Généralement assez aventureuses en matière de musique, mes amours peuvent passer de Robert Charlebois à Malajube, de Jacques Dutronc aux Beatles, sans que le plaisir que j’y prends soit altéré. Je n’aime pas tout, loin de là. Ce serait d’ailleurs malsain et traduirait de sérieuses lacunes de ma part, côté personnalité. Mais je crois être particulièrement ouverte à la diversité musicale et j’en suis fière. J’éprouve un malin plaisir à fureter sur Internet, à la découverte de sons qui me sont encore inconnus, de même qu’à dévaliser les magasins de disques pour dénicher quelques trouvailles.
Avec les années, j’ai développé un intérêt grandissant pour la musique québécoise. Malajube, Karkwa, Pierre Lapointe et Jean Leloup font partie de mes incontournables, tout comme Urbain Desbois, Jamil, Loco Locass, Daniel Bélanger, Harmonium, Claude Dubois… Tant d’artistes qui ont su apporter quelque chose de neuf, d’original, à la musique d’ici, qui font d’elle ce qu’elle est, et qui sont trop souvent négligés par les amateurs de culture américanisée.
Depuis quelque temps, je me sens un peu rassurée. La musique prend des forces au Québec, et ce malgré la situation difficile dans laquelle l’a placée le gouvernement Harper. Radio-Canada, qui avait déjà sous sa bannière l’excellent site bandeapart.fm, visant à offrir un portail digne de ce nom aux accros de la musique, s’est récemment doté d’un tout nouveau site Internet consacré à la musique d’ici. L’Espace musique de la société d’État se faisait d’ailleurs connaître, la semaine dernière, en plaçant quelques (longues) publicités durant les pauses commerciales du gala de l’ADISQ. Presque aussitôt (et bravo aux publicitaires qui se cachent derrière cette campagne!), je me suis emparée de mon ordinateur pour aller voir de mes propres yeux ce qu’il en était, et j’avoue avoir été impressionnée. Blogues, critiques, vidéos, entrevues, nouvelles… La musique québécoise abordée sous un angle nouveau, misant sur la qualité et l’accessibilité. Splendide !
C’est avec des initiatives comme celle-ci que l’on voit naître, au Québec, une véritable volonté de renforcer la culture et de lui donner du pouvoir. On semble prendre conscience, dans notre petit coin de pays, de l’importance et de la richesse de la culture musicale. Évidemment, comme partout, il y a du bon et du mauvais, du pop et de l’underground, du rock sale et du petit folk tranquille, et c’est ainsi que ce doit être. Tout cela a de plus en plus sa place dans le paysage culturel, et le Québec s’est doté d’une scène musicale variée et dynamique, où chaque artiste peut trouver sa place.
Je ne suis évidemment pas en train de prétendre que la culture musicale québécoise vient tout juste de commencer à se constituer. Plusieurs artistes, chansonniers et musiciens avaient déjà fait leurs marques avant aujourd’hui. Mais la nouveauté se trouve dans l’effervescence que l’on peut observer depuis quelques années sur la scène musicale locale et, surtout, dans le respect qui s’est installé dans les esprits pour ce qui se fait ici. La musique québécoise n’est plus marginale, elle existe et nous prouve un peu plus chaque jour qu’elle a plus d’un tour dans son sac.