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Le Délit met la main à la pâte !

Nul n’est besoin de se promener longuement sur les grands boulevards pour dénicher une demi-douzaine de cupcakes, ces petits gâteaux colorés. Vous trouverez avec aisance de nombreux porte-clefs qui imitent leurs formes, maints chandails sur lesquels s’impriment leurs couleurs, sans mentionner ceux qui décorent les cartes d’anniversaire. D’où tombent-ils donc tous ? 

Un cupcake, en français, se nomme un quatre-quarts, le gâteau ne nécessitant que quatre ingrédients à proportions égales pour être réalisé. Néanmoins, le mot « cupcake » est communément utilisé en Amérique du Nord francophone. Le terme est sans équivoque : sa seule prononciation suffit pour évoquer l’image, plaisante et délicieuse, du joli gâteau conçu pour la consommation individuelle, le plus souvent préparé dans de petits moules en papier, couronné d’un crémage onctueux et de pépites sucrées.

Le début du XIXe siècle réservait deux usages au terme « cupcake ». Le premier découle du format du moule utilisé pour la cuisson des petits gâteaux. Les gâteaux étaient souvent cuits non pas dans les moules uniformément gris et antiadhésifs d’aujourd’hui, mais dans des moules individuels appelés ramequins, ou dans tout autre type de contenant résistant à la chaleur du four. Souvent en porcelaine, ces moules avaient la forme et la taille des tasses de thé, d’où le « cup » cake. Le même gâteau est aussi nommé, à l’occasion d’une fête et de façon plus fantaisiste, « fairy cake ».

Le deuxième usage est lié à la façon de mesurer des ingrédients qui composent la pâte du gâteau. Les cuisiniers veillaient traditionnellement au respect des proportions des ingrédients en les pesant avant de délaisser cette pratique au profit de la mesure de leur volume. Non seulement mesurait-on en tasses plutôt qu’en livres dans les cuisines, mais on le faisait aussi désormais dans les foyers familiaux. C’est alors que certains gâteaux délaissèrent le nom « pound-cake », et que certaines recettes prirent le nom de « 1234 cakes » ou de quatre-quarts, soulignant le fait que l’on utilise quatre ingrédients en proportions égales ; le beurre, le sucre, les œufs et la farine.

Comment expliquer que ces gâteaux issus du monde de l’enfance, parfois copieux, souvent délectables, soient devenus un des desserts les plus « tendance » du monde des plus grands ?

Depuis le XIXe siècle, les cupcakes sont servis à l’occasion de fêtes, le plus souvent lors de l’anniversaire d’un enfant. Aujourd’hui, nous les retrouvons accompagnant les plus sérieuses séances de thé. Leur petite taille y est pour quelque chose. Décidément, on préfère les élégantes portions individuelles aux disgracieux ustensiles.

Évidemment, la télévision rentre ici – comme souvent – en jeu. L’émission Sex and the City montrait souvent Carrie dévorant les cupcakes de sa boulangerie newyorkaise préférée, Magnolia. Puis, dans The Devil Wears Prada, Andy insiste devoir y passer pour attraper un truc pour son copain. Magnolia est ainsi devenu non seulement un symbole, mais probablement la plus populaire des boulangeries spécialisées dans la fabrication de cupcakes.

Au fond, pourquoi un tel engouement pour ces gâteaux ? Est-ce leur petite taille, répondant à la satisfaction d’un rapide désir de sucre, sans pour autant permettre l’écart de conduite que représente le plus alimentaire des sept péchés capitaux ? Est-ce leurs décorations hautes en couleur qui laissent en bouche le tendre goût de l’enfance ? Est-ce davantage en raison du plaisir entraîné par le déballage du papier coloré (qui rappelle agréablement celui d’un cadeau) du petit gâteau réservé que pour soi ? Ou encore, est-ce le fait que l’on puisse se les mettre sous la dent à toute heure de la journée et en toutes occasions, plus sophistiquées les unes que les autres ? Célébrations de mariage, séances de thé et pauses-café ne sauraient plus composer sans eux…

