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C’est toujours la faute des autres

La tendance se maintient : le dossier de l’éducation est encore chaud. Cette fois-ci, ce n’est toutefois pas sur les frais de scolarité que je veux m’attarder, mais sur le décrochage scolaire. Parce qu’avant de parler du montant que doivent débourser les étudiants pour chacun des crédits qui leur permettra peut-être de regagner ces dollars et les intérêts un jour le mortier rangé, il faut d’abord s’assurer qu’ils termineront leurs études.

Les propos de Jean Charest au Focus stratégique Québec 2010 en regard au décrochage scolaire a froissé quelques personnes (toutefois, moins qu’à l’habitude). Il a « osé, lui » pointer du doigt les parents : « on vise les commissions scolaires, on vise les professeurs, on vise les politiciens, mais on oublie les acteurs les plus importants : les parents. J’aimerais savoir pourquoi on parle si peu du rôle des parents au sujet du décrochage scolaire, alors que c’est à eux qu’on doit s’adresser. Les parents doivent s’intéresser à l’éducation de leurs enfants ». Avait-il tort ? Non.

Le président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), François Paquet, a voulu nuancer les mots du premier ministre dans un communiqué le lendemain : « les parents ont un rôle essentiel à jouer pour améliorer la réussite scolaire. […] Bien entendu, certains parents sont absents, indifférents […]. Rappelons-nous que l’éducation est une responsabilité partagée. » Pour la FCPQ, il est indispensable de favoriser la participation des parents, notamment en promouvant le dialogue entre les directions, les enseignants et les parents. Encore faut-il que les parents se pointent à ces réunions.

Je vois aussi déjà les associations étudiantes courir aux tribunes pour crier que la hausse des frais de scolarité n’incite certes pas les jeunes à poursuivre les études. Ont-elles tort ? Non.

Et si on ose ajouter à l’équation les écoles privées, plusieurs se lèveront pour critiquer les subventions qu’elles obtiennent. Toutefois, la question n’est pas là. Les parents qui paient pour que leurs enfants puissent étudier au privé –que ces premiers dorment dans des draps de soie ou qu’ils travaillent comme des bêtes de somme– se sentent indubitablement plus concernés quant à l’avenir de leur enfant (ou de leur argent, c’est selon chacun).

Permettez-moi une note d’humour et de renchérir sur les mots d’Yves Boisvert : « C’est la faute de qui, alors ? Les Anglais ? La CSN ? Le déséquilibre fiscal ? Le réchauffement climatique ? » De personne et de tout le monde, justement. L’éducation n’est pas non plus une entreprise. « Quand cessera-t-on de percevoir l’éducation comme une dépense ? L’éducation, c’est le compte d’épargne d’une société », avait déclaré le président de la Fédération autonome de l’enseignement, Pierre St-Germain. Et il a raison.

Si le gazon semble toujours plus vert chez le voisin (35% des anglophones du Québec ont un diplôme universitaire au Québec, c’est 37% chez les immigrants, alors que chez les francophones, le taux est à 25%), si les problématiques sur l’éducation ne parviennent toujours pas à trouver une solution, c’est parce que malgré la bonne volonté de tous, les discussions demeurent un dialogue de sourds.


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