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Une expo pas comme les autres

Graffitis dans les toilettes du cégep de Saint-Laurent

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Le cégep de Saint-Laurent est présentement la victime d’une attaque à la bombe… de peinture. Pour être plus précis, ce déluge de graffitis dans les toilettes de l’institution est une réponse au nettoyage récent des tags qui en tapissaient les murs. Ceux-ci représentaient de nombreuses heures de travail de la part des étudiants et les couches de peinture qui ornaient ces murs se comptaient par dizaines. En effet, les deux pièces avaient vu déferler des générations d’étudiants-graffeurs pendant plus de dix ans. On pouvait même y admirer deux mosaïques magnifiques du duo d’artistes « Nayan » qui appartiennent aujourd’hui tristement au passé.

Pourtant, le règlement intérieur du cégep stipule que « les graffitis sont interdits partout sous peine d’être nettoyés aux frais de l’association étudiante de l’école, mais sont autorisés dans les toilettes », probablement afin de permettre aux jeunes de s’exprimer et de laisser libre cours à leurs pulsions artistiques. Après le nettoyage du 12 février, on se demande bien pourquoi les toilettes ont été repeintes.
La réponse n’a rien d’extraordinaire et a été très bien résumée par une étudiante qui explique que « les toilettes ont été repeintes à cause de la Journée Portes ouvertes. Mais vers 16 heures, certains étudiants avaient déjà recommencé à tagguer les murs pour exprimer leur colère ». Autrement dit, le cégep aurait dépensé son argent, et non pas celui de l’association étudiante, afin de repeindre les locaux pour ensuite se retrouver avec la même chose quelques heures plus tard. Et encore, en moins travaillé. Cela dit, les visiteurs de la Journée portes ouvertes ont tout de même pu découvrir des toilettes propres et inspirant la confiance car, tout le monde le sait, le graffiti est synonyme de violence et de délinquance.

Bien que l’événement, en soi, reste mineur, un des membres de l’association étudiante précise tout de même que « l’attitude de la direction concernant les graffitis dans les toilettes est lamentable. Ça reflète très bien leur obsession de vouloir tout contrôler alors que nous sommes capables de prendre des décisions responsables nous-mêmes ». Indigné, un autre étudiant rappelle que « ces graffitis ne faisaient de mal à personne ; il y avait même un système d’aération pour évacuer les fumées toxiques ! Ces anciens graffitis étaient un peu la fierté de notre cégep et des étudiants d’ailleurs venaient les admirer de temps en temps ». Suite à ces témoignages, on en viendrait presque à se demander si certaines personnes n’auraient pas assisté à la Journée Portes ouvertes juste pour passer aux toilettes.

Malgré cette suite d’événements, inutile de préciser que la vie au cégep Saint-Laurent a repris son cours et que les toilettes ont retrouvé leur splendeur d’antan. Le message envoyé par les étudiants en repeignant tout de suite ne manque pas de rappeler que l’administration a bel et bien eu tort de renoncer à ses engagements et que la population étudiante n’est généralement pas celle qui a le plus de mal à se faire entendre, surtout au Québec. En effet, les nouveaux murs des toilettes sont couverts d’inscriptions telles que « fuck administration », « bande de fascistes », « nique l’autorité » ou le très sarcastique « merci d’avoir repeint ». Avec un peu de chance, on peut espérer que cette anecdote va donner des idées aux étudiants d’autres institutions scolaires et que McGill ne sera pas épargnée.


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