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La prévention avant la contravention

L’agent Charles Doré nous parle de son programme « Sécurisons nos routes », une initiative visant à rendre les routes plus sécuritaires pour les agriculteurs et les automobilistes qui s’y côtoient.

À Montréal, les agents de police peinent souvent à établir des liens avec les citoyens de la métropole : pour les Montréalais, ce sont des fantômes invisibles qui laissent des contraventions sous leurs essuie-glace, ou des constables anonymes qui assurent le maintien de l’ordre dans les stations de métro et aux intersections majeures. Est-ce un modèle unique ? Certainement pas ! Dans le cadre de son numéro spécial portant sur les régions du Québec, Le Délit a rencontré l’agent Charles Doré, un policier qui s’est penché sur les besoins de sa communauté dans la région de Beauharnois-Salaberry et qui a misé sur la prévention avant toute chose. Patrouilleur pour la Sureté du Québec (SQ), M. Doré est lauréat 2007 du prix Intersection en police communautaire, attribué par le Ministère de la sécurité publique du Québec, et du Prix national de la sécurité routière volet Service de police, pour sa création du programme « Sécurisons nos routes ». Le but du programme ? Rendre plus sécuritaires les déplacements des agriculteurs et des automobilistes en transit dans les secteurs agricoles.

Dès lors qu’il était étudiant, Charles Doré savait qu’il n’allait pas se contenter d’appliquer les lois une fois son badge obtenu : « Quand j’étais au cégep [en technique policière], j’ai travaillé sur quelques problématiques et j’ai vu qu’il n’y avait rien qui se faisait en matière de sécurité routière pour les agriculteurs. Je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose, d’innover ». À son arrivée en poste à Salaberry-de- Valleyfield, il a senti que beaucoup d’agriculteurs avaient un certain sentiment d’insécurité quant aux routes et aux lois les régissant, et cela l’a poussé à agir. M. Doré a opté pour une approche plus communautaire, axée sur l’éducation plutôt que la répression : « Je voulais donner l’heure juste aux gens qui n’avaient pas les informations exactes et [qui poursuivaient leurs activités] sans avoir la certitude que c’était la bonne manière de faire », affirme-t-il. Le but : éliminer les accidents mortels trop fréquents et réduire le nombre de collisions entre automobiles et tracteurs.

« Les méthodes de travail des agriculteurs ne correspondaient pas nécessairement aux normes établies, explique l’agent Doré, [notamment en ce qui concerne] les panneaux de marche lente (les triangles oranges), les chaînes de sécurité, les feux de position, les règles d’arrimage, etc. » De plus, le matériel utilisé ne fonctionnait pas toujours de manière adéquate et bon nombre d’agriculteurs ne veillaient pas à éviter les déversements de terre sur la chaussée, négligence qui rendait la conduite plus difficile pour les automobilistes.

M. Doré s’est donc associé au syndicat local de l’Union des producteurs agricoles (UPA), entre autres, qui s’impliquait déjà au niveau de la sécurité routière dans la région, notamment dans le suivi des dossiers et la prévention. Une fois les partenaires trouvés, le plan était de « rencontrer le plus de gens possible durant des journées de prévention. Ensuite, on passait aux interceptions de courtoisie, [pendant lesquelles] on remettait des dépliants aux gens en infraction », explique M. Doré. La répression à coup de contraventions était l’ultime moyen utilisé. L’agent Doré précise que le programme veille autant à la sécurité des agriculteurs qu’à celle des automobilistes en transit en milieu rural.

Du côté des agriculteurs, M. Doré a remarqué une appréciation et une collaboration marquées. « On a aussi vu une bonne amélioration [de la sécurité routière] en étudiant les bilans statistiques », ajoute-t-il. Bien sûr, les conditions routières et l’équipement utilisé par les agriculteurs changent selon les saisons, et il est difficile d’évaluer la progression du niveau de sécurité sur une période de douze mois, selon l’agent Doré. Toutefois, « durant l’été, on a remarqué une amélioration continue », et ce, malgré « les méthodes de travail bien ancrées chez certains ».

Le programme « Sécurisons nos routes » a également été diffusé ailleurs en Montérégie, ainsi qu’à Lacolle et à Joliette, par le biais de conférences et d’assemblées générales. Cependant, suite à son changement de poste de Salaberry-de-Valleyfield à St-Lin, près de St-Jérôme, M. Doré a observé que le programme a perdu un peu de son ampleur : « À St- Lin, il y a des intérêts différents, une approche différente », explique- t‑il.

Cela dit, l’agent Doré a aussi d’autres projets en vue. Toujours passionné par la sécurité routière, il prévoit s’impliquer à nouveau dans le programme « Le pouvoir de tout changer » de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), une initiative qui vise à sensibiliser les jeunes de 5e secondaire aux dangers de la conduite avec capacités affaiblies, au printemps 2010. M. Doré s’était déjà impliqué dans ce programme auprès des jeunes de Salaberry-de- Valleyfield en 2008. 


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