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L’échangisme révélé

Ils viennent de tous les milieux, possèdent tous les profils… Et ils ont mille et une raisons de s’y adonner.

« Échangisme, n.m. Pratique de l’échange des partenaires sexuels entre deux et plusieurs couples ». Le Petit Larousse établit plutôt froidement ce que signifie le terme « échangisme », sans pour autant rassasier la curiosité. Que comprend une soirée d’échange des partenaires sexuels ? L’échangisme implique-til uniquement les rapports sexuels ou y a‑t-il plus qui se cache en-dessous de tout ça ?

L’échangisme à Montréal

Une ville comme Montréal offre des milliers de possibilités pour les couples et les célibataires en recherche de nouvelles sensations, des bars les plus « softs » jusqu’aux plus « hardcore ». Dépendamment de ce que le couple recherche, la soirée se déroulera avec plus ou moins d’action : alcool, danse lascive à quatre, attouchements intimes, etc.

Les prix d’admission des clubs et des bars –établissements légalisés depuis 2005– varient entre dix et soixante dollars respectivement pour les couples et les hommes seuls, et sont habituellement gratuits pour les femmes seules. Le coût d’une carte de membre mensuelle s’ajoute aux frais.

Dans un méga-complexe comme L’Auberge 1082, le prix d’entrée donne accès au sauna, au bar, à la discothèque et aux chambres. « C’est bien important de comprendre qu’il n’y a aucun acte sexuel qui se déroule ailleurs que dans les chambres à l’étage ! [Ailleurs dans le club], on garde notre serviette », souligne Nanette, barmaid du Club situé sur le boulevard Rosemont à Montréal.

Plus que du sexe

A la lecture des blogues et des sites Internet, on comprend que l’échangisme est aussi l’occasion de se tisser un réseau de contacts. Le partage des cartes d’affaires y est par exemple monnaie courante. En créant un réseau avec des gens qui vivent la même réalité, les échangistes s’assurent de rester en contact avec des professionnels qui les écouteront sans les juger.

L’échangisme pour qui et pourquoi ?

Selon l’association des échangistes du Québec (AÉQSA), environ 5% de la population québécoise s’adonne à la pratique de l’échangisme. En plus d’être nombreux, les échangistes représentent aussi une faune diversifiée. « Il y a des clients de vingt à quarante-cinq ans, de toutes les professions… et du bien beau monde à part ça ! Comme c’est coûteux pour entrer, il n’y a que des gens de qualité », explique Nanette.

Les règles du club sont claires : la clientèle se doit d’être très respectueuse. « Si tu ne veux pas qu’on te fasse d’avances, tu as le droit et tu seras respectée. Sinon, on a des gardes de sécurité qui s’occuperont de mettre les clients dérangeants dehors », confirme l’employée du 1082.

Les couples « échangent » pour de multiples raisons, mais partagent généralement un même intérêt : ils cherchent à briser la routine en sortant des normes. « La raison la plus fréquemment évoquée [pour s’adonner à l’échangisme], c’est que c’est une manière de pimenter la vie sexuelle d’un couple. Dans la mesure où chacun y trouve son compte, qu’il y a une entente solide entre les partenaires, il n’y a pas de problème », commente Sandrine Vallée-Ouimet, agente de service social et sexologue.

Selon ceux qui s’y adonnent, l’échange de partenaires aiderait aussi à revitaliser le couple. Un internaute écrit : « Nous nous sommes mis à faire plus attention à notre apparence et à notre poids afin de continuer à être désirable l’un pour l’autre. » D’autres partisans évoquent que l’échangisme permet une meilleure connaissance de soi et augmente, par le fait même, la complicité des conjoints. Des femmes découvrent leur point G, des hommes vivent de vrais orgasmes, monsieur ou madame teste la bisexualité…

D’autres suggèrent que l’échangisme permettrait d’éviter l’adultère. Madame Ouimet rappelle pourtant qu’ « il est faux de croire que la fidélité n’existe pas à long-terme, que tromper le partenaire est une fatalité. En fait, il existe une multitude d’autres manières de donner du piquant à la relation (…). L’échangisme n’est certainement pas l’unique solution ! »

Finalement, fait-on face à une société en mal de collectivisme ou simplement en quête de son identité ? Les paris restent ouverts pour expliquer cette tendance qui n’a rien de commun.


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