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Une saison toute canadienne au Musée d’art contemporain

Cet automne, le MAC se pare de ses plus beaux attraits en présentant les finalistes et demi-finalistes du prix artistique Sobey 2010

Sobey’s remet, chaque année depuis 2002, un prestigieux prix de 50 000$ à un artiste canadien de moins de quarante ans. Ainsi, si le nom « Sobey’s », chaîne d’épiceries canadienne, n’est pas très connu au Québec. Il n’en reste pas moins qu’il contribue de manière essentielle au paysage artistique canadien et québécois. Cette année, un élément unit toutes les œuvres du Sobey’s : l’humour. En effet, chaque artiste en explore les différentes facettes, que ce soit l’ironie, le sarcasme, la satire ou la parodie. Karen Tam, Brendan Fernandes et Brendan Lee Satish Tang utilisent le stéréotype afin de révéler des préjugé. 

Tam propose deux installations s’intéressant aux clichés associés à la communauté chinoise. Quatre salles sont aménagées avec des éléments qui sont, pour un Occidental, typiquement asiatiques. L’ironie prend place lorsque le visiteur, heureux de ces chambres sécurisantes et familières qui correspondent à l’idée qu’il se fait d’une maison chinoise, se rend compte que tous les objets qui les meublent proviennent d’Ikea, du Dollarama, du quartier chinois ou qu’ils ont été confectionnés par des amis de l’artiste !

Satish Tang réserve un traitement similaire à l’observateur. La série de vases Manga Ormolu (2008–2010) utilise les techniques ancestrales chinoises et françaises de la porcelaine pour les allier à des formes et couleurs rappelant l’univers des mangas japonais, déconstruisant de ce fait le mythe de l’Asie engluée dans la tradition. 

L’installation de Fernandes confronte quant à elle le visiteur à ses propres préjugés sur l’art africain. L’artiste canadien d’origine kényane expose lions, gazelles et hautes herbes de la brousse. Le visiteur, convaincu qu’il se trouve en face d’un décor typiquement africain, se laisse ainsi tromper par l’artiste qui lui présente en fait des animaux propres aux forêts de feuillis nord-américaines : sous les masques des gazelles se trouvent en effet des cerfs bien de chez nous.

Bien que les œuvres de Grandmaison, de BGL, d’Adad Hannah, de Daniel Barrow, de Patrick Bernatchez et d’Emily Vey Duke + Cooper Battersby ne sont pas aussi explicitement comiques, elles ne sont pas dépourvues de traits humoristiques pour autant. Elles sollicitent également les visiteurs. L’installation de Barrow intrigue ainsi le visiteur qui ne sait s’il est en contrôle de la situation ou s’il en est victime. Dans House on Fire (2010) et Learning to Breath Underwater (2010), l’observateur est invité à déplacer plusieurs acétates et diapositives. Malgré la musique enjouée entendue dans la salle, le spectateur constate –plus ou moins rapidement– qu’il participe à un acte bien criminel : le viol du personnage féminin de House on Fire. 

Désopilantes et interactives, les œuvres du MAC questionnent donc avec succès notre relation aux objets et à l’Autre.


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