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C’est pas la faute à Yoko

J’ai les nerfs en boule, ces jours-ci. J’ai envie de chiâler, je ne sais pas trop pourquoi. C’est peut-être la grogne qui a entouré les cérémonies d’ouverture des Jeux de Vancouver et la mémorable performance de notre Quasimodo national qui me font cet effet-là. Toujours est-il que, cette semaine, le Délit sera mon département des plaintes. Il y a certaines choses qui me tapent sur les nerfs depuis longtemps, et c’est aujourd’hui que ça sort.

Ma première montée de lait sera littéraire, amis lecteurs. Parce que j’en ai marre de l’autofiction. Marre de voir se publier, année après année, une multitude de romans qui se ressemblent tous et qui mettent en scène des jeunes gens tourmentés en quête d’amour et d’un sens à leur vie. Marre que n’importe qui puisse s’improviser écrivain en romançant un peu son quotidien et en y ajoutant quelques « dit-il » et quelques « rétorqua-telle ». Marre, marre, marre. Bon, je l’avoue, c’est peut-être un peu par jalousie que je m’emporte. Parce que moi aussi je rêve de publier un joli petit roman, avec mon nom sur la jaquette et mes mots imprimés, noir sur blanc, sur chacune des pages. Je suis jalouse et ça m’enrage. En fait, je suis à un cheveu de m’y mettre, moi aussi, à l’autofiction. En désespoir de cause, j’inventerai une héroïne attachante malgré sa complexité, lui donnerai mon nom et l’affublerai d’un passé tumultueux. Je la ferai flirter avec la drogue, lui mettrai sur les bras une famille dysfonctionnelle et m’arrangerai pour qu’elle soit vaguement dépendante affective. À moi la gloire !

Et tant qu’à me débarrasser de toutes mes vieilles rancoeurs, qu’est-ce qu’ils avaient d’affaire à nous enlever notre Spectrum ? Je m’ennuie du Spectrum. D’accord, il s’était transformé en une véritable dompe, il tombait en morceaux, mais il me semble que la Ville aurait pu intervenir. On ne cesse de prétendre que Montréal est la Mecque culturelle d’Amérique du Nord. C’était le temps de le prouver, nom de Dieu ! Et quelle meilleure manière de le prouver, justement, qu’en ne laissant pas s’éteindre cet endroit mythique ? Cela fera trois ans cet été que l’établissement a fermé ses portes, et malgré tout le faste déployé pour nous faire oublier la tragédie en nous en mettant plein la vue avec le Quartier des spectacles, il y a un vide. Certaines erreurs ne peuvent pas être réparées. Il est trop tard et c’est bien dommage.

Ensuite, qu’on se le dise, la séparation des Beatles, c’était pas la faute à Yoko ! Je sais que ce n’est pas une préoccupation très actuelle, mais il y a longtemps que je veux en parler. J’en parlerai donc. Oui, d’accord, elle n’avait pas l’air trop commode, la copine de Lennon. Mais est-ce qu’on peut s’entendre sur une chose ? De passer, en moins de dix ans, de pur inconnu à vedette planétaire, de ne plus pouvoir aller nulle part sans que des dizaines de filles s’évanouissent à tes pieds, ça te gonfle l’amour-propre de manière assez exceptionnelle. Multipliez ça par quatre et pensez‑y une minute. Le choc de ces quatre égos, ça a dû être assez terrible par moments ! Vers la fin, les Bealtes, ils devaient être plutôt insupportables, au fond ! Ça ne leur enlève rien, remarquez. Ils étaient géniaux, ces garçons ! Seulement, je ne suis pas sûre que Yoko ait eu grand chose à voir làdedans.

Voilà, c’est dit.


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