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Fortune Cookie

Spécial cinéma

Pour commencer l’année en beauté, parlons politique. En 2005, Yamauchi Kazuhiko apprend qu’il a l’honneur d’être choisi par le Parti libéral démocrate (PLD) pour être candidat aux élections partielles du conseil municipal de la ville de Kawasaki. Inexpérimenté, nouveau dans la ville et sans groupe le supportant, Yamauchi a‑t-il des chances de gagner ces élections ? C’est ce que Soda Kazuhiro, un ancien collègue de classe de Yamauchi, nous propose de découvrir avec son film Campaign.

La beauté de ce documentaire réside dans l’absence de narration ou d’entrevue, qui oblige à se faire sa propre opinion de la situation. On admirera Yamauchi pour sa dévotion, sa loyauté, son honnêteté et sa générosité. On restera également stupéfait devant le mécanisme démocratique japonais, où un porte-voix, des poignées de main, le fait de répéter son nom à outrance et d’être choisi par un grand parti semble être la clé du succès. Dès lors, sur quoi repose la démocratie japonaise ? La politique se résume-t-elle à un concours de popularité dont l’objectif est de mettre le nom d’un candidat ou d’un parti dans la tête des électeurs ? Ou s’agit-t-il plutôt d’évaluer la compétence des différents candidats ?

Le film montre différentes tendances dans la population ; une femme qui confie à Yamauchi qu’elle ne suit pas les élections, une autre qui lui explique que supporter le PLD est une tradition familiale. Est-ce que nous pourrions dire qu’il s’agit là d’un échec pour la démocratie ? Car après tout, voter ne devrait-il pas être un choix basé sur nos convictions ? Une chose est certaine, Campaign est un film à voir.

Je profite au passage de ce spécial cinéma pour vous parler de Hiroshima.

Le 4 janvier dernier, Yamaguchi Tsutomu, 94 ans, meurt d’un cancer. Yamaguchi est la seule personne officiellement reconnue comme double hibakusha par les autorités japonaise. Autrement dit, Yamagushi est le seul survivant des bombardements atomiques de Hiroshima ET de Nagasaki. Il est également une des personnes interviewées par Charles R. Pellegrino dans son nouveau livre Last Train from Hiroshima. Peut-être connaissez-vous Pellegrino pour ses collaborations avec James Cameron, et bien Yamaguchi aussi le savait. En fait, Yamaguchi savait que Cameron a déjà évoqué l’idée d’un film sur le sujet de la bombe atomique et a demandé à Pellegrino de les mettre en contact. Un mois avant sa mort, Yamaguchi a donc pu s’entretenir avec Cameron.

Indéniablement, ce serait une excellente idée de faire un film sur l’histoire de la bombe atomique au Japon. Et ce pour plusieurs raison : bien que des politiciens tels que Hatoyama et Obama se prononcent clairement contre les armes nucléaires, il est aussi nécessaire que le public supporte ces initiatives. Malheureusement, certains pensent que l’utilisation de la bombe au Japon était justifiée et que les Japonais le méritaient. Puisque les masses ne vont pas forcément regarder Hiroshima mon amour le vendredi soir, le film de Cameron est attendu.

Hiroshima 3D, peut-être un peu trop ? Montrer l’effet destructeur d’une bombe atomique pourrait néanmoins créer des réactions paradoxales. Vous direz qu’il est évident que le résultat sera un engouement pour l’antinucléaire, mais il pourrait aussi effrayer, car après tout ils possèdent aussi la bombe, donc nous devons la posséder pour les dissuader de l’utiliser. Logique stupide, mais qui a tout de même dominé pendant la guerre froide. Il faudrait peut-être demander à Yamauchi de faire une campagne antinucléaire.

Cette semaine un fortune cookie pour Yamauchi et Yamaguchi : « C’est vivre, ça, se battre pour ses idées. » ‑Yves Thériault. 

60 minutes du documentaire Campaign de Soda Kazuhiro sont disponible sur le site de POV. Le film complet (120 minutes) est disponible en DVD sur Film Baby.


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