Aller au contenu

16 Juillet 1942

La Rafle est un film qui rappelle l’histoire des Juifs ayant péri durant la Rafle du Vélodrome d’Hiver.

Tous les événements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942. » Voilà les premiers mots que voit apparaître le spectateur, au tout début de la projection du film La Rafle réalisé par Roselyne Bosch. Ce film retrace l’épisode poignant de la déportation de milliers de juifs orchestrée par la police française pendant de la Deuxième Guerre mondiale. Cet événement s’inscrit dans le long processus de la Solution Finale, politique entreprise par les Allemands sous la direction d’Hitler et appliquée par le maréchal Pétain sur le territoire français.

La réalisatrice choisit de suivre le quotidien de deux familles juives à la veille de leur déportation, alors que l’armée allemande contrôle la moitié nord de la France. Les parents de l’une des deux familles (Gad Elmaleh et Raphaelle Gaugué) tentent en vain de cacher la menace imminente à leurs enfants. D’abord, le port de l’étoile jaune, puis l’ordonnance interdisant aux Juifs l’accès aux places publiques. Dans cette descente aux enfers, trois jeunes bambins continuent malgré tout à gambader et à rire aux éclats dans les rues de Paris sous les regards tantôt inquiets, tantôt méprisants des passants. Au matin du 16 juillet 1942, la police cogne aux portes, frappe les femmes, agresse les enfants. Des dizaines de camions sont en route pour le Vélodrome d’Hiver. Au milieu de cette agitation, une infirmière dévouée (Mélanie Laurent) soutenue par un médecin juif (Jean Reno) font partie des résistants et se démènent pour apporter de l’aide aux 13 000 juifs entassés comme des bêtes et vivant dans des conditions exécrables. Quelques-uns réussissent à passer à travers les mailles du filet grâce à l’appui du réseau de résistance, mais la majorité sont transportés vers le camp de Beaune-la-Rolande où ils souffriront de violences, de malnutrition et d’humiliation. Femmes, hommes et enfants sont séparés et déportés dans des trains de marchandises vers les camps d’Auschwitz-Birkenau où ils sont presque tous exterminés. Vingt cinq adultes seulement en sortiront vivants.

Séville Pictures

Ce drame historique est savamment mis en scène par Roselyne Bosch qui excèle à recréer l’état d’esprit des  officiers de la police française, des pompiers et des témoins de ces arrestations infondées. Elle présente une France collaboratrice et une France résistante, parvenant avec adresse à reconstituer l’atmosphère insoutenable de l’époque.

Les enfants, par leur innocence et leur ingéniosité, endossent un rôle particulier. Dénonciateurs involontaires de leurs proches lors de la rafle et héros occasionels, ils portent en eux espoir et incompréhension. Les dialogues, vifs et percutants, sont souvent teintés d’un humour raffiné qui fera sourire avec précaution le public malgré la gravité des scènes projetées.

La critique n’a apparemment pas été convaincue par le film et un journaliste des Inrockuptibles souligne la difficulté de la réalisatrice à faire un choix dans sa synthèse : « Construit selon trois échelles (Hitler dans les cocktails, le gouvernement de Vichy, les victimes de la rafle), La Rafle embrasse tous les points de vue sans laisser d’autre épaisseur d’âme à quiconque que celle provoquée par les violons. » Malgré tout, La Rafle possède des qualités certaines et sensibilisera ses spectateurs à l’un des épisodes les plus traumatisants de l’Histoire.


Articles en lien