbiennes et les homosexuels depuis 1999. « L’orientation sexuelle » a été remplacée par « motif discriminatoire de quelque sorte que ce soit ». Ainsi, les gays et lesbiennes ne sont plus directement ou clairement défendues par les Nations Unies.

Critiques vérulentes sur les blogues, manifestations populaires, pétitions enflées et endossées… Autant de formes d’expression citoyenne, plus ou moins innovantes, qui font de la démocratie 2.0 une démocratie qui écoute plus le citoyen lambda, sans forcément l’entendre. Les votes et les décisions « à la majorité et au nom du peuple », ça ne fonctionne plus.

Solution 3.0 ?


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