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Accrocs acronymiques

Les différentes fédérations étudiantes ont, lundi matin, exposé à la presse leurs plateformes de revendications. Les élections approchent et avec elles la traditionnelle levée de boucliers d’une pléthore d’associations et organismes militants et étudiants. C’est avec ardeur que tout ce monde se propulse à l’avant de la scène médiatique en un ballet incessant d’acronymes qui résonnent comme autant d’interjections à travers les rues, la presse, les communiqués. CADEUL, FEUQ, FECQ, AÉUM, ASSÉ, GRASPÉ… Derrière cette salade alphabétique se dévoile l’accablante et persistante question du financement et de la gouvernance des universités.

L’heure est venue d’aiguiser les argumentaires associatifs et d’affûter les plateformes de revendications. Mais puisque la tendance est au développement durable, cela veut parfois dire recycler celles de 2005. C’est du moins ce que fait ouvertement la très bureaucratique Fédération des étudiantes et étudiants des universités du Québec (FEUQ) lorsqu’elle indique sur le document de sa plateforme 2008 qu’il s’agit d’une simple « mise à jour » de celle qu’elle a présentée aux dernières élections. Les lecteurs cyniques verront cela d’un œil blasé. Les autres ne manqueront pas d’être gagnés par le cynisme après coup.

Reste que dans une telle atmosphère de « remâchage », il est moyennement époustouflant de voir les associations étudiantes indépendantes faire bande à part. C’est le cas de McGill, dont l’association étudiante (AÉUM) s’était désaffiliée de la FEUQ en 2006. Elle a exprimé ses priorités conjointement avec d’autres associations d’étudiants indépendantes québécoises, soit celles des universités Laval, Sherbrooke et de l’UQÀM. Au nombre des requêtes : des transferts fédéraux inconditionnels de 4 milliards de dollars dans l’éducation postsecondaire, la bonification des systèmes d’aide et le versement de plus de fonds pour les bourses.

Tout cela est bien beau et la démarche est bonne, mais il est néanmoins difficile de ne pas être perplexe. Était-ce bien nécessaire, il y a de cela deux ans, pour des associations comme l’AÉUM de se désaffilier de la FEUQ à force de coups de gueules et de boycotts éloquents d’assemblées générales quand, à la veille des élections, les plateformes de revendications sont quasi-identiques ? Au risque d’engager un débat peu pertinent à ce jour, il faut dire qu’après avoir été témoins des jeux de pouvoir et querelles politicardes, on était en droit de s’attendre à des voix moins uniformes et plus engagées de la part de nos représentants étudiants soi-disant libérés de la bureaucratie d’une fédération étudiante provinciale.

Une petite pointe d’originalité semble émerger ici et là. Un récent communiqué cite Devin Alfaro, vice-président aux Affaires externes de l’AÉUM, qui suggère aux partis d’être créatifs et d’envisager « certaines initiatives gouvernementales (…) comme la mise en place d’un programme de subvention dédié à l’établissement de laissez-passer universels pour le transport en commun dans les établissements d’enseignement canadiens. » La proposition est alléchante, pour ne pas dire mignonne, mais il en faudra un peu plus pour faire bondir la plateforme jusque dans l’assiette des politiciens au fédéral.


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