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Un féminicide dissimulé ?

L’impunité et la négligence mettent en danger la vie des femmes autochtones canadiennes.

Tiffany Morrisson, une jeune femme Mohawk de 25 ans, a été aperçue pour la dernière fois le 18 juin 2006 à Lasalle, tout juste avant de prendre un taxi pour retourner chez elle. Trois mois se sont écoulés avant que sa disparition ne soit annoncée dans un quotidien montréalais. Depuis, la police n’a pas été en mesure d’identifier le véhicule ou la compagnie de taxi en question. Plus de quatre ans après l’événement, la famille et les proches de Tiffany Morrison sont toujours en attente de retrouver leur être cher, qu’elle soit morte ou vivante.

À ce jour, l’Association des Femmes Autochtones du Canada confirme 520 cas de femmes autochtones disparues et assassinées. Sur ces 520 cas, plus de 300 ne sont pas encore résolus. Malgré la gravité de la situation, les médias et les instances d’autorité continuent de fermer les yeux. Fréquemment, la police invoquera tout simplement la fugue pour juger la disparition d’une femme autochtone et arrêtera les recherches dès les premiers jours suivant cette disparition. Les médias, quant à eux, ne parleront que très rarement, voire jamais, de la disparition d’une femme autochtone.

Il suffit de se rappeler l’ampleur médiatique qu’a pris la disparition de Natacha Cournoyer cet été pour réaliser qu’il existe un traitement différencié pour les cas de disparition impliquant des femmes autochtones en comparaison des cas impliquant des personnes issues du reste de la société.

Considérant que les femmes autochtones sont cinq fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les autres femmes canadiennes, et vu la négligence des institutions canadiennes et québécoises, nous pensons que les disparitions et meurtres des femmes autochtones ne sont pas des cas isolés, et qu’ils sont plutôt intimement reliés à une violence raciale, sexuelle et systémique perpétuée par les politiques coloniales passées et présentes.

Ainsi, il est urgent de dénoncer l’indifférence et de se mobiliser afin de briser ce cycle de violence que subissent ces femmes et l’ensemble des membres des nations autochtones. En ce sens, le groupe Missing Justice revendique auprès du gouvernement canadien un plus grand financement des groupes de femmes autochtones afin qu’elles puissent mener des campagnes de sensibilisation, effectuer des recherches sur la violence faite aux femmes autochtones, et soutenir les refuges qui accueillent les femmes qui en ont besoin. De plus, nous joignons notre voix à celles d’Amnistie internationale, de l’Association des femmes autochtones du Canada et de l’Organisation des Nations unies afin d’exiger la mise sur pied d’une enquête publique.

Pour en savoir plus et prendre part au combat, Missing Justice vous invite à une conférence-discussion sur le thème de la violence faite aux femmes autochtones qui aura lieu le 11 février 2010 à 18h00 au Café L’exode du Cégep du Vieux Montréal. À cette conférence, trois femmes autochtones parleront de leur expérience ainsi que des actions qu’elles ont entreprises afin de dénoncer et combattre la violence systémique et quotidienne que vivent les femmes des Premières nations au Québec, au Canada et au Mexique.

De plus, une marche pancanadienne commémorative pour les femmes autochtones disparues et assassinées aura lieu le 14 février 2010 et débutera à 14h00 au parc Émilie-Gamelin.


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