Archives des International - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/international/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Sat, 11 Oct 2025 16:01:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 Le cri d’une génération https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/le-cri-dune-generation/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58968 De l’Asie à l’Afrique, la colère d’une jeunesse oubliée s’organise.

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Maroc, Indonésie, Népal, Madagascar : depuis quelques mois, les mouvements menés par la jeunesse se multiplient et se répandent d’un continent à l’autre. Si chaque pays souffre de ses propres maux, le même vent semble traverser les sociétés : celui d’une génération connectée et désabusée face à la corruption, la précarité et l’immobilisme politique.

Un vent de révolte

Le premier soulèvement notable se déroule au Sri Lanka, en 2022. Le pays, frappé par une crise économique sans précédent, est paralysé : pénuries de carburant, flambée des prix, chômage massif. « Les prix sont fous, il n’y a pas d’emplois, et la plupart des jeunes n’ont plus confiance dans le gouvernement (tdlr) », raconte un étudiant sri-lankais au Délit. Face à l’effondrement du tourisme et à la corruption persistante, les jeunes décident de se faire entendre. « Nous voulons juste une chance de vivre une vie meilleure », poursuit-il, évoquant une génération qui ne croit plus aux promesses des élites.

En Indonésie, la contestation reprend en 2024 autour de scandales de corruption et de privilèges accordés aux députés. Les jeunes, particulièrement actifs en ligne, dénoncent un système politique jugé déconnecté et inéquitable.

Puis vient le Népal. En septembre 2025, des étudiants et jeunes manifestants dénoncent la corruption, le chômage et l’interdiction soudaine de plusieurs plateformes en ligne. Dans un élan de colère général, le Parlement est incendié et le premier ministre contraint de démissionner. Les images font le tour du monde, et ce moment devient un symbole, un point de bascule sur lequel les populations marginalisées peuvent s’appuyer en guise d’espoir.

Le souffle atteint ensuite Madagascar, où des élections contestées, la misère persistante et l’effondrement des services publics alimentent un profond sentiment d’injustice. Les jeunes réclament un État capable d’assurer l’accès à l’eau, l’électricité et la dignité. Visé par la colère citoyenne, le gouvernement est dissous.

Au Maroc, la mobilisation s’organise autour du mouvement « GenZ 212 », né sur les réseaux sociaux. Les étudiants et jeunes travailleurs y dénoncent le coût de la vie, la corruption et l’absence de perspectives professionnelles.

À McGill, des voix qui résonnent du monde entier

Pour mieux comprendre cette effervescence, Le Délit s’est entretenu avec plusieurs étudiants de l’Université McGill originaires de ces pays. Tous décrivent, à leur manière, une colère partagée et une lassitude envers le système en place.

« La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse »

Pour Nan, étudiant indonésien, « la situation actuelle en Indonésie devait finir par arriver ». Il dénonce une corruption généralisée et des institutions « minées depuis longtemps par le détournement des fonds publics ». Les récentes subventions accordées aux parlementaires ont, selon lui, dépassé les limites : « Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Les réseaux sociaux ont aussi joué un rôle déterminant : « Ils ont permis aux jeunes partageant les mêmes idées de se retrouver, de s’organiser et de planifier des grèves et des manifestations. » Ce qui pousse la jeunesse à agir? « La peur de voir se répéter les erreurs du passé – les guerres civiles, la corruption – et le manque de confiance envers le gouvernement actuel. Beaucoup de jeunes préfèrent agir eux-mêmes plutôt que d’attendre un changement d’en haut », explique Nan.

Selon Tao, étudiant malgache, « ce n’est pas un soulèvement soudain : ce sentiment d’injustice a toujours existé ». Les élections contestées de 2023 et la répression militaire qui a suivi avaient déjà exacerbé les tensions. « Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde : entre 75 et 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans le sud, des gens meurent littéralement de faim ». Il décrit des services publics à bout de souffle : « Les salles de cours des universités sont délabrées, les coupures d’électricité constantes. Le gouvernement ne croit pas en sa jeunesse et ne lui offre aucune perspective. » Les soulèvements au Népal ont, selon lui, servi d’exemple : « Ils ont été porteurs d’un message d’espoir, diffusé jusqu’à Madagascar grâce aux réseaux sociaux. » Tao plaide en faveur d’une rupture du modèle politique actuel, hérité de l’époque coloniale, pour un système plus enraciné dans la réalité du pays. « Nous avons hérité d’un système centralisé et rigide, explique-t-il. Ce qu’il nous faut, c’est une structure décentralisée, adaptée à nos spécificités et inspirée de nos traditions ».

Pour Alya, étudiante marocaine, les revendications de la jeunesse transcendent largement le cadre national : « Même si l’attention se porte sur le Maroc, la lutte dépasse les frontières. » Elle rappelle que les demandes de sa génération sont universelles : « La santé et l’éducation ne sont pas des faveurs qu’un État accorde à son peuple, ce sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis à tous. »

Une génération debout

La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse. Les âmes ayant péri durant ces manifestations, en quête de justice, d’égalité et de dignité, seront commémorées comme des héros de la résistance. Au fil des dernières années, des millions de jeunes ont marché dans les rues aux quatre coins du monde, portant un message d’espérance, s’adressant implicitement à toutes les communautés marginalisées souffrant des heurts du colonialisme, du despotisme ou du népotisme. Malgré les in- nombrables différences structurelles entre ces révoltes, les manifestants interpellent les gouvernements : la jeunesse doit être maîtresse de son destin et doit avoir le droit de rêver de jours meilleurs.

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ONU : la reconnaissance de l’État de Palestine divise https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/onu-la-reconnaissance-de-letat-de-palestine-divise/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58738 La décision du Canada suscite de vives réactions au pays et à l'international.

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Dans une lettre livrée au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Emmanuel Macron annonçait le 24 juillet son intention de reconnaître l’État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Ce geste, avant tout symbolique, a ensuite été imité par neuf États occidentaux – dont le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni – à la suite de la conférence sur la question palestinienne, initiative conjointement présidée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU les 28 et 29 juillet 2025.

Les officialisations de ces multiples reconnaissances de l’État de Palestine ont eu lieu les 21 et 22 septembre, à l’occasion du sommet sur la question palestinienne lors de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Emmanuel Macron a ouvert la session en procédant à la reconnaissance de l’État de Palestine, devant les délégations du monde entier qui comptait deux absences notables : Israël et les États-Unis. S’en est suivi le discours du premier ministre du Canada, Mark Carney, qui a à son tour reconnu l’État de Palestine : « Le Canada reconnaît l’État de Palestine et offre de travailler en partenariat afin de porter la promesse d’un avenir pacifique pour l’État de Palestine et l’État d’Israël (tdlr). »

Les réactions de la communauté internationale

Le tonnerre d’applaudissements qui a résonné dans la salle, en réponse aux divers discours de soutien envers la Palestine, n’a pourtant pas effacé les tensions marquant cette session de l’Assemblée générale. Celles-ci ont atteint leur sommet à l’apparition de Benjamin Netanyahu à la tribune de l’assemblée, lorsqu’une foule de 77 délégations ont quitté la salle en guise de protestation.

Le discours du premier ministre d’Israël a vivement condamné les multiples reconnaissances de l’État de Palestine. « C’est une marque de honte », a‑t-il déclaré, « Vous savez quel message ceux qui ont reconnu l’État palestinien cette semaine ont envoyé aux Palestiniens? Tuez des Juifs et vous en serez récompensés ».

Interrogé à ce sujet, Rex Brynen, professeur de science politique à McGill spécialisé dans les conflits du Moyen-Orient, réfute cette conclusion. Il précise que « le Canada a explicitement identifié l’Autorité palestinienne dans sa reconnaissance. Alors à bien des égards, la réaction d’Israël a en quelque sorte donné raison au gouvernement canadien ». Pourtant, cette interprétation n’est pas partagée par tous au Canada.

À la maison, une réaction pas moins clivante

Si une majorité de la population canadienne est favorable à la reconnaissance de l’État de Palestine, plusieurs la déplorent. Interrogé à ce sujet, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a communiqué que « cette décision encourage le Hamas, sape les efforts de paix, prolonge les souffrances des Palestiniens sous le régime du Hamas et alimente l’incitation mondiale à la haine contre le peuple juif ». Les préoccupations internationales sont alors associées à la crainte de l’augmentation de l’antisémitisme au Canada. Sur ce point, la CIJA affirme que « depuis que le gouvernement a annoncé en juillet son intention de reconnaître l’État palestinien, les crimes haineux anti-juifs ont augmenté dans le pays » ; illustration des tensions qui traversent la société canadienne autour de la question palestinienne.

Si les reconnaissances de la Palestine sont tout d’abord un geste symbolique, elles ne sont tout de même pas anodines. Selon Brynen, « cela exprime l’idée que le gouvernement israélien actuel tente de rendre impossible l’autodétermination palestinienne et que les États occidentaux n’apprécient pas cela ». On y voit donc une volonté de ces derniers d’agir comme frein au moteur expansionniste d’Israël, jouant le rôle de contre-pouvoir pour nuancer un soutien américain quasi inconditionnel. Pour Brynen, ce changement de politique internationale transmet que « plus Israël parle d’annexion, plus il y aura une certaine résistance de la part des principaux pays occidentaux ».

Symbole politique controversé, la reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs puissances occidentales envoie alors un message d’avertissement envers Israël.

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L’Europe face aux provocations russes : l’imminence d’un conflit armé? https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/leurope-face-aux-provocationsrusses-limminence-dun-conflit-arme/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58828 Deux experts livrent leurs analyses.

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Depuis le début de ce mois de septembre, la Russie a multiplié ses manœuvres de déstabilisation envers l’Europe. Le 1er septembre, l’avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été la cible d’un brouillage GPS alors qu’elle se rendait en Bulgarie. Les soupçons se sont alors tournés vers la Russie. Le 10 septembre, une vingtaine de drones russes ont survolé la Pologne, obligeant les forces polonaises et l’OTAN à les abattre, une première au-dessus du territoire de l’Alliance. Puis, le 19 septembre, trois avions de chasse russes MiG-31 sont entrés illégalement dans l’espace aérien estonien pendant une dizaine de minutes. Enfin, des infrastructures clés du Danemark, comme des aéroports et des bases militaires, ont été récemment survolées par des drones d’origine inconnue. Les soupçons se tournent une fois de plus vers la Russie, alors que Copenhague s’apprête à accueillir un sommet européen les 1er et 2 octobre.

