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Transparence : le défi de l’année pour l’AÉUM

L’affaire Tariq Khan soulève des problèmes structurels de l’association.

Luce Engérant

Tariq Khan a décidé de mettre fin à son procès contre l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM), information confirmée le 10 Octobre par la VP affaires externes de l’association, Amina Moustaqim-Barrette. Le comité d’élections de l’AÉUM avait décidé d’invalider la victoire électorale de Tariq Khan le premier avril dernier pour implication d’individus extérieurs à l’AÉUM, fraudes quant aux dépenses de campagne et nuisance à l’esprit de justice dans la campagne et du processus de vote. L’étudiant avait contesté la décision auprès de la Cour supérieure du Québec en mai. Le McGillois avait demandé sa restitution au poste de président de l’association étudiante en attendant le verdict final, une demande que la Cour a rejetée le 3 juin.

Lors d’une entrevue avec Le Délit, Tariq Khan explique que la raison principale de sa rétraction est financière. Alors qu’il avait prévu un budget total de 28 000 dollars pour le procès, il a déjà dû débourser 30 000 dollars, et aurait payé jusqu’à 65 000 dollars pour terminer le procès qui devait avoir lieu dans quelques mois. En outre, Tariq Khan a indiqué que même s’il gagnait, ses dépenses n’auraient pas forcément été remboursées en totalité, et il aurait eu peu de chances d’être restitué au poste de président de l’AÉUM pour des raisons logistiques. En somme, cela ne valait pas le coup de continuer.

Cependant, Tariq Khan assure que ce sacrifice de temps et d’argent n’aura pas été en vain. Il affirme que cette poursuite en justice aura révélé des faiblesses dans le fonctionnement de l’AÉUM, qui n’est, selon lui, toujours pas assez transparente dans ses agissements. Ainsi, il y aurait eu des abus de pouvoir et certains conflits d’intérêts passés inaperçus aux yeux du public, non seulement en ce qui concerne l’élection, mais aussi sur le plan de la structure de l’association. 

Confidentialité, intégrité et conflits d’intérêts

Questionnée au sujet de ces allégations, Amina Moustaqim-Barrette, la VP affaires externes de l’AÉUM, ne cache pas que « l’AÉUM doit s’améliorer au niveau de la transparence ». Une des plaintes de Tariq Khan à l’égard du traitement initial de son dossier par le comité d’élection est qu’il n’avait pas eu accès au contenu des accusations dirigées contre lui par souci de confidentialité. Il pense que tout étudiant de McGill doit se demander dans quelle mesure l’AÉUM se réserve le droit d’invoquer une clause de confidentialité, clause dont l’usage reste très vaguement défini dans les textes officiels. Moustaqim-Barrette nous assure toutefois qu’un comité de responsabilité et d’intégrité a été créé au sein de l’AÉUM afin de gérer ce genre de problèmes. 

Pour Tariq Khan, le problème est d’origine structurelle. Selon la constitution, le président de l’AÉUM a certaines prérogatives dans la gestion des comités chargés d’évaluer l’intégrité des élections. Cette répartition des tâches serait propice aux conflits d’intérêts, et l’association peut ensuite couvrir ces problèmes en faisant valoir la clause de confidentialité. Interrogée à ce sujet, Moustaqim-Barrette affirme que l’AÉUM est ouverte à l’examen d’un tiers parti, légitime et crédible aux yeux des étudiants. « L’AÉUM n’a en principe rien à cacher aux étudiants », ajoute-t-elle.

Tariq Khan estime également que plus d’un tiers des votes ont été ignorés lors de la dernière élection, puisque les étudiants qui lui avaient donné leur vote n’ont pas pu choisir un nouveau candidat après que sa candidature a été invalidée. En effet, le règlement de l’AÉUM à l’égard de l’invalidation d’un élu soutient que la personne arrivée en seconde place aux élections accède automatiquement au poste. À cet égard, Moustaqim-Barrette nous informe que l’association étudiante a décidé de revoir certains règlements, en sollicitant notamment l’expertise de conseillers juridiques. Le directeur général des élections de l’AÉUM, Ben Fung, nous a fait part d’une nouvelle façon de voter qui pourrait être mise en place : le vote préférentiel. Ainsi, on voterait en hiérarchisant les différents candidats pour chaque poste, ce qui légitimerait la succession du second candidat. 

L’AÉUM montre une volonté de redresser son image quelque peu ternie auprès des étudiants par le biais de réformes concernant ses règlements et son intégrité en général. De son côté, Tariq Khan veut profiter de l’assemblée générale de l’AÉUM qui se tiendra le mercredi 22 octobre pour rendre publiques des informations plus détaillées concernant certaines pratiques de l’association. 


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