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Le fantasme rock de la rentrée

Marc-André Grondin et Arthur Dupont sont les protagonistes de Bus Palladium, le premier film de Christopher Thompson.

Bus Palladium s’ouvre sur le personnage de Lucas. Il revient à Paris après un stage dans un cabinet d’architecture londonien et retrouve ses amis pour se consacrer avec eux à leur groupe de rock, dont il est l’un des guitaristes. Les membres de LUST ont une passion pour le rock et rêvent de gloire. De répétition en répétition, les musiciens connaissent le succès : des concerts, une maquette, un single, un contrat et une tournée s’enchaînent rapidement. Mais si la musique les unit, l’arrivée de Laura (Elisa Sednaoui) va semer la zizanie dans la bande, particulièrement entre Lucas et Manu, qui se connaissent depuis l’enfance. Alors que la jeune fille les séduit, les deux amis s’éloignent progressivement. Quand Laura les quitte, Lucas décide de prendre ses distances avec le groupe et d’accomplir sa propre destinée.

Si Bus Palladium traite de l’adolescence et du rapport à la musique de manière assez traditionnelle, sa recette n’en est pas moins touchante. Utilisant la boîte mythique des années 1970–80 comme lieu de refuge des protagonistes, Christopher Thompson explore avec efficacité et justesse la dynamique de groupe des jeunes musiciens tout en introduisant des passages plus intimes, notamment lorsqu’il aborde les relations amicales et amoureuses. Ainsi, le réalisateur s’attarde particulièrement sur les caractères de Manu et Lucas, personnages complémentaires mais en constante opposition, et montre comment la musique les rapproche indéniablement.

On connaissait le talent de scénariste de Christopher Thompson, qui avait travaillé sur Les Yeux de sa mère, Le Code a changé, Fauteuils d’orchestre et Décalage horaire. Par ses dialogues et ses clins d’œil à diverses icônes du rock, Bus Palladium s’inscrit dans la lignée du travail de ce cinéaste pour le moins talentueux. Si le scénario contient certains clichés, considérés par Christopher Thompson comme des « passages obligés du fantasme rock », qui atténuent quelque peu l’originalité du récit, la qualité artistique du film reste évidente. Les concerts, la séquence dans le studio d’enregistrement, la rencontre des groupies et le road trip sont autant de scènes où se mélangent avec justesse humour et émotion.

Par ailleurs, l’utilisation de la caméra à l’épaule à divers moments clés permet une variété de points de vue qui enrichit considérablement cette histoire quelque peu classique. En effet, le gérant du groupe se veut la « mémoire » de LUST et filme leur quotidien, donnant au récit des allures de documentaire amateur pour le moins touchant. En outre, la performance des comédiens est à saluer : ils incarnent avec finesse la période difficile de l’adolescence où le rêve côtoie la réalité et où chacun cherche à comprendre et assumer ses aspirations avec plus ou moins de facilité et d’assurance.


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