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Aux ténèbres, l’Amérique reconnaissante

Connaissez-vous Molly Norris ? Il s’agit de la caricaturiste au Seattle Weekly. Peut-être connaissez-vous mieux son initiative « Everybody Draw Muhammad Day » en réaction à la censure d’un épisode de South Park où Mahomet était représenté ? En fait, Molly Norris n’existe plus. Elle a changé d’identité, quitté son emploi et disparu dans la nature. Le FBI lui a recommandé de faire ainsi à cause des menaces qui pesaient sur sa vie. L’État ne versera pas un sou pour sa protection.

En avez-vous entendu parler ? À part Mario Roy dans La Presse, ce fut le silence radio.

Connaissez-vous Terry Jones ? Assurément. Il est sûrement, à vos yeux, un vieux fou intolérant qui voulait brûler le Coran par plaisir. Or, il était dans ses droits, tout comme Molly Norris. Toutefois, une extraordinaire machine politico-médiatique s’est lancée dans l’arène pour dénoncer le projet de ce pasteur. Robert Gates, secrétaire d’État à la Défense, a appelé personnellement le pasteur pour lui dire de ne pas aller de l’avant. Barack Obama a dénoncé l’idée. David Petraeus, le commandant des forces de l’OTAN en Afghanistan, a déclaré que cela mettrait en péril la vie des soldats en Irak et en Afghanistan.

D’abord, comment se fait-il qu’un haut fonctionnaire comme Robert Gates se soit mêlé de la sorte de la liberté d’expression d’un citoyen qu’il devrait servir plutôt qu’asservir ? Le Premier amendement n’est pas suffisamment clair pour lui ; « Congress shall make no law […] abridging the freedom of speech, […] or the right of the people peaceably to assemble » ? Une petite relecture du Bill of Rights s’imposerait. Il a abusé de son pouvoir en violant l’esprit du document fondateur de son pays et personne n’a levé le petit doigt.

David Petraeus a aussi raté une belle occasion de se taire. Pourquoi les soldats se battent-ils au Moyen-Orient, si ce n’est pas pour la liberté ? Il a demandé à un Américain de renoncer à son droit pour des raisons de sécurité internationale. Les soldats sont pourtant armés, entrainés et là pour assurer la pérennité de ces libertés fondamentales. Il semblerait que les quatre étoiles sur le collet de M. Petraeus ne le rendent pas apte à de telles réflexions. On ne peut pas soumettre des libertés à des conditions extérieures.

Mais de quoi avaient peur tous ces gens ? Ils craignaient la réaction du monde musulman. Les poids lourds des Etats-Unis d’Amérique, première puissance mondiale, the land of the free and the home of the brave, ont tremblé devant la barbarie d’islamistes enragés. Ils ont eu peur de gens qui seraient, et qui sont, allés crier Allahu Akbar en brûlant des drapeaux américains et en détruisant tout sur leur passage dans les rues des pays musulmans. Nos voisins du Sud ont renoncé à un de leurs plus importants principes fondateurs. Ils ont préféré céder à la tyrannie et à l’imbécillité la plus sauvage pour apaiser l’humeur incontrôlable de certaines personnes qui ont l’épiderme bien sensible quand vient le temps de les critiquer.

Pourtant, critiquer est exactement le but et le moyen de la liberté d’expression. Alors que les bien-pensants larmoyaient sur le sort des musulmans qui auraient vu 200 de leur livres sacrés partir en fumée, Molly Norris disparaissait dans l’indifférence totale. Mes sympathies. 


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