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Un pari qui fait florès

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), qui avait lancé l’an dernier la série « Hommage à nos poètes », expose cette fois les œuvres d’Yves Thériault, homme orchestre de la littérature québécoise de son époque. En effet, la salle d’exposition principale de la Grande Bibliothèque et l’Espace Jeunes font place, jusqu’au 18 janvier 2009, à l’exposition Yves Thériault : Le pari de l’écriture. C’est un clin d’œil au grand auteur alors que l’on souligne cette année le vingt-cinquième anniversaire de son décès et le cinquantième de la parution de son livre le plus lu, Agaguk.

Un auteur prolifique
Parmi les gros titres du quotidien La Presse, on trouvait, en 1961, un article intitulé : « Thériault : un écrivain qui écrit ». On y mettait notamment  l’accent sur le caractère rarissime d’un écrivain aussi prolifique dans le milieu littéraire québécois. Certains lui auraient même reproché la chose, l’accusant de produire de nombreux romans de piètre valeur. Ce que l’article voulait montrer, pourtant, c’est que Thériault avait la plume agile et dynamique. Ce sont des milliers et des milliers de pages qu’il aurait, en somme, noircies. Il aurait, entre autres réalisations, participé à étoffer de manière considérable la littérature jeunesse québécoise, adapté des pièces pour les industries radiophonique et télévisuelle, entretenu un courrier du cœur, signé des romans d’envergure et réalisé plusieurs courts métrages.

Il aurait probablement été difficile de prédire une carrière aussi riche à un homme qui n’avait que peu de scolarité. En effet, Thériault n’avait pas complété sa neuvième année, ni suivi le cours classique, qui, à l’époque, « attribuait officiellement aux auteurs la légitimité d’écrire », a indiqué lors d’une entrevue Renald Bérubé, commissaire de l’exposition Yves Thériault : le pari de l’écriture et directeur du catalogue éponyme.

Un pari audacieux

C’est à l’âge de dix-sept ans que l’auteur fait le pari de n’assurer ses revenus qu’avec les mots. C’était d’autant plus ambitieux que, jusqu’alors, le Québec n’avait abrité personne qui vive exclusivement de sa plume. Effectivement, ce sont les grands auteurs britanniques, français et américains qui détenaient l’exclusivité de la scène littéraire de l’époque. Pari oblige, il a beaucoup écrit et, souvent, à une très grande vitesse. Thériault est d’ailleurs rapidement devenu l’écrivain le plus lu, étudié, traduit et prolifique du Québec. « L’œuvre de Thériault en est une grande, dont on n’a pas encore fait le tour », souligne monsieur Bérubé. Il est d’ailleurs facile de s’éprendre de la beauté sauvage qui émane de ses romans. L’homme et ses livres ont su charmer. Et l’exposition de la BAnQ en fait foi.

Une exposition magistrale
Vous trouverez de quoi vous égayer à l’Espace Jeunes, quoique vous n’en constituiez pas le public cible. On pourrait d’ailleurs vous surprendre à sourire discrètement à la lecture des extraits de la littérature jeunesse de Thériault, extraits habilement peints sur les murs. Peut-être aimerez-vous aussi vous livrer aux activités ludiques proposées par la Grande Bibliothèque, conçues dans le but de familiariser le public avec les nombreux héros, parfois italiens et souvent yougoslaves, des récits du romancier.

Le niveau M de l’établissement s’avère particulièrement intéressant et est l’hôte de l’exposition principale. À défaut d’y trouver l’écrivain en chair et en os, vous le lirez au fil de ses correspondances et apprendrez à le connaître à travers les yeux des journalistes de l’époque. Ajoutez quelques minutes à votre visite, et vous pourrez entendre plusieurs entrevues radiophoniques. Allouez encore quelques instants supplémentaires, et vous le verrez s’animer sur l’écran de télévision ou pourrez participer à l’enregistrement d’un témoignage collectif unique. La visite en aura ultimement valu le détour.

Rendez-vous, donc, à la Grande Bibliothèque pour y voir le parcours d’un homme qui a su relever l’imposant défi qu’il s’était lancé. Il y a fort à parier que vous vous y plairez.


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