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Lutteur étoile

Je ne vous parlerai pas du premier Noir à la Maison Blanche. La grande Histoire m’intimide, alors je roule pour la petite : chien d’eau portugais ou labradoodle ?

Rahm Emanuel, 48 ans, nouveau chef de cabinet de Barack Obama, est un lutteur-né. Volontaire dans l’armée israélienne lors de la première guerre du Golfe en 1991, collecteur de fonds pour Bill Clinton à la fin de la même année (récoltant la somme record de 72 millions de dollars) puis conseiller politique dans son administration de 1993 à 1998, élu en 2006 patron du caucus démocrate à la Chambre des Représentants après avoir mené les troupes à la victoire : son parcours parle de lui-même. En tant que collecteur de fonds, son discours consistait à humilier les donateurs en leur laissant penser que leur contribution était si faible que cela en était « embarrassant ». Autres faits notoires : il a déjà envoyé du poisson en décomposition à un sondeur défaitiste, menacé Tony Blair en plein scandale Lewinsky, et joué du couteau en épelant les noms de ses ennemis politiques.

Mais – ô surprise – celui qu’on surnomme « Rahmbo » ou « Pitbull » a commencé la lutte en dansant. Forcé par sa mère à prendre des cours de ballet durant son adolescence à Chicago, il a démontré courage et habileté au point de se faire ouvrir grandes les portes du prestigieux Joffrey Ballet. Alors, qu’a bien pu apprendre Rahm en chaussant les pointes ? Discipline et ténacité  —ou comment devenir un bourreau de travail. Résistance à la douleur et aux humiliations  —ou comment devenir un dur à cuire. L’amour du drame et de la performance scénique  —ou comment devenir un excellent acteur. Enfin le sens de la conquête, dans cet univers majoritairement féminin —ou comment devenir un bourreau des cœurs.

Marc-Aurèle disait que « l’art de vivre ressemble plus à un match de lutte qu’à un ballet ». Rahm Emanuel, lui, conjugue les deux : c’est un lutteur-né en dansant. Ou un boxeur birman. Je ne vous parle pas (cette fois) d’une race de chien, mais d’un art martial. Née au IIIe siècle et connue depuis les années 1960 sous le nom de bando kickboxing, la boxe birmane se pratique mains et pieds nus et se distingue par son côté brutal et primaire (proche du comportement animal). Caractéristique technique principale : « Tout le corps est une arme ». Et surtout, dans la boxe birmane  —«superlatif » des boxes—  tout commence par la danse.

Un loup dansant à la Maison Blanche : vous y aviez pensé, vous ?


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