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Coût total

On entend de plus en plus souvent dire qu’il est important de tenir compte du « coût environnemental » d’un produit lors de son achat. Par exemple, j’ai déjà expliqué dans cette chronique que l’achat de produits locaux non biologiques peut parfois être préférable à celui d’aliments biologiques provenant des États-Unis. Cela m’amène à discuter d’émissions de carbone et de coût total.

Peut-être avez-vous entendu parler de la bourse du carbone ? Lors de la dernière campagne électorale fédérale, les libéraux de Stéphane Dion ont présenté leur projet de bourse du carbone comme étant le seul moyen valable de préserver notre planète des changements climatiques. Pendant ce temps, en Europe, le marché des crédits de carbone semble fonctionner. Le principe est simple : des permis pour une certaine quantité d’émissions de dioxyde de carbone sont distribués aux grands émetteurs (centrales d’électricité, usines pétrochimiques, etc.) dans chaque pays participant.

Ces permis représentent la quantité émise par chaque entreprise dans l’année précédente. À la fin de l’année, les dirigeants du pays, afin de suivre les objectifs de Kyoto qui demandent la réduction des émissions, retirent une certaine quantité d’émissions possibles à tous les permis. Il s’agit alors pour les émetteurs d’évaluer leurs émissions pendant l’année ; s’ils ont émis moins que leur permis réduit, tant mieux ! Ils pourront vendre la partie non-utilisée de leurs émissions à d’autres. Au contraire, un pollueur qui n’a pas su réduire ses émissions selon la réduction affectée à son permis se voit dans l’obligation de payer des amendes et d’acheter des permis d’émissions supplémentaires à d’autres.

Tout cela semble bien beau, mais le dioxyde de carbone n’est pas seul à détruire notre planète. À chaque fois qu’une usine déverse ses produits polluants –même s’ils respectent les normes en vigueur– dans un cours d’eau, au lieu de mieux les traiter, elle échappe probablement à des émissions supplémentaires. De même, une entreprise qui produit énormément de déchets solides et qui ne tente pas de les réutiliser, de les recycler ou de les revaloriser échappe à bien des maux de tête… et à ses devoirs de préservation de l’environnement. C’est dire que le dioxyde de carbone n’est pas un indicateur fiable du coût environnemental.

On ne peut blâmer les pays européens d’avoir mis un tel système en place ; après tout, c’est mieux que rien. Le principal danger est que les gens oublient que les gaz à effet de serre ne sont pas l’unique cause des changements climatiques. Souvenez-vous que les arbres sont les poumons de la planète. Sans eux, CO2 ou pas, il n’y aurait pas de vie humaine. Et pensez que ce sont les arbres et arbustes qui empêchent la désertification des régions arides, ou encore l’érosion des sols près des plans d’eau. Mais pourquoi mettre un frein à la désertification et à l’érosion des sols ?

Pour notre bien-être à tous ! Dans le fond, ce qui est encore plus important que le coût environnemental, c’est le coût total. Wangari Muta Maathai, militante écologiste kényane, a remporté le prix Nobel de la paix en 1994. Ce prix lui a été décerné pour ses efforts de reboisement avec le Mouvement ceinture verte, qui vise à protéger les villages et les champs d’Afrique de la désertification. Cela favorise la stabilité économique et alimentaire et diminue les tensions entre villageois, entre villages et entre nations.

C’est dire qu’il y a planter des arbres pour pouvoir les couper à nouveau, et… planter des arbres afin de réellement sauver la planète ! Après tout, derrière chaque achat que vous faites, derrière chaque activité pratiquée, se cache un coût économique, mais également environnemental, social, sanitaire… Finalement, pour revenir sur cette journée sans achat de la semaine passée, dont j’avais déjà parlé, rappelez-vous : achetez moins, tout le monde en vivra mieux.


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