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Haiti : Colère bleue

Les casques bleus sont-ils victimes de violence ciblée ou boucs émissaires d’un désespoir généralisé ?

C’est une minorité bruyante, concentrée dans le Nord du pays qui vocifère et pointe du doigt les casques bleus comme étant à l’origine de l’épidémie du Choléra.  Une rumeur court que les bataillons des Nations Unies, venus du Népal avant le début de l’épidémie, auraient contaminé les eaux de la rivière adjacente. Pourtant, Nigel Fisher, coordonateur de l’action humanitaire des Nations Unies en Haïti, questionné par la station Al Jazeera, a soutenu « que l’eau avait été testée et que les résultats étaient tous négatifs ».

Quelle que soit la véracité de ses accusations, elles sont néanmoins la source d’émeutes qui met un frein à l’effort humanitaire. Les routes sont bloquées par les manifestants, ce qui empêche la distribution des produits de décontamination d’eau et des autres commodités d’aide. Pourtant les haïtiens, ou ceux qui manifestent, tiennent responsable la Minustah (MIssion des Nations Unies pour la STAbilisation en Haïti) qu’ils attaquent même directement. Ils ont le sentiment que le gouvernement les a abandonnés à une semaine des élections présidentielles.

Jack Kurtz

Il semble que pour une fois, le gouvernement et les ONG travaillent ensemble, mais le résultat n’est pas si harmonieux. L’expérience de l’UNICEF en Haïti, relatée par la responsable des relations publiques de la branche canadienne de l’organisme, Nancy Bradford, semble confirmer les connivences entre les branches des Nations Unies et le gouvernement. Mme Bradford rejette l’accusation d’infantilisme du gouvernement haïtien provenant de la présence prolongée des ONG dans le pays. « On a toujours travaillé avec le gouvernement, l’UNICEF est présent sur le terrain lorsque le gouvernement en fait la demande, donc je pense pas que c’est les infantiliser, on les aide à se prendre en charge. » L’UNICEF est sur le terrain depuis 1949.

Un autre mythe apparent serait le manque de coordination et la compétition supposée des différentes ONG impliquées dans l’aide humanitaire au jour le jour. La relationniste témoigne de cette harmonie : « On travaille vraiment main dans la main. Les ONG présentes travaillent ensemble dans les différents camps. »

La coopération locale fait aussi partie de l’agenda de l’UNICEF. Leur focus sur la prévention est articulé surtout « autour de l’empowerment et de la formation des communautés  pour permettre qu’elles soient elles-mêmes la source de solutions futures ». La police locale est donc en charge de la sécurité et du transport, et les enseignants s’occupent de la distribution des produits et d’inculquer de bonnes pratiques d’hygiène aux enfants. Selon Mme Radford, ils n’ont pas fait face à des problèmes de distribution jusqu’au moment des insécurités qui ont eu lieu dans les régions nord et ont empêché l’accès à ces régions.

Ils sont en ce moment plus de 230 personnels, ont construit 1500 latrines, visent la promotion auprès de 500 écoles et 554 centres résidentiels pour enfants, et entrainé 4000 locaux. Ils comptent augmenter ces effectifs mais les Nations Unies maintiennent que l’aide internationale reçue est inadéquate ; sur le 163 millions demandés, ils ont pour l’instant seulement 5 millions en dons.

Ce portrait plutôt rose –Nancy Radford est rentrée à Montréal avant de pouvoir constater les émeutes de ses propres yeux– contraste vivement avec la colère des manifestants soit-elle plutôt en lien avec l’instabilité du pays et les élections prochaines, où la présence internationale accrue après le séisme de janvier.


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