Pour répondre aux nombreuses interrogations que soulèvent ces incidents, Le Délit s’est entretenu avec deux spécialistes : Julian Spencer-Churchill, professeur associé de science politique à Concordia, et Juliet Johnson, professeure de science politique à McGill. Leurs diagnostics convergent : ces récentes incursions visent à sonder la cohésion de l’OTAN. Johnson évoque des « provocations destinées à vérifier si l’OTAN est encore signifiante (tdlr) » et si ses membres « feront réellement front » avec une réponse collective.

Les prises de décision au Kremlin

Le professeur Spencer-Churchill estime que « Poutine n’est pas à l’origine de certaines de ces opérations. La décision se serait prise à des niveaux intermédiaires de l’appareil militaire russe ». Selon lui, l’objectif est de mesurer la réaction alliée, en particulier dans la zone des pays baltes, tout en permettant à Moscou de projeter sa puissance en jouant sur l’ambiguïté de la ligne rouge.

Pourquoi persister dans une voie qui a déjà coûté cher au Kremlin? La professeure Johnson attribue ces gestes à une évaluation erronée persistante depuis 2022 : « L’invasion a revitalisé l’Union européenne, étendu l’OTAN (Finlande, Suède), isolé et appauvri la Russie, et retourné l’opinion ukrainienne. » Elle explique ces erreurs de jugement par un système de décision fermé, centré sur un petit noyau de dirigeants où la logique néo-impériale prime.

La sécurité européenne

Selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Johnson voit dans cette tendance une réaction à la menace russe couplée à l’incertitude de la protection des intérêts européens par les États-Unis. Spencer Churchill explique quant à lui que cette remilitarisation « reste avant tout capacitaire » (production, entretien, réserves) et « politique ». En somme, il ne faut pas s’attendre à un bond immédiat du nombre de chars et d’avions opérationnels dans l’arsenal européen.

Pour Johnson, la militarisation européenne ne dégradera pas la situation vis-à-vis de Moscou : « Ce n’est pas une Russie se sentant menacée, mais un gouvernement agressif et néo-impérial. Si l’on cède, il pousse, si l’on tient ferme, il s’ajuste. » Spencer Churchill insiste sur l’intention russe de « tester les failles de l’OTAN » et « la résilience des pays en première ligne ».

Volte-face américaine

En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Donald Trump a annoncé être en faveur de la destruction d’avions russes en cas de nouvelles violations de l’espace aérien. Cet énième revirement brouille toute lisibilité stratégique ; le professeur Spencer Churchill y voit une logique électoraliste : surprendre, contredire les attentes, montrer que nul n’est en mesure de commanditer ou de prédire la politique étrangère américaine – cela plaît à une partie de son électorat.

L’Europe, à l’aube d’un conflit armé avec la Russie?

Interrogés sur le risque d’un affrontement armé direct avec Moscou d’ici cinq à dix ans, les deux spécialistes restent prudents. Pour Spencer Churchill, le scénario est possible, avec tout de même plusieurs interrogations : intensité des combats, recours éventuel au nucléaire, volonté des jeunes soldats russes de continuer à se battre. Johnson juge l’option « stratégiquement aberrante, mais non impossible ». Si la guerre n’est pas inévitable, la paix, elle, n’est plus garantie. Et c’est peut-être là le plus grand défi posé à l’Europe.

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Mark Carney resserre les liens Canada-Mexique https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/mark-carney-resserre-les-liens-canada-mexique/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58667 Entrevue exclusive avec Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique.

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Le jeudi 18 septembre, Mark Carney foulait pour la première fois le sol mexicain en tant que premier ministre du Canada. Deux jours d’intenses discussions plus tard, il repartait de Mexico avec une déclaration commune de la présidente Claudia Sheinbaum et la promesse d’un « partenariat stratégique global ». Ce dernier s’articule autour de quatre piliers principaux : la prospérité économique, la mobilité, la sécurité et l’environnement. Cette annonce majeure a été faite dans le contexte d’une inquiétude grandissante face à l’instabilité de la politique américaine. Afin de clarifier les enjeux de la visite du premier ministre, Le Délit a pu s’entretenir avec Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique et diplômé de l’Université McGill.

Un moment décisif dans la relation bilatérale

« Le moment choisi pour cette visite était très stratégique. Il n’y a aucun doute qu’au cours de la dernière année, en raison des tarifs imposés par les États-Unis, la relation entre le Mexique et le Canada était très tendue (tdlr) », explique l’ambassadeur MacKay. Lesdites tensions ne provenaient pas seulement de Washington – elles avaient également été alimentées par les déclarations du premier ministre de l’Ontario Doug Ford, selon qui le Canada devrait exclure le Mexique de l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM).

« Le moment choisi pour cette visite était très stratégique. Il n’y a aucun doute qu’au cours de la dernière année, en raison des tarifs imposés par les États-Unis, la relation entre le Mexique et le Canada était très tendue »

Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique

Dans ce climat crispé, la visite de Mark Carney apparaît comme une tentative de réconciliation, en vue non seulement de la renégociation prochaine de l’ACEUM, mais aussi de la Coupe du monde de soccer 2026, qui sera organisée conjointement par les trois pays. L’ambassadeur souligne que « le premier ministre a pris une sage décision en choisissant de mettre fin à ces tensions dès maintenant ». Le geste est d’autant plus nécessaire que les économies des deux pays sont profondément liées – le Canada étant le cinquième partenaire commercial du Mexique, et le Mexique le troisième du Canada.

Le spectre américain en arrière-plan

Si le Canada et le Mexique ont intérêt à collaborer, la visite de Carney est toutefois partiellement dictée par la relation turbulente des deux pays avec les États-Unis. La présidence de Donald Trump, marquée par un très fort protectionnisme, a fragilisé l’équilibre nord-américain et incité ses partenaires à trouver d’autres alliances. « Les deux gouvernements [canadien et mexicain] réalisent aujourd’hui qu’ils doivent diversifier leurs échanges commerciaux vers de nouveaux marchés. Du point de vue canadien, la plupart de nos échanges commerciaux se font avec les États-Unis, et nous devons intensifier nos échanges avec d’autres pays, notamment le Mexique ». L’ambassadeur ajoute que « le Canada estime qu’il peut encore apprendre à mieux connaître, à explorer le Mexique – et le Mexique a exactement la même conviction ».

Lors de leur conférence de presse conjointe, Sheinbaum et Carney ont d’ailleurs été interrogés sur la possibilité qu’un accord plus avantageux avec les États-Unis les détourne de leur collaboration bilatérale. Un Carney catégorique a répondu que « le Canada était absolument engagé à collaborer avec ses deux partenaires ». Sheinbaum, quant à elle, a affirmé que « [le Canada et le Mexique] travailleront ensemble, sans l’ombre d’un doute ».

Au terme de cette visite, le Canada et le Mexique ont envoyé un message fort, celui d’une volonté commune de bâtir une relation stable et durable. Dans un environnement régional incertain, ce partenariat stratégique pourrait marquer un tournant décisif pour l’Amérique du Nord.

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Au Texas, le vote latino pèse désormais trois fois moins que le vote blanc https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/au-texas-le-vote-latino-pese-desormais-trois-fois-moins-que-le-vote-blanc/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58482 Le redécoupage électoral : entre légalité et manipulation démocratique.

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Redessiner les circonscriptions électorales pour s’assurer une victoire aux prochaines élections : c’est la stratégie adoptée le mois dernier par le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, sous l’impulsion de Donald Trump. Ce procédé, connu sous le nom de gerrymandering ou « charcutage électoral », remet en cause la juste représentation des électeurs et devrait offrir aux républicains entre trois et cinq sièges supplémentaires à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de novembre 2026.

Mais qu’est-ce que le charcutage électoral? Est-ce une pratique légale et courante aux États-Unis? Pour comprendre ce phénomène, Le Délit s’est entretenu avec Benjamin Forest, professeur associé au département de géographie et de science politique à McGill.

Rendre « inutiles » les voix du parti adverse

Aux États-Unis comme au Canada, les représentants politiques sont élus selon le modèle des circonscriptions. Le traçage de ces dernières – dont la responsabilité revient aux états – est déterminé par un certain nombre de règles assurant une juste représentation des citoyens : « les circonscriptions doivent par exemple avoir des populations relativement égales, et être contiguës (tdlr) », explique le professeur.

Le charcutage électoral, donc, consiste à « jouer avec ces règles en identifiant la localisation des électeurs du parti opposé, et créer des circonscriptions offrant naturellement une majorité aux prochaines élections ».

Il existe deux stratégies de charcutage, « l’empaquetage » et le « craquage ». « L’empaquetage correspond à concentrer les sympathisants du parti adverse dans une seule circonscription, explique le professeur. Si cela leur assure de gagner la circonscription avec une très haute avance, cela crée beaucoup de voix dites « perdues », qui auraient pu permettre de gagner une deuxième circonscription ». Pour obtenir une majorité, il suffit seulement d’avoir 50% des votes, plus une voix. Les voix supplémentaires n’affectent plus le vote : qu’un parti ait 51% ou 99% des voix, il ne recevra qu’un siège dans la circonscription.

Le craquage, poursuit le professeur, est l’inverse : « C’est diluer les voix du parti adverse dans d’autres circonscriptions, ne leur permettant pas d’atteindre la majorité pour gagner ». Dans les deux cas, si le charcutage est efficacement réalisé, il diminue significativement le poids du vote des sympathisants du parti adverse : leurs votes sont tout bonnement inutiles.

Une pratique légale

Le découpage électoral est historiquement encadré par le « Voting Rights Act » de 1965. Le professeur explique que « cette loi interdit notamment tout charcutage racial, c’est-à-dire discriminant et atténuant le poids électoral des minorités raciales et ethniques aux États-Unis. En revanche, elle n’impose pas de restrictions sur le charcutage partisan – favorisant un parti aux dépens de l’autre ».

L’histoire montre néanmoins une forte corrélation entre vote « racial » et vote « partisan » aux États-Unis, rendant floue la frontière légale entre les deux.

