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Quoi de neuf à Kandahar ?

Vendredi dernier, Ben Rowswell, représentant du Canada à Kandahar, est venu discuter
des enjeux dans la région afghane après les récentes élections.

« La mission du Canada en Afghanistan ne requiert pas un engagement idéologique. Elle doit donner la priorité aux besoins de la population et aider le gouvernement afghan à y répondre. » C’est ainsi que Ben Rowswell, réprésentant du Canada dans la région de Kandahar, a exprimé la philosophie de sa diplomatie alors qu’il était de passage à McGill.

Dans le dernier rapport trimestriel au Parlement sur l’engagement du Canada en Afghanistan datant de juin dernier, on peut lire que « le climat de sécurité en Afghanistan a continué de se détériorer ». Les enjeux sont de taille pour le Canada et ses partenaires internationaux en Afghanistan, en particulier dans la province de Kandahar, la région sud-est du pays, « qui mobilise le plus gros des efforts canadiens », lit-on dans ledit rapport.

Malgré la recrudescence des violences, Ben Rowswell a laissé paraître sa détermination à reconstruire la région en lançant que « les Afghans n’ont pas de problème avec le système politique [et électoral] actuel ». Au contraire, il semblerait « qu’ils aiment choisir leurs gouvernants, d’autant plus que c’est une génération qui n’a jamais eu à le faire et en a maintenant le choix », at- il laissé savoir. Cependant, M. Rowswell a noté que « la crédibilité du gouvernement est extrêmement faible au Kandahar », ajoutant que ce phénomène ne s’est pas amélioré à cause des récentes « irrégularités et des fraudes » aux dernières élections présidentielles du 20 août dernier.

M. Rowswell a admis qu’il y a eu de la « controverse » à la suite des dernières élections, organisées pour la première fois par les Afghans depuis la chute du régime taliban en 2001. Il s’est dit optimiste pour les élections parlementaires et municipales de l’an prochain, notant que cellesci seront les premières depuis l’instauration de la Constitution afghane en 2004.

Parmi les grandes lignes de l’engagement du Canada en Afghanistan, M. Rowswell a évoqué les trois projets de premier plan du Canada dans la province de Kandahar, qui sont le barrage Dahla et le système d’irrigation, l’éradication de la poliomyélite et l’accroissement de l’accès à l’éducation. « Il y a des niveaux extrêmement élevés d’analphabétisme » en Afghanistan, a rappelé M. Rowswell, ajoutant qu’il est « difficile pour la population rurale d’avoir accès aux services livrés » par les organisations et les ONG.

Sur le thème de la sécurité, le rapport au Parlement indique qu’«en mai et en juin, les attaques des insurgés à l’échelle du pays ont été plus nombreuses que durant tout autre mois depuis la chute du régime taliban en 2001 ». Cette intensité est due au fait que la saison des combats débute lorsque la saison de la récolte du pavot s’achève, ayant eu lieu en mai cette année. M. Rowswell estime que « l’amélioration du système d’irrigation permettra d’éradiquer la culture du pavot pour laisser place à l’agriculture traditionnelle du pays, comme celle de la grenade ou du blé ».

M. Rowswell considère l’OTAN comme étant un acteur « primordial » dans la lutte anti-insurrectionnelle. « S’il y a une organisation multilatérale qui fait du bon travail, c’est bien l’OTAN », a‑t-il déclaré. Il a estimé que « la prémisse générale [selon laquelle] on devrait dépenser plus dans le développement que dans le militaire » est « correcte », mais « rien ou peu ne peut être fait sans la sécurité ».

Il a rappelé à quel point l’Afghanistan « dépend de ses partenaires étrangers » pour aider les citoyens à rendre leur pays stable, démocratique et autonome et a avoué qu’«un changement dans la région serait bénéfique » pour atteindre ces objectifs.

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NDLR : Le Canada investira jusqu’à 12 millions de dollars dans l’éducation, 60 millions pour lutter contre la polio et 50 millions pour la remise en état du barrage Dahla d’ici 2011. 80% de la population de Kandahar habite le long du système d’irrigation du barrage Dahla. 132 soldats canadiens ont perdu la vie depuis l’envoi de troupes au printemps 2002 par le gouvernement Chrétien. En vertu de la motion adoptée par la Chambre des communes le 13 mars 2008, le Canada mettra fin à sa présence militaire à Kandahar en 2011.


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