Exclusivement pour vous (il n’existe plus altruiste), Le Délit a fait un détour dans la ville qui ne dort jamais pour visiter Magnolia sur Bleecker Street. Les quelques trente minutes consacrées au respect de la file d’attente nous ont permis d’accéder au désormais célèbre comptoir et de mettre la main sur six cupcakes – Magnolia restreint leur achat au nombre de douze en raison de la demande importante conjuguée à la rareté de l’offre. En ce jeudi soir, aucune loi économique n’aurait pour autant su gêner la transaction : votre dévoué déliite a l’intérêt des lecteurs à cœur.

Fondé par Allysa Torey et Jennifer Appel en 1996, dans le West Village de Manhattan, Magnolia a ouvert une succursale dans l’Upper West Side en 2008 après le succès de The Devil Wears Prada. Cet emplacement géographique, on ne peut moins familial, suggère en effet que les cupcakes sont dorénavant l’affaire des grands.

À l’ouverture de ses portes, Magnolia assurait non seulement la fabrication et la vente de gâteaux qui font aujourd’hui sa réputation, mais aussi celles de quatre types de pain, de roulés à la cannelle et de roulés de blé entier aux noix. Pourtant, la vente des gâteaux a rapidement supplanté celle des pains, dont la fabrication a ralenti pour finalement s’éteindre, faute d’espace et de temps. Progressivement, Allysa a développé les recettes de plus petits gâteaux à la noix de coco (6” au lieu de leur taille normale de 9”). Il n’y avait, à ce moment, que des cupcakes à la vanille avec le crémage rose, rappelant ceux aujourd’hui désigné sous le nom de « Barbie Cakes ». Ils étaient cuits l’après-midi, mais le crémage était préparé et appliqué pendant la nuit, au moment où le comptoir de vente était fermé à la clientèle. Plusieurs personnes passant tout près aux petites heures de la nuit mendiaient d’ores et déjà quelques gâteaux. Depuis, la noblesse et les ventes de cupcakes Magnolia connaissent une croissance exponentielle.

Allysa et Jennifer n’ambitionnaient rien d’autre que de tenir fièrement une boulangerie de quartier entre huit et dix-huit heures quotidiennement. Pourtant, la force des choses permet aujourd’hui, à la prestigieuse Magnolia et aux bienfaisants cupcakes de compter parmi les peu nombreux symboles qui façonnent le monde alimentaire huppé.

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Recette !

Doux compromis entre la simplicité des gâteaux d’origine (beurre, œuf, farine et sucre) et les subtilités des désormais trendy cupcakes. Faciles à réaliser, réussir et apprécier. En quinze minutes de préparation et vingt de cuisson, vous obtiendrez dix-huit délicieux cupcakes.

La pâte
1 ½ tasse de farine blanche
1 ½  c. à thé de poudre à pâte
1 ½  c. à thé de sel
½  tasse de beurre mou
¾ tasse de sucre
2 œufs
2 c. à thé d’essence de vanille
¾ tasse de lait 3,25%

1. Préchauffez le four à 350o Fahrenheit
2. Dans un bol de taille moyenne, tamiser les trois premiers ingrédients.
3. Dans un plus grand bol, battre le beurre en crème et ajouter les trois suivants. S’assurer de bien mélanger en ajoutant le lait.
4. Incorporer le premier mélange au deuxième.
5. Remplir les moules au ¾.
6. Mettre au four et cuire quelque vingt minutes.

Le crémage
1 tasse de beurre
3 tasses de sucre à glacer
1 c. à thé d’essence de vanille
7. Réaliser le crémage en mélangeant vigoureusement les trois ingrédients.
8. Tartiner de crémage les cupcakes lorsque refroidis et orner de décorations sucrées.


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