Au Texas, par exemple, le projet de redécoupage des circonscriptions diminuera fortement le poids électoral des minorités latinos et noires : la « valeur » du vote d’un Texan latino est désormais réduite à un tiers de celle d’un Texan blanc, et celle d’un Texan noir à un cinquième.

Un phénomène qui va s’accentuer

Même si le redécoupage électoral ne date pas d’hier, Forest estime qu’il y a eu une augmentation de la pratique au cours des dernières décennies : « Avant les années 1990, le charcutage électoral était une opération complexe, exigeant de nombreux calculs et un temps considérable. Les données démographiques disponibles n’étaient quant à elle actualisées qu’une fois par décennie à la suite des recensements de population ».

À partir des années 2000, l’arrivée des technologies SIG (système d’information géographique) et des ordinateurs modernes a changé la donne : « Aujourd’hui, on peut découper des circonscriptions avec n’importe quel ordinateur portable, et les données démographiques sont bien plus précises. Les états peuvent redessiner leurs circonscriptions aussi fréquemment qu’ils le souhaitent. Il n’y a aucune raison de penser qu’ils ne vont pas redécouper pour l’élection de 2028, puis à nouveau pour celle de 2030. »

À la suite de l’annonce de redécoupage électoral du gouverneur du Texas, plusieurs gouverneurs d’états, dont Gavin Newsom et Kathy Hochul, ont annoncé entamer des procédures similaires dans leurs états, afin de « répondre » à la procédure texane.

« Il est clair que nous sommes dans une guerre de redécoupage électoral », explique le professeur. Une guerre qui, quoi qu’il arrive, endommagera la juste représentation des électeurs américains sur le long terme.

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La France face à l’impasse politique https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/la-france-face-a-limpasse-politique/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58495 À Matignon, un nouveau premier ministre pour tenter de briser l’instabilité.

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Le mardi 9 septembre, dans une ambiance des plus tendues, l’Assemblée nationale française a voté la chute du gouvernement de François Bayrou. À 19h, ce dernier avait sollicité un vote de confiance sur la question du budget national, qui a été rejeté par une majorité écrasante – 194 députés pour, et 364 contre. La nomination du nouveau premier ministre Sébastien Lecornu a été annoncée dès le lendemain, dans un contexte d’inquiétude grandissante sur le sort de la politique française. Au sein d’une Assemblée nationale divisée en trois depuis un an, les gouvernements successifs n’arrivent pas à légiférer de manière stable. Afin de mieux comprendre les mécanismes ayant mené à cette crise, le Délit s’est entretenu avec Julien Robin, doctorant en science politique à l’Université de Montréal.

Élections législatives de 2022

En juin 2022 ont eu lieu les élections législatives françaises, au cours desquelles les citoyens élisent les députés qui forment l’Assemblée nationale. À cette occasion, Emmanuel Macron perd la majorité absolue qu’il détenait depuis 2017 ; une situation qui, selon Julien Robin, se préparait dès son premier mandat. Celui-ci avait été marqué par « une série de crises successives – mouvement des gilets jaunes, pandémie de la COVID-19, guerre en Ukraine – à laquelle s’étaient ajoutées des crises internes, comme l’affaire Benalla ». Robin souligne également la montée d’une tripolarisation de la vie politique française, processus qui a favorisé l’élection d’un nombre inédit de députés d’extrême droite lors de ces législatives. Privé de majorité, le gouvernement s’est retrouvé fortement fragilisé, mais tente malgré tout de gouverner, notamment par l’usage record de l’article 49.3* de la Constitution. Mais, comme le note Robin, « on a eu la mauvaise méthode pour former un gouvernement » : au lieu de construire un compromis sur des bases partagées entre les partis, l’exécutif a choisi de se focaliser sur la désignation des premiers ministres, qui se sont succédé rapidement. Dans un régime parlementaire affaibli, la logique voudrait d’abord que l’on négocie un socle d’accord politique, avant de désigner un chef de gouvernement capable d’incarner ce consensus. Macron a fait l’inverse : il a nommé des premiers ministres en espérant que l’Assemblée suivrait, une stratégie qui s’est révélée inefficace selon Robin.

Dissolution de l’Assemblée nationale en 2024

En juin 2024, après la victoire du Rassemblement national – parti d’extrême droite – aux élections européennes, Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale, entraînant de nouvelles élections législatives. Il cite « la montée des nationalistes et des démagogues », qu’il considère comme « un danger pour notre nation ». Robin rappelle que la dissolution est avant tout « un outil pour résoudre une crise » ; or, au moment où Macron dissout l’Assemblée en 2024, il n’y avait pas réellement de crise politique en France. Selon lui, le gouvernement de Gabriel Attal aurait tout à fait pu poursuivre sur sa lancée sans l’action « absurde » du président. « Au lieu de régler une crise, Macron en a créé une nouvelle », explique-t-il. En effet, la nouvelle configuration parlementaire, dominée par une opposition renforcée entre un bloc d’extrême droite en pleine ascension (143 députés), une gauche rassemblée autour du Nouveau Front populaire (182 députés) et une majorité présidentielle affaiblie (168 députés), rend désormais toute gouvernance stable extrêmement difficile.

Chute du gouvernement Bayrou

Le 9 septembre, François Bayrou, premier ministre depuis décembre 2024, demande la confiance de l’Assemblée nationale sur la question du budget prévisionnel de 2026. Il explique dans son discours que le déficit budgétaire de la France est si catastrophique qu’il faut agir au plus vite. Sa décision de déclencher le vote de confiance – qu’il finira par perdre – surprend de nombreux observateurs. Pour Julien Robin, la démarche de Bayrou est maladroite : « il voulait poser la question de confiance et discuter [du budget] après ; ce n’est pas la bonne manière de négocier. Normalement, on discute d’abord, puis on conclut par un vote. » Il ajoute que Bayrou avait conscience que le vote ne lui serait pas favorable. « C’était peut-être la meilleure, ou la “moins pire,” sortie possible : poser la question de confiance dès maintenant plutôt que risquer une censure en décembre », explique-t-il.

Nomination du nouveau premier ministre Lecornu

Le mercredi 10 septembre, Emmanuel Macron nomme Sébastien Lecornu comme nouveau premier ministre. Lecornu est issu du camp macroniste ; ce choix s’inscrit donc « dans la continuité des choix de Macron, qui souhaite conserver la gouvernance dans le bloc central ». Cette décision a été fortement critiquée par Jean-Luc Mélenchon, à la tête de la France Insoumise, qui reproche au président de ne pas avoir tenu compte de la composition de l’Assemblée nationale, où la gauche est la première force politique. Robin estime pourtant qu’on « peut comprendre son choix, parce que le groupe central serait plus à même de former un gouvernement – notamment au niveau du budget ». La prochaine étape sera de savoir si Lecornu cherchera à engager des négociations avec les autres forces politiques. L’enjeu essentiel, selon Robin, reste sa capacité à construire des compromis afin de faire adopter le budget de l’année prochaine. À défaut, s’il se contente de présenter un projet sans concertation – à l’image de ce qu’avait fait Bayrou – il s’expose à une censure dès le mois de décembre.

*L’article 49.3 permet au premier ministre de faire adopter un projet de loi sans vote par l’Assemblée nationale.

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Trump est-il en train de « Make China Great Again »? https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/trump-est-il-en-train-de-make-china-great-again/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58444 Tianjin : l’Indo-Pacifique en mouvement depuis la réélection du milliardaire à la Maison-Blanche.

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C’est dans un contexte où prévaut l’hégémonie politico-économique américaine qu’a eu lieu la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, du 31 août au 1er septembre. Parmi la vingtaine de chefs d’État eurasiatiques conviés figuraient le premier ministre indien Narendra Modi, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président russe Vladimir Poutine.

Ces dirigeants partagent tous, à des degrés divers, une hostilité envers l’Occident en général, et les États-Unis en particulier.

Réorientation radicale

Lors de ce sommet, la communauté internationale a constaté un rapprochement étonnant entre Narendra Modi et Xi Jinping, dont les intérêts n’ont pas toujours été alignés. Yann Roche, expert en géopolitique de l’Asie du Sud à l’Université du Québec à Montréal, tient à souligner que « le rapprochement ne date pas d’hier et ne peut être réduit aux seuls agissements de Trump de ces dernières semaines. Il faut rappeler que l’Inde est membre de l’OCS – organisation présentée comme un front anti-occidental – depuis 2017 ».

Selon Roromme Chantal, spécialiste de la politique chinoise à l’Université de Moncton, les multiples tentatives de Donald Trump d’isoler la Russie et de punir l’économie indienne se révèlent contre-productives. Il estime qu’en « imposant des droits de douane de 50% à l’Inde, sous prétexte qu’elle achète du pétrole russe, Trump pousse en réalité New Delhi à se rapprocher de la Chine ». Il ajoute que « la donne vient de changer sur le nouvel échiquier Indo-Pacifique, et New Delhi l’a vite compris. L’autonomie stratégique de l’Inde cède la place à une soumission pragmatique à la Chine. À cet égard, il n’est pas exagéré de dire que Trump est en train de rendre China great again! »

Ces dirigeants partagent tous, à des degrés divers, une hostilité envers l’Occident en général, et les États-Unis en particulier.

Les frontières politiques, idéologiques et territoriales entre les deux géants ne sont néanmoins pas abolies, mais plutôt suspendues le temps du sommet. Chantal rappelle que la durabilité de leur entente reste incertaine : « La méfiance mutuelle risque de persister, notamment en raison du conflit frontalier non résolu au Ladakh et d’autres lignes de fracture anciennes ou nouvelles. »

Influencer ou résister à l’influence?

La réunion de l’OCS revêt un poids symbolique : elle vise à contrebalancer la prédominance persistante des États-Unis. La question est de savoir jusqu’à quel point les intérêts des pays concernés convergent, ou si leur coopération se limite à leur hostilité commune envers Washington. « Ces pays sont réunis presque exclusivement par leur opposition à l’Occident ; il y a peu de substance supplémentaire dans leur relation. L’Inde et la Chine, pour leur part, affirment surtout leur autonomie vis-à-vis des États-Unis en accueillant Poutine (tdlr) », observe Maria Popova, professeure de science politique à l’Université McGill.

Xi Jinping n’a jamais caché son ambition de positionner durablement la Chine comme acteur central de l’arène internationale. « La place croissante de la Chine est indéniable. Elle se drape d’un discours pacifiste, anticolonialiste et anti-impérialiste, mais quiconque se dresse sur son chemin risque de le regretter », rappelle Yann Roche.

Et maintenant?

Le sommet de Tianjin aura permis d’afficher une façade de coopération eurasiatique face à l’Occident. Mais au-delà des symboles, la question demeure : le rapprochement stratégique entre ces puissances historiquement divisées durera-t-il?

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Suppression des contre-tarifs canadiens : Carney œuvre à la réconciliation https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/suppression-des-contre-tarifs-canadiens-carney-oeuvre-a-la-reconciliation/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58366 Cette mesure ouvre de nouvelles possibilités dans les négociations.

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L’incertitude plane sur l’économie canadienne, les conséquences de la guerre commerciale avec les États-Unis se faisant de plus en plus ressentir. Le rapport sur l’emploi très décevant du mois d’août n’a fait que renforcer l’inquiétude sur la santé économique du pays. C’est dans ce cadre que le premier ministre Mark Carney s’est engagé à rétablir des relations économiques plus stables avec son voisin du sud. La suppression de la quasi-totalité des tarifs de rétorsion annoncée le 22 août et mise en vigueur au début du mois de septembre a été bien accueillie par Donald Trump, qui a qualifié le geste de « bien (tdlr) ». Un signe de réconciliation peut-être, mais qui ne préconise pas pour l’instant un allègement des taxes douanières américaines. À ce sujet, les deux chefs d’État auraient eu une « bonne conversation » au téléphone, selon Mark Carney.

Le plus dur reste à faire

La suppression des tarifs de rétorsion, symbole de la bonne volonté d’Ottawa, a été accompagnée d’une vague d’efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre commerciale. Parmi eux, la visite à Washington du greffier du Conseil privé, Michael Sabia, ainsi que celle du ministre responsable du Commerce Canada–États-unis Dominic LeBlanc, qui a rencontré son homologue américain Howard Lutnick. Les discussions avec Washington ont alors repris, sans pour autant aboutir à un accord.

« Un signe de réconciliation peut-être, mais qui ne préconise pas pour l’instant un allègement des taxes douanières américaines »

Reste à comprendre la motivation derrière cette nouvelle approche du premier ministre. Selon Francesco Amodio, professeur d’économie à l’Université McGill et spécialiste de l’économie politique, « cette manœuvre pourrait signifier que la guerre commerciale correspond à ce que l’on pouvait espérer ; une grosse agitation avant un retour à la norme. Sinon, il y aurait un aveu que la stratégie des tarifs de rétorsion a échoué ». Effectivement, si certains droits de douane sur le fer, l’automobile et l’aluminium restent en place, il est toutefois clair qu’Ottawa a abandonné cette stratégie. À la fois, car elle a été inefficace, mais aussi, car elle a créé un climat économique instable. Amodio explique que « la guerre commerciale et les tarifs mènent à un sentiment d’incertitude, et c’est cette incertitude qui est dévastatrice pour les entreprises ». C’est pour combattre l’incertitude responsable des soucis économiques que Mark Carney prend une nouvelle approche.

Un espoir inattendu

Il faudra alors attendre encore un peu pour un retour à la norme, même si les avancées les plus prometteuses peuvent se faire de l’autre côté de la frontière. Une cour d’appel fédérale a statué que les tarifs imposés par les États-Unis n’étaient pas conformes à la Loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux. L’administration Trump réserve le droit de faire appel de cette décision jusqu’au 14 octobre. Ce revers pour Trump pourrait faire le bonheur du Canada, et solidifier un retour à la norme tant espéré par le premier ministre.

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De l’Alaska à Washington : la diplomatie américaine en première ligne https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/de-lalaska-a-washington-la-diplomatie-americaine-en-premiere-ligne/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58252 Le directeur du département de science politique de l’UdeM livre son analyse.

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Le 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontrés pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, à Anchorage, en Alaska. Puis, le 18 août, Volodymyr Zelensky s’est entretenu, accompagné d’une délégation européenne, avec le président américain à la Maison-Blanche. Ces deux évènements avaient comme objectif affiché d’œuvrer en faveur de la paix.

Un sommet plein de zones d’ombre

Scrutée par le monde entier, la rencontre entre le président américain et le président russe n’a pas abouti à un accord de cessez-le-feu avec Moscou, malgré les « importants progrès (tdlr) » évoqués par le républicain. De plus, le sommet ne se serait pas déroulé comme prévu. En effet, huit pages « produites par le bureau du chef du protocole » des États-Unis ont été retrouvées peu après le sommet par hasard dans une imprimante de l’hôtel Captain Cook, à Anchorage. Elles décrivaient, heure par heure, le déroulé initialement prévu pour ce sommet. Elles font notamment état d’un cadeau du président Trump destiné à Vladimir Poutine, sans qu’il soit possible de confirmer si celui-ci a effectivement été offert. Un déjeuner commun, inscrit au programme, n’a finalement pas eu lieu, ainsi qu’une conférence de presse prévue pour durer une heure, a finalement duré une quinzaine de minutes.

Ces zones d’ombre laissent planer de nombreuses questions quant à la portée réelle de cette rencontre. Pour mieux en saisir les enjeux, Le Délit s’est entretenu avec le professeur Frédéric Mérand, directeur du Département de science politique de l’Université de Montréal – et collaborateur au Délit il y a 30 ans!

Un succès symbolique pour Moscou

Le professeur Mérand estime qu’il est nécessaire, avant tout, de prendre du recul sur ce sommet avant de le qualifier « d’historique », car rien n’a été signé. Une rencontre entre deux dirigeants de puissance mondiale n’est pas forcément synonyme de réussite. Il tient à rappeler que « la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un en 2018 n’a abouti à rien ». Selon lui, il faut donc attendre avant d’évaluer si cet évènement constituera un point de bascule dans la quête d’une paix durable en Ukraine. Le professeur Mérand ajoute également que « la simple tenue de ce sommet constitue une victoire diplomatique pour la Russie », qui s’est fait accueillir sur le sol américain. Ce geste s’inscrit dans la logique d’une réconciliation entre ces deux grandes puissances, conformément au narratif russe.

Interrogé sur la sincérité de l’objectif de paix poursuivi par ce sommet et sur le risque qu’il ne soit qu’un moyen pour gagner du temps, le professeur Mérand répond que la vérité se situe probablement « entre les deux ». Les deux parties souhaitent avancer, mais leurs intérêts divergent. Du côté russe, l’objectif est de s’affirmer à la table des grandes puissances, ainsi que d’ajouter à leur territoire quatre oblasts : Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson. Toutefois, le statu quo sert également les intérêts de Vladimir Poutine dans la mesure où les forces russes effectuent des avancées record. Quant aux États-Unis, « Trump a fait de la résolution de cette guerre une priorité dès sa campagne présidentielle et garde en tête le prix Nobel de la paix », une récompense très convoitée par le président américain, qui sera décernée le 10 octobre prochain.

Washington : Zelensky et son escorte européenne

Le caractère exclusivement bilatéral de cette rencontre a eu pour effet d’écarter de facto le président ukrainien et les Européens de la table des négociations. Un second sommet a donc eu lieu à la Maison-Blanche le 18 août en présence des autres parties prenantes, telles que le président ukrainien, le secrétaire général de l’OTAN, Emmanuel Macron, Keir Starmer, Ursula von der Leyen et d’autres dirigeants européens. Selon Frédéric Mérand, il serait trompeur de parler ici de « véritable coordination transatlantique ». Pour Donald Trump, la coordination signifie surtout que « les Européens paieront et constitueront la première ligne de défense ». La question de fond reste celle du degré d’implication américaine : jusqu’où Washington est-il prêt à aller alors que les Européens financent déjà une large partie de l’effort? De leur côté, les capitales européennes souhaitent régler le problème ukrainien selon leur conception, alignée sur Kiev, mais elles ne disposent pas des moyens suffisants pour y parvenir seules. Leur objectif est donc de pousser les États-Unis à partager le fardeau, qu’il soit économique, diplomatique ou militaire.

« Leur objectif est donc de pousser les États-Unis à partager le fardeau, qu’il soit économique, diplomatique ou militaire »

La présence de cette « escorte européenne » à Washington s’explique aussi par la volonté de ne pas laisser seul le président ukrainien, pris dans un guet-apens en février dernier, dont les images avaient fait le tour du monde. Cette délégation visait autant à protéger le président ukrainien qu’à affirmer sa place dans le grand échiquier diplomatique.

Le rôle limité du Canada

Le Canada, de son côté, ne dispose pas d’une marge de manœuvre autonome. Pour le professeur Mérand, « Ottawa s’alignera, quoi qu’il arrive, sur les positions européennes ». Le pays partage les positions de Paris, de Berlin, de Londres et de Varsovie : soutenir le gouvernement ukrainien et la souveraineté de l’Ukraine. Malgré un effort remarquable envers Kiev, proportionnellement à son PIB, le Canada ne détient pas la solution : « Celle-ci réside entre les mains des États-Unis et des grandes puissances européennes », affirme le professeur.

Enfin, le professeur Mérand met en garde contre le risque d’usure médiatique. « Les conflits qui n’offrent pas de solution rapide finissent par lasser les médias et leurs publics », explique-t-il. Ce phénomène ne concerne pas seulement l’Ukraine, mais aussi la guerre à Gaza et d’autres conflits de même nature. Les médias et leurs auditoires préfèrent les crises claires, aux solutions rapides, alors qu’ici, aucun règlement n’est envisageable à court terme. « Il n’y aura pas de paix dans la région avant des années », prévient-il. Il conclut en affirmant que « maintenir l’attention sur ces conflits représente notre principal défi, et notre faiblesse à tous ».

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Trump, ICE et Garde nationale : le regard des mcgillois sur les émeutes de Los Angeles https://www.delitfrancais.com/2025/08/16/trump-ice-et-garde-nationale-le-regard-des-mcgillois-sur-les-emeutes-de-los-angeles/ https://www.delitfrancais.com/2025/08/16/trump-ice-et-garde-nationale-le-regard-des-mcgillois-sur-les-emeutes-de-los-angeles/#comments Sat, 16 Aug 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58185 La crise actuelle aux États-Unis suscite réactions et réflexions au sein de la communauté mcgilloise.

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Le déploiement à Los Angeles de 2000 membres de la Garde nationale ainsi que de 700 soldats du Corps des Marines ordonné par Donald Trump le samedi 7 juin, en réponse aux manifestations contre l’agence de l’immigration et des douanes (ICE), a suscité de vifs débats au sein de la société américaine.

Los Angeles, deuxième ville la plus peuplée des États-Unis, compte plus de dix millions d’habitants, dont près d’un million sans statut légal. En tant que ville sanctuaire, Los Angeles n’est pas tenue de coopérer avec les autorités fédérales de l’immigration. Cela n’a pourtant pas empêché l’ICE de multiplier les raids ciblant la communauté latino-américaine. L’un d’eux, mené le matin du samedi 7 juin dans le stationnement d’un Home Depot — employeur important de la main‑d’œuvre hispanique —  a déclenché une série de manifestations. Certaines d’entre elles, notamment dans le quartier populaire de Compton, ont donné lieu à des confrontations violentes entre la LAPD et des manifestants. Le mouvement de protestations s’est ensuite déplacé vers le centre-ville, aux abords du Centre de détention fédéral, où se trouvent certains détenus de l’ICE. Peu d’incidents violents ont été signalés du côté des manifestants. En revanche, l’usage répété de gaz lacrymogènes ainsi que de munitions non létales par les forces de l’ordre a été dénoncé par les représentants californiens. 

De l’huile sur le feu?

Le gouverneur Gavin Newsom s’est présenté comme meneur de l’opposition californienne à l’administration Trump. N’ayant pas été consulté par le président avant le déploiement de la Garde nationale — une étape pourtant préconisée par la Constitution américaine — Newsom a saisi le tribunal de San Francisco pour contraindre Washington à rappeler ses troupes. L’administration Trump a ensuite fait appel, et la cour d’appel fédérale s’est rangée du côté du président, lui permettant de maintenir la Garde à Los Angeles. Newsom accuse la Maison Blanche d’exagérer les incidents de violences afin de justifier des tendances autocratiques. Dans un communiqué enregistré, il explique que « cet abus de pouvoir éhonté de la part d’un président en exercice a enflammé une situation explosive. […] Et le président l’a fait exprès! (tdlr) ». Trump a répondu sur les réseaux sociaux, visiblement agacé par le gouverneur, en répétant le surnom qu’il lui a attribué : « Newscum » (le mot scum signifiant « ordure » en anglais). La Maison Blanche a continué de défendre le déploiement de troupes comme nécessaire pour apaiser les tensions, une notion qui semble avoir été contrariée par les violences qui ont suivi.

L’escalade des tensions chez nos voisins américains soulève de nombreuses questions sur la stabilité de nos sociétés et inquiète une partie de la communauté mcgilloise. Parmi les plus de 2000 étudiants américains de l’Université, certains se disent profondément préoccupés par l’avenir de leur pays.

Romy, étudiante en deuxième année à la faculté des Arts et originaire de Los Angeles, affirme se sentir « nettement plus menacée » par le déploiement de la Garde Nationale, même si elle ne fait pas partie des populations visées. « Ça rend la ville presque plus dangereuse », explique-t-elle, évoquant notamment des raids dans des quartiers majoritairement hispaniques ou à proximité d’écoles. Pour elle, ce déploiement n’a rien d’un geste pacificateur : « C’est du racisme et de la discrimination. » Elle évoque le non-respect des minorités et de leurs droits, ainsi qu’une politique « directe et visée » envers la communauté latino.

Un autre étudiant, Jean*, rejoint ce constat, qualifiant la manœuvre de « coup médiatique » de Donald Trump. « Il ne s’agit pas de sécurité. C’est une démonstration de force dirigée contre la Californie, un État qui lui est opposé politiquement. »  Selon lui, l’intervention de l’armée ne fait qu’alimenter la polarisation et renforcer la confrontation entre la Californie et Washington. Il évoque également les divergences dans la couverture médiatique, autant dans les grands médias que sur les réseaux sociaux, qui accentuent cette fracture. 

Un dialogue matraqué d’avance ?

Les étudiants angelinos de McGill y voient aussi un parallèle avec les manifestations qui se sont déroulées cette année autour du campus du centre-ville. Bien qu’en majorité pacifiques, quelques incidents violents en ont terni l’image. L’intervention des forces de l’ordre lors des doubles manifestations du 7 octobre 2024 — pro-israéliennes et pro-palestiniennes — n’a pu apaiser les tensions.  À Montréal comme à Los Angeles, la présence des forces de l’ordre semble incapable d’enrayer la violence ; elle peut même l’accentuer, notamment par l’usage de gaz lacrymogènes, observé dans les deux villes.

Les deux étudiants reconnaissent que, même à Montréal, l’incompréhension entre autorités et manifestants peut mener à des débordements. Pourtant, Romy insiste : « La majorité des gens veulent juste être entendus. » De son côté, Jean déplore une dynamique cyclique entre les manifestants et les forces de l’ordre : « Chacun anticipe la violence de l’autre, et au final, elle devient presque inévitable. » 

Cependant, le risque de violence n’a pas empêché la multiplication des manifestations aux États-Unis, qui ont culminé samedi le 14 juin avec l’organisation du mouvement #NoKing! Day. Environ cinq millions de personnes y ont participé, en réponse aux dérives autoritaires de Donald Trump, symbolisées par la parade militaire organisée à Washington à l’occasion de son anniversaire. Il s’agissait de la première parade de ce type en temps de paix dans l’histoire du pays. Cette démonstration de force a été perçue comme contraire à la culture politique américaine, où l’armée prête serment à la Constitution et non au gouvernement.L’accumulation de ces événements souligne un climat politique extrêmement tendu dans le pays. En effet, dans la foulée du #NoKings! Day, l’assassinat politique de Melissa Hortman, démocrate du Minnesota, a plongé le pays dans un climat de peur et d’insécurité. Ces événements, qui ont marqué un mois de juin déjà secoué par les violences de l’ICE et des manifestations, reflètent la banalisation de la violence au sein d’une société civile en crise.

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Les Canadiens de moins en moins heureux? https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/les-canadiens-de-moins-en-moins-heureux/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58058 Le Délit décrypte le rapport mondial sur le bonheur 2025.

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Ce jeudi 20 mars, l’édition 2025 du rapport mondial sur le bonheur (World Happiness Report 2025) a été publiée, offrant une analyse de référence sur la satisfaction mondiale. Cette année, le rapport s’est particulièrement concentré sur la perception des notions de bienveillance et de partage. Comme on pouvait s’y attendre, les pays du Nord figurent en tête : la Finlande, le Danemark, l’Islande et la Suède occupent les quatre premières places. Le Canada, en revanche, continue de chuter et se retrouve 18e, alors qu’il était 6e en 2013.

Le Délit s’est entretenu avec Christopher Barrington-Leigh, professeur spécialiste de l’« économie du bien-être » à McGill, qui analyse l’influence des liens sociaux sur le bonheur.

Quelle méthodologie?

Le rapport repose sur l’échelle de Cantril, un outil où les participants évaluent leur bien-être sur une échelle de 0 à 10. Les différences entre pays sont ensuite expliquées à l’aide de six variables : le PIB par habitant, l’espérance de vie en bonne santé, la générosité, l’absence de corruption, la liberté de faire des choix de vie et le fait d’avoir quelqu’un sur qui compter.

Si Barrington-Leigh reconnaît la valeur du rapport, il met en garde contre les conclusions hâtives sur le classement des pays. « Le classement est mis en avant parce qu’il est sensationnaliste et attire beaucoup l’attention chaque année. Les journalistes l’adorent. (tdlr) » Cependant, il est toujours compliqué de tirer des conclusions hâtives quant au rapport, notamment quand il mesure quelque chose d’aussi subjectif que le bonheur. Les intervalles entre pays peuvent également être très faibles, ce qui fait perdre en crédibilité aux résultats. Si deux pays sont éloignés de cinq places au classement, mais que les différences de bonheur entre eux et les pays les séparant sont très faibles, il serait probablement plus sensé de classer les pays en différents groupes plutôt qu’individuellement.

Le bonheur en déclin au Canada

Malgré les limites du classement, le professeur estime que la baisse du Canada reflète une tendance réelle. L’édition précédente du rapport avait mis en lumière une diminution marquée du bien-être des jeunes au cours de la dernière décennie. Le professeur estime que les réseaux sociaux – bien qu’il en reconnaisse les atouts – ont probablement leur rôle à jouer dans le déclin du bonheur chez les jeunes. Le professeur pointe l’impact négatif des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes et plaide pour des régulations sur la publicité ciblée, car « les réseaux ne visent pas à générer du bienêtre, mais du profit. Ils cherchent aussi à créer du conflit et de la polarisation, car c’est le meilleur moyen de créer de l’engagement. Il est nécessaire de protéger les gens face à ça ».

La clé du bonheur : la qualité des liens sociaux

L’impact des relations sociales sur le bonheur est un point central du rapport. Selon Barrington-Leigh, la richesse matérielle réduit le stress quotidien expliquant pourquoi les pays riches sont en moyenne plus heureux. Pourtant, cela n’explique pas tout. Comment expliquer qu’un pays comme le Mexique puisse se hisser devant le Canada au classement?

Barrington-Leigh maintient que la qualité et la diversité des relations sociales que nous entretenons sont les piliers de notre bonheur. Le professeur explique que les niveaux importants de bonheur dans certains pays d’Amérique latine et centrale sont une énigme depuis longtemps. La réponse résiderait dans des choses simples : selon le professeur, la musique et la danse ; selon le rapport, le temps consacré à partager des repas avec ceux qui nous sont chers. Ces sociétés baignent dans une culture riche qui met de l’avant les liens familiaux et communautaires, beaucoup plus que nos sociétés du Nord.

Rester optimiste

Les conclusions du rapport peuvent sembler décourageantes, mais des initiatives positives émergent. En 2022, Ottawa a adopté le Cadre de qualité de vie pour le Canada, intégrant des mesures de satisfaction à l’égard de la vie et du sentiment de sens. Le Canada est l’un des rares pays à placer explicitement le bien-être au centre de ses politiques publiques.

D’un point de vue plus local, Barrington-Leigh rappelle que le Québec est depuis peu la province la plus heureuse du pays. Une qualité des institutions et un système de protection sociale robuste pourraient expliquer cet écart avec le reste du Canada.

Si le bonheur canadien est en déclin, des leviers sont à explorer pour inverser la tendance. Miser sur les liens sociaux, changer le modèle qu’emploient les réseaux sociaux pour provoquer de l’engagement et repenser les priorités sociétales pourraient être des solutions à explorer.

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Ligne rouge franchie en Turquie https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/ligne-rouge-franchie-en-turquie/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58053 Contestations historiques face au virage autoritaire d’Erdoğan.

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Depuis le 19 mars, la Turquie est le théâtre d’une profonde crise politique ; l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et figure majeure de l’opposition, en est l’élément déclencheur. D’importantes manifestations se déroulent chaque jour depuis, pour dénoncer le coup déloyal du président Recep Tayyip Erdoğan en perspective des élections présidentielles de 2028. Plus qu’un simple épisode judiciaire, cet événement marque un tournant inquiétant dans la trajectoire politique du pays.

Une autocratie assumée

Ekrem İmamoğlu, membre du Parti républicain du peuple (CHP), s’est imposé en 2019 comme l’adversaire politique principal d’Erdoğan en remportant la mairie d’Istanbul, bastion symbolique et stratégique du pouvoir. Il représentait aux yeux de nombreux Turcs un espoir de renouveau démocratique. Son arrestation pour corruption et liens supposés avec une organisation terroriste a été dénoncée par ses adhérents et par la France, entre autres, comme une manœuvre politique visant à l’écarter de la course présidentielle de 2028.

2028 marque la fin du second et dernier mandat autorisé pour Recep Tayyip Erdoğan. Toutefois, beaucoup redoutent une manœuvre constitutionnelle de sa part pour prolonger son règne. Un potentiel scénario semblable à celui de Vladimir Poutine en Russie, combiné à une répression croissante, alimente les inquiétudes, tant au niveau national qu’international. Cette arrestation marque le franchissement d’une ligne rouge vers la voie de l’autocratie, dans un pays déjà classé 117e sur 167 dans l’indice de démocratie 2024 établi par The Economist. Alors que Erdoğan parvient à concentrer de plus en plus de pouvoir entre ses mains, que la presse indépendante est progressivement censurée et que le judiciaire est accusé de partialité, la Turquie semble prendre un tournant autocratique, brisant tout espoir de démocratie pour les prochaines années sous Erdoğan.

Les rues turques en ébullition

Depuis l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, la Turquie est en proie à une mobilisation populaire d’une ampleur inédite. Le 29 mars, près de 2,2 millions de personnes se sont réunies dans le parc de Maltepe à Istanbul, selon les organistateurs. Ce rassemblement, autorisé au dernier moment, a transformé la rive asiatique de la ville en un immense océan rouge et blanc, aux couleurs du drapeau national. Sur scène, Özgür Özel, président du CHP, a dénoncé ce qu’il qualifie de « coup d’État du régime » et promis de poursuivre la « marche vers le pouvoir ».

La foule, composée de tous les bords de l’opposition, de militants de gauche, d’étudiants, de mouvements féministes ou ultranationalistes, semblait unie par une même conviction : défendre les libertés démocratiques.

« La jeunesse manifeste parce qu’elle n’a plus rien à perdre. Nos conditions de vie sont pires que celles de nos parents »
Ece, étudiante à McGill

À la suite de cette mobilisation, de larges répressions ont été instaurées : plus de 2 000 personnes ont été arrêtées depuis le début des événements, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Alors que les chaînes de télévision et les journaux proches du pouvoir contrôlent près de 90% du paysage médiatique turc, l’autorité de surveillance des médias RTÜK a imposé de nouvelles sanctions à des diffuseurs de l’opposition. Les chaînes NOW TV, Halk TV et TELE1 ont reçu des amendes, tandis que Sözcü TV s’est vue interdite d’antenne pour les 10 prochains jours. Des ONG dénoncent un usage excessif de la force. Les journalistes sont également pris pour cibles ; 12 d’entre eux ont été arrêtés à ce jour. Malgré la répression et la censure, le mouvement ne faiblit pas. Selon un sondage de l’institut Konda, 73% des Turcs soutiennent les manifestations, y compris au sein de l’électorat traditionnel d’Erdoğan.

La voix de la diaspora : la jeunesse turque à McGill

À des milliers de kilomètres d’Istanbul, la jeunesse turque installée à Montréal suit de près les événements. Pour un étudiant turc de McGill, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité, « ce qui se passe est une attaque contre la démocratie et contre notre pays (tdlr) ». Selon lui, l’arrestation d’İmamoğlu « rapproche la Turquie d’une dictature, et, malheureusement, on n’en est pas si loin ». İmamoğlu, dit-il, « représente l’honnêteté et la justice ». Il estime que les manifestants « devraient avoir le droit de protéger leurs droits et leur pays contre un gouvernement tyrannique ». Quant au soutien persistant pour Erdoğan par certains Turcs, il l’explique par « de l’ignorance ou de l’égoïsme ». Il confie également ressentir de l’inconfort et de l’anxiété à exprimer ses idées, surtout en ligne : « J’ai vu des journalistes et d’autres opposants être arrêtés. »

Il conclut : « En fin de compte, ce sont eux qui se font frapper et asperger de gaz lacrymogène. Notre inconfort n’est rien comparé au leur. » Ece, également étudiante à McGill, perçoit ces événements « d’une manière positive ». Pour elle, cette mobilisation révèle un changement de mentalité : « Les gens laissaient passer les abus, mais cette fois, ils réagissent. » Elle souligne l’importance symbolique d’İmamoğlu, capable de rassembler des appuis « provenant d’horizons politiques très différents », dans un pays profondément divisé. « Il utilise un langage inclusif, et je pense qu’on a besoin de ça. » Même si elle dit avoir perdu espoir dans la culture de la protestation après la répression du mouvement de Gezi en 2013, elle affirme que la situation actuelle est différente : « La jeunesse manifeste parce qu’elle n’a plus rien à perdre. Nos conditions de vie sont pires que celles de nos parents. » Des membres de sa famille participent aux marches ; des amis à elle ont été arrêtés ou blessés. À Montréal, elle manifeste chaque samedi, le visage couvert : « Ils arrêtent des gens juste pour avoir tenu un drapeau. Alors, on est prudents. »

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Quand l’armement américain ne fait plus l’unanimité https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/quand-larmement-americain-ne-fait-plus-lunanimite/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57865 Washington inquiète ses alliés par son imprévisibilité.

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L es dernières semaines ont vu plusieurs alliés traditionnels des États-Unis remettre en question certains de leurs contrats d’armement avec le complexe militaro-industriel américain. En première ligne : le F‑35, l’avion de chasse de 5e génération ultra-connecté, mais aussi les sous-marins de type Virginia. Ces revirements soulèvent des questions sur une éventuelle perte d’attractivité de l’armement américain. L’incertitude liée à l’administration Trump suscite en effet crainte et méfiance chez les alliés traditionnels des États-Unis, notamment en matière de défense.

Au milieu d’une crise diplomatique et politique sans précédent entre les États-Unis et le Canada, le nouveau premier ministre canadien, Mark Carney, a ordonné le 15 mars dernier la réévaluation du contrat de 19 milliards de dollars conclu avec l’entreprise américaine Lockheed Martin pour l’acquisition des avions de combat F‑35. Cette décision s’inscrit notamment autour d’un litige avec le constructeur américain, qui refuse de donner l’accès au « code source » de l’aéronef. Une telle restriction empêche le Canada de disposer d’un contrôle total sur l’appareil, alimentant les craintes que Lockheed Martin et les États-Unis puissent en conserver un contrôle à distance, une dépendance technologique critique que l’industriel et le Pentagone ont toutefois démentie.

Des alliés sur la réserve

Mark R. Brawley, professeur à l’Université McGill au département des sciences politiques, rappelle que le F‑35 est au cœur de vifs débats à l’international : « Le F‑35 est compliqué, principalement parce qu’il a été conçu par et pour les Américains ; il ne correspond pas forcément aux besoins canadiens.(tdlr) »

Lorsqu’on lui demande ce que doit être capable de faire un avion de chasse moderne, il précise : « Il doit être capable de combattre de potentiels ennemis, comme la Chine, la Russie ou leurs pays relais. Dans ce domaine, le F‑35 excelle. Il y a peu d’alternatives. » Ces propos mettent en lumière le dilemme auquel sont confrontés les élus canadiens : aller au bout de ce contrat malgré toutes les incertitudes ou se tourner vers l’une des rares alternatives, au risque d’aggraver davantage la situation. Il est important de rappeler que le Canada collabore étroitement avec les États-Unis depuis plusieurs décennies sur les questions de défense (système de communication, formation, armement…) Un éventuel divorce diminuerait considérablement la force de projection du Canada à l’étranger, en plus d’affaiblir très largement sa défense.

« L’administration Trump se tire une balle dans le pied, au moment même où l’industrie américaine devrait dominer le marché »

Mark R. Brawley, professeur de sciences politiques

Un cas similaire s’est produit récemment au Portugal, où le gouvernement a décidé de ne plus se tourner vers le F‑35 pour remplacer sa flotte vieillissante de F‑16, par crainte que les États-Unis ne se montrent pas un allié aussi fiable qu’auparavant, a expliqué le ministre portugais de la Défense sortant, Nuno Melo. Ce dernier estime que la « prévisibilité » doit être un facteur essentiel lors d’un tel choix. Ce climat de doute a très certainement été renforcé après avoir observé la pression américaine exercée sur l’Ukraine, avec notamment l’interruption de l’aide promise. Une situation qui nourrit la crainte que le F‑35 soit confronté à de telles restrictions en termes de pièces de rechange ou de mise à jour logicielle si la coopération avec les Américains devait être interrompue.

De l’autre côté du globe, l’Australie connaît l’émergence d’une vague de critiques dans le cadre de l’accord AUKUS, qui prévoit l’achat de sous-marins américains et britanniques. D’anciens membres du gouvernement et de l’armée remettent désormais en question ce partenariat : coûts trop élevés, délais jugés déraisonnables et surtout des doutes sur la pertinence de ces sous-marins dans les eaux australiennes. Le professeur Brawley explique : « C’est un peu comme ce que j’avais dit vis-à-vis des F‑35 : ces sous-marins sont conçus initialement pour répondre aux besoins américains. »

L’Europe face à une opportunité stratégique historique

Face à ces remises en question, une question s’impose : assistons-nous à un déclin de l’influence du complexe militaro-industriel américain? « Absolument, oui », affirme le professeur Brawley. Il estime que l’administration Trump agit à contre-courant de ce que devrait faire une puissance militaire dominante : « L’administration Trump se tire une balle dans le pied, au moment même où l’industrie américaine devrait dominer le marché. Le matériel américain a pourtant largement fait ses preuves sur le terrain, notamment en Ukraine, en démontrant sa nette supériorité face à l’équipement soviétique. Ce conflit aurait dû lui servir de très bonne publicité. »

« Un éventuel divorce diminuerait considérablement la force de projection du Canada à l’étranger, en plus d’affaiblir très largement sa défense »

Mais à force de multiplier les tensions avec ses alliés, à travers ses politiques tarifaires et sa diplomatie, l’administration américaine ouvre la voie à d’autres fournisseurs rivaux : « Si les pays n’estiment pas pouvoir faire confiance aux États-Unis pour assurer l’approvisionnement de cet équipement, alors ils vont se tourner vers le peu d’alternatives de qualité similaire, et l’Europe est un candidat crédible. » Cette situation remet également en question la logique de dépendance technologique, et plus largement les choix en matière de défense, en ouvrant la voie à la promotion d’un modèle européen plus autosuffisant. Bien que dominant sur le marché, le géant américain perd progressivement du terrain, à cause de facteurs politiques et techniques, décourageant certaines nations à faire recours à leur service afin de se procurer leur matériel militaire.

Brawley ajoute : « Cela crée des opportunités pour les Européens, qui peuvent s’imposer sur des marchés où les acheteurs tournent le dos aux produits américains. Les industries françaises et allemandes risquent d’en bénéficier. »

L’Europe, qui revendique une volonté d’autonomie stratégique depuis plusieurs années, voit donc s’ouvrir une fenêtre d’opportunité. Si elle parvient à se coordonner et à proposer une offre crédible, elle pourrait profiter du recul de l’attractivité américaine pour renforcer sa propre base industrielle de défense et retrouver une place de choix sur la scène internationale. Plus qu’une remise en cause des seuls contrats, c’est une redéfinition profonde des alliances et de l’ordre mondial qui semble s’esquisser.

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L’Université Columbia rend les armes https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/luniversite-columbia-rend-les-armes/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57889 Une ingérence politique inédite de l’administration Trump.

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Le vendredi 21 mars, l’Université Columbia à New York a annoncé son intention d’appliquer une série de mesures exigées par l’administration de Donald Trump. Cette décision intervient dans l’espoir de récupérer les 400 millions de dollars de fonds fédéraux que le gouvernement avait suspendus, accusant l’établissement de tolérer l’antisionisme et l’antisémitisme sur son campus.

Dans une lettre adressée au gouvernement américain, Columbia s’est engagée à revoir en profondeur sa gestion des manifestations étudiantes, à adopter une définition stricte de l’antisémitisme et à réformer plusieurs départements académiques, notamment ceux consacrés au Moyen-Orient, à l’Afrique et à l’Asie du Sud.

Depuis plusieurs semaines, Columbia tente de concilier les pressions gouvernementales avec la mobilisation persistante de ses étudiants, qui manifestent pour la liberté d’expression et la cause propalestinienne. La décision du 21 mars marque un tournant majeur, susceptible d’avoir des répercussions sur d’autres universités américaines confrontées aux mêmes tensions sous la gouvernance de Trump.

Le corps étudiant en colère

Depuis le début du mois de mars, des manifestations agitent le campus de Columbia et les rues de New York. Celles-ci s’attaquent aux mesures imposées par Trump, mais aussi à la réaction jugée trop conciliante de l’université. La semaine dernière déjà, pour apaiser la pression fédérale, Columbia avait pris la décision de sanctionner les étudiants impliqués dans le campement propalestinien de l’été 2024. Certains risquent l’expulsion ou la perte de leurs diplômes, tandis que d’autres font déjà face à des poursuites judiciaires.

« Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation »
Camille, étudiante à Columbia

L’affaire a pris une tournure dramatique début mars avec l’arrestation par la police fédérale de l’immigration (ICE) de Mahmoud Khalil, un Palestinien diplômé de Columbia et figure du mouvement étudiant. Son interpellation, qui pourrait conduire à son expulsion du pays, a provoqué une vague d’indignation dans le monde universitaire. À l’heure actuelle, Khalil est toujours détenu en Louisiane, bien qu’il possède les documents nécessaires pour justifier sa présence légale aux États-Unis.

Camille, étudiante en programme de maîtrise à Columbia, témoigne : « C’est difficile, parce qu’on a envie de prendre la parole pour exprimer notre colère face à la situation – que ce soit les coupes budgétaires ou les arrestations – mais le fait de lever la voix nous expose à beaucoup de dangers. Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation. » Elle ajoute que la situation actuelle sur le campus est très tendue et anxiogène : « C’est vraiment inquiétant, surtout en tant qu’étudiants étrangers, de se dire qu’à tout moment sur le campus ou aux abords on peut se retrouver face à l’ICE ou le DHS [Department of Homeland Security], qu’on peut assister à la déportation de quelqu’un », confie-t-elle.

Un élan de solidarité au-delà des frontières

Au Canada, des universitaires et associations étudiantes ont exprimé leur soutien aux étudiants de Columbia. L’association Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR) de l’Université McGill a publié un message de soutien à Mahmoud Khalil sur Instagram : « Depuis 16 mois, nous avons vu des administrateurs d’universités à travers l’Amérique du Nord collaborer avec la police, les gouvernements fédéraux et les groupes de pression sionistes pour tenter d’étouffer l’Intifada étudiante. […] Les étudiants canadiens ne sont ni inconscients ni immunisés contre la répression de l’État. Nous exigeons la libération de Mahmoud Khalil et le désinvestissement immédiat! (tdlr) »

Alors que les tensions ne faiblissent pas, la situation de Columbia illustre un climat de plus en plus hostile aux mouvements étudiants contestataires aux États-Unis, et pose la question de l’avenir de la liberté d’expression dans les campus américains.

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Déclarations incendiaires de J.D. Vance à Munich https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/declarations-incendiaires-de-j-d-vance-a-munich/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57585 Un tournant diplomatique dans la guerre en Ukraine.

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V endredi 14 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité, réunissant des dirigeants mondiaux, des ministres et d’autres responsables politiques de premier plan, J.D. Vance a créé le choc. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce que le vice-président américain s’exprime sur la guerre en Ukraine, les États-Unis demeurant leur principal soutien militaire face à l’invasion russe, il a surpris en ne prononçant pas un mot sur le sujet. Vance a plutôt choisi de donner une leçon aux représentants européens sur leur gouvernance démocratique : « la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur externe. Ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales. […] Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne recule (tdlr). » Je me suis entretenu avec Juliet Johnson, politologue et professeure de science politique à l’Université McGill spécialiste de la Russie, pour tenter de comprendre cette déclaration.

Un choix diplomatique (in)conscient

L’angle de l’attaque, la liberté d’expression, peut d’abord surprendre. Cette déclaration survient néanmoins à la suite de l’annulation du premier tour des élections présidentielles roumaines dans laquelle Călin Georgescu, candidat d’extrême droite pro-russe, est arrivé en tête, à la surprise générale, avec 22% des suffrages. La Cour constitutionnelle roumaine a pris cette décision sous suspicion d’interférence russe dans la campagne éclair du candidat sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok.

Ignorant ces éléments de contexte, J.D. Vance a interprété cette décision comme un signe de recul démocratique en Europe : « si vous avez peur de vos propres électeurs, il n’y a rien que les États-Unis puissent faire pour vous. » Au sujet de la Roumanie spécifiquement, il a déclaré : « lorsque nous voyons des cours européennes annuler des élections […] nous devons nous demander si nous nous tenons à des normes assez élevées. » Selon la Dre Johnson, l’utilisation de la notion de « liberté d’expression » n’est alors pas à prendre au premier degré : « J.D. Vance comprend la liberté d’expression comme la liberté pour lui et les partisans de Trump de dire ce qu’ils désirent sans être critiqués. » Un choix de mots qu’elle juge témoin « d’ignorance » alors que Trump prévoit d’interdire l’usage de quelque 120 mots dans les travaux universitaires américains, comme « préjugé » ou « climat » sous la menace de retraits de financement. « Leur partisanisme les empêche de voir cette décision-ci comme une attaque contre la liberté d’expression », indique-t-elle.

Plusieurs pistes peuvent être établies pour expliquer les déclarations de J.D. Vance : volonté de déstabilisation des démocraties libérales? Une envie de plaire à la Russie? Ou encore de créer le choc pour ne pas avoir à se positionner sur le sujet sensible de l’Ukraine? Dre Johnson, de son côté, est formelle : « l’objectif de ces déclarations est d’affirmer la dominance américaine et de semer la division en Europe. » Néanmoins, elle précise que « ces déclarations montrent surtout l’étendue du manque de culture de J.D. Vance vis-à-vis de l’Europe, et des relations internationales en général. […] C’est un novice à la confiance démesurée par rapport à ses connaissances. » Elle rappelle également que cette stratégie n’est pas forcément efficace : « un retour de flamme s’opère clairement ; les dirigeants européens ont remis sur la table la question des efforts de défense paneuropéens pour la première fois depuis longtemps. » Depuis une semaine, l’Europe multiplie en effet les sommets. Ses dirigeants étaient à Paris le lundi 17 février pour convenir de l’élaboration et du financement d’une politique commune de défense. Une réaction qui s’inscrit dans le contexte plus large de la non-fiabilité des États-Unis de Trump, qui sont « connus pour ne pas respecter les accords qu’ils signent », explique Dre Johnson.

Europhobie… et russophilie

Les propos du vice-président s’inscrivent dans une stratégie diplomatique plus large du camp de Trump vis-à-vis la guerre en Ukraine : celle de s’éloigner de l’Europe et de se rapprocher de la Russie. Le président américain s’est ainsi longuement entretenu au téléphone mercredi dernier avec son homologue russe Vladimir Poutine, sans la présence de l’Union européenne ni de l’Ukraine, dans la quête d’un plan de paix. Une discussion préliminaire de laquelle Poutine sort grand gagnant, selon Dre Johnson : « l’équipe de Trump a déjà concédé à tout ce que Poutine veut : la non-intégration de l’Ukraine à l’OTAN, l’abandon de plus d’un cinquième du territoire du pays, l’idée du besoin d’élections en Ukraine… ce sont les principales demandes du Kremlin! »

Comment comprendre alors ce revirement? Similairement à son analyse de J.D. Vance, Dre Johnson blâme « l’absence de compétences diplomatiques » de Trump : « l’auteur de The Art of the Deal commet deux fautes majeures : la relâche de tous ses leviers de négociations dès le début, et l’exclusion de partis clés. Ce sont des erreurs d’amateur. » En effet, l’absence de l’Ukraine des négociations, qui témoigne selon la professeure de « la vision du monde simpliste de Trump, concentrée seulement sur les grandes puissances », pourrait mener à l’échec de l’entreprise. « L’Ukraine, surtout supportée par l’UE, n’acceptera jamais ces termes, et les États-Unis ne peuvent pas les y forcer », explique-t-elle.

Volodymyr Zelensky, de son côté, commence à pointer du doigt ses désaccords avec la méthode Trump. Interrogé au lendemain du discours de Vance, il réclamait la présence de l’Europe et de l’Ukraine aux négociations : « nous sommes très reconnaissants à l’égard des États-Unis. Ils nous ont beaucoup donné et soutenu […] et nous sommes également très reconnaissants à l’égard de l’UE, un partenaire stratégique important. C’est pourquoi il faut que l’on soit au même niveau, côte à côte, et à la table des négociations. » D’abord diplomate, le président ukrainien a changé de ton mercredi, après que Trump a accusé l’Ukraine d’avoir « commencé la guerre », il a déclaré : « le président américain vit malheureusement dans un espace de désinformation [russe]. » Des propos soutenus par Dre Johnson : « Trump en sait très peu au sujet de l’Ukraine, et ment énormément, souvent par ignorance. Il a par exemple déclaré que la cote de popularité de Zelensky était de 4%, alors qu’elle est en réalité de 57%. C’est un grand consommateur de la propagande russe. » L’heure semble donc à l’escalade entre les deux leaders. Quelques minutes après notre entrevue avec Dre Johnson mercredi 19 février, Trump a qualifié Zelensky de « dictateur sans élections ». Le lundi suivant, les États-Unis ont voté contre une résolution de l’ONU condamnant la Russie pour la guerre, aux côtés de Moscou et de ses soutiens. L’administration Trump s’est également abstenue de voter sur sa propre résolution appelant simplement à une négociation pour mettre fin à la guerre. Les États-Unis ont ainsi confirmé leur rupture diplomatique avec l’UE et l’Ukraine à travers les organisations internationales.

Que doit-on attendre de la suite de la guerre?

Ainsi, malgré la tentative de diplomatie éclair du président américain, un accord de paix durable semble encore loin, selon Dre Johnson. Elle explique : « Vladimir Poutine, comme Trump, n’est pas connu pour respecter les accords qu’il passe. […] Pourquoi les Russes s’arrêteraient-ils, ils gagnent! Ils contrôlent un cinquième du territoire ukrainien, et n’ont aucune raison d’interrompre les hostilités. » Interrogée sur les difficultés militaires russes, elle répond : « ils traversent en effet des difficultés, notamment de conscription. Ils ont été obligés de promettre des bonus, d’appeler des soldats nord-coréens et des sociétés militaires privées. Mais tout est relatif ; ils restent moins en danger que l’Ukraine, qui risque des carences de ravitaillement militaire et de soldats. L’Ukraine demeure en effet un pays bien moins peuplé que la Russie, ce qui signifie que, malgré le nombre supérieur de pertes russes, chaque perte ukrainienne compte plus. » L’analyse de Dre Johnson nous permet d’y voir plus clair dans la diplomatie agressive de Trump et son administration. Quelques jours après le troisième anniversaire de l’invasion russe, l’arrêt des hostilités ne semble pas être facilité par l’arrivée au pouvoir des républicains. En ignorant les demandes et positions de l’Union européenne et de l’Ukraine tout en se rapprochant de celles de la Russie, Trump pousse l’Europe à une réorganisation stratégique.

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Vivre les élections fédérales allemandes à l’étranger https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/vivre-les-elections-federales-allemandes-a-letranger/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57661 Soirée électorale à l’Institut Goethe de Montréal.

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Dimanche dernier, environ 60 millions d’Allemands ont été appelés à voter pour les élections fédérales allemandes, afin d’élire un nouveau parlement. Ces élections anticipées avaient été annoncées par le chancelier Olaf Scholz en décembre, à la suite de la dislocation de la coalition « feu tricolore », composée du Parti social-démocrate (SPD), des Verts, ainsi que du Parti libéral-démocrate (FDP). C’est finalement le parti conservateur CDU/CSU de Friedrich Merz qui est sorti vainqueur des élections, avec 28,5% des votes. Pour cette occasion, le consulat général d’Allemagne à Montréal et l’Institut Goethe de Montréal ont organisé une « Wahlparty » ou « fête électorale » afin de permettre à la communauté germanique de suivre les élections en compagnie. Au total, une petite trentaine de personnes s’est retrouvée à l’angle de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, afin de partager ce moment autour d’un café, d’une pâtisserie, ou d’un bretzel.

Des élections cruciales

Si l’ambiance à l’institut Goethe était légère, les élections fédérales restent cruciales pour l’avenir de l’Allemagne. Le Bundestag [parlement] est la branche la plus importante de la gouvernance allemande – sa composition influençant quels partis gouvernent et qui devient chancelier·ère. Ces élections ont été marquées par une percée de l’AfD – parti d’extrême droite. En janvier, le parti avait notamment fait parler de lui lorsqu’un projet de « remigration » visant à expulser plus de deux millions de personnes étrangères ou allemandes d’origine étrangère. Pendant la campagne, l’AfD a bénéficié du soutien du milliardaire américain Elon Musk, avec qui la cheffe du parti, Alice Weidel, s’est entretenue en vidéoconférence sur la plateforme X, le 9 janvier dernier.

« Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique »

Pendant la fête électorale, Le Délit a pu interroger Linda et Stefan, deux Allemands originaires de Bavière, établis à Montréal depuis un an. Linda nous a confié son ressenti sur le comportement de Musk : « pour moi, il est très inquiétant de voir un milliardaire américain essayer si ouvertement d’interférer avec les élections allemandes. Honnêtement, je ne pense pas que cela ait eu un gros impact sur les élections. Bien que cela ait provoqué une grande agitation dans les médias, ça n’a pas fait basculer les électeurs indécis vers une direction ou une autre. J’ai trouvé que la conversation entre Weidel et Musk était parfois gênante et maladroite, comme s’ils n’avaient rien à se dire… (tdlr) » Le parti d’extrême droite a réalisé le plus haut score de son histoire, se classant en deuxième position derrière le CDU/CSU avec 20% des suffrages. Regardant avec dépit l’écran géant, Stefan affirme : « c’est ce que les plus récents sondages prédisaient, donc je ne suis pas étonné, mais cela n’est tout de même pas agréable à voir. »

Observer depuis l’étranger

Pour les deux Allemands, cette première expérience de vote depuis l’étranger a été amère. Contrairement à d’autres pays, il n’existe pas de circonscription dédiée aux Allemands établis à l’étranger : les électeurs doivent voter pour leur circonscription d’origine, en Allemagne. Pour ce faire, ils sont contraints d’envoyer leur vote par la poste, ce qui a posé problème à de nombreux Allemands. Selon Linda, comme « les élections qui devaient initialement avoir lieu en automne ont été anticipées à la suite de la chute de la coalition, cela nous a laissé très peu de temps pour faire le processus administratif. Nous n’avons donc pas eu le temps de voter ». Dans un communiqué, la présidente fédérale des élections a reconnu avoir reçu de nombreuses plaintes à ce propos en fin de campagne, sans apporter d’autres réponses que « la seule option restante est de se rendre dans un bureau de vote en allemagne ». Préoccupé, Stefan ajoute que « le manque de numérisation et la bureaucratie moderne font que les élections sont en quelque sorte biaisées, car la majorité des personnes vivant à l’étranger sont plus progressistes, mais leur vote est perdu à cause de la lenteur administrative ».

Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique. Malgré les signes de division et de polarisation indiqués par les résultats des élections, la fête électorale s’est déroulée
au sein d’une ambiance amicale. Cela montre que, malgré les potentielles divisions politiques, les gens peuvent tout de même se retrouver, pour discuter autour d’un café et d’un bretzel.

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Serbie et Roumanie : crises et contestations https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/serbie-et-roumanie-crises-et-contestations/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57503 Ingérence, corruption, manifestations : une Europe de l’Est en ébullition.

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Cela fait maintenant trois mois que la Serbie est le théâtre de manifestations massives à travers tout le pays. Il s’agit de la crise sociale la plus intense depuis les années 1990. La jeunesse, en tête du mouvement, proteste contre la corruption endémique de l’État. Cela fait suite à l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad, récemment rénové, qui a causé la mort de 15 personnes le 1er novembre 2024. La population estime que la corruption et la gestion frauduleuse des contrats publics seraient directement liées à la tragédie.

En réponse, un mouvement de contestation se forme rapidement. Le ministre des Transports démissionne, mais la colère persiste. Les divisions populaires s’exacerbent, des étudiants sont passés à tabac par des inconnus cagoulés, et la liste des demandes s’allonge sur les lignes de la transparence et de la justice. Le gouvernement tente d’apaiser la situation en faisant certaines concessions, mais rien n’y fait : les manifestations continuent et s’intensifient. Fin janvier, le premier ministre serbe est contraint de démissionner. Le président Aleksandar Vučić demeure le dernier pilier du pouvoir, mais le mouvement ne faiblit toujours pas.

Comment expliquer cette crise et l’ardeur des manifestants? Un réel