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Voyage au bout de la maladie

Le Nouveau Théâtre Expérimental présente Sacré Coeur, qui dissèque les entrailles d’un hôpital.

Monté pour une première fois en 2008, l’opus commun d’Alexis Martin et Pierre Vadeboncoeur a connu un succès tel qu’il a justifié un retour sur les planches moins de deux ans après les premières représentations. Les deux auteurs, amis d’enfance, partagent une curiosité pour leurs domaines : l’urgentologue est fasciné par le théâtre et l’homme de théâtre, par la médecine. « Les auteurs certifient à 97% l’authenticité des situations médicales présentées », énonce le programme… et on ne s’en amuse que plus. Le texte du duo, efficacement mis en scène par Alexis Martin, suit l’intrigue amoureuse qui se développe entre l’infirmière Judith (Édith Paquet) et le Dr. Papineau (Stéphane Demers), qui travaillent ensemble la nuit, aux urgences d’un hôpital. Entre les réanimations et les crises d’hypochondrie, un patient hors du commun (Alexis Martin) arrive et changera le cours de la nuit –et de la vie– du Dr. Papineau.

Parfois caustique, parfois émouvant et (presque) toujours juste, Sacré Coeur réussit à dépeindre sans lourdeur le milieu hospitalier. La scène est divisée en plusieurs sections par des rideaux d’hôpital, répondant à la multiplicité et à la proximité des trames narratives de la pièce. Les personnages, souvent caricaturaux, dévoilent progressivement des histoires et des psychologies complexes. On remercie notamment Muriel Dutil et Alexis Martin, qui réussissent à incarner plusieurs personnages avec humour sans tomber dans le grotesque. Pierre Lebeau est remarquable dans le rôle du Dr. Zoubris, le psychiatre en vedette dans les capsules vidéos diffusées dans les salles d’attente de l’hôpital. Habile, la mise en scène connaît un seul raté, mais majeur : les deux jeunes enfants d’un patient sont représentés par les projections fixes de leurs visages sur deux pans de rideaux de l’hôpital. Leurs voix rappellent celles, aigrelettes au possible, des marionnettes de Passe-Partout, et choquent au point de détourner l’attention des spectateurs de leurs propos. Cette audace scénographique se démarque du reste de la pièce, qui allie simplicité et ingéniosité –les clip vidéos du Dr. Zoubris sont diffusés sur des télévisions disposées aux quatre coins de la salle. À l’image de la mise en scène, le jeu des acteurs s’avère sensible dans l’ensemble, mais parfois dérangeant. Le spectateur devra apprivoiser quelques inégalités dans le ton des jeux de Stéphane Demers et Édith Paquet.

Malgré ces quelques détails, Sacré Coeur s’avère une oeuvre intelligente, habile, qui sait faire la satire de la nature humaine sans jamais rater sa cible.

Sacré Coeur
Où : Espace Libre, 1945, rue Fullum
Quand : Jusqu’au 21 novembre
Combien : 22$ (étudiants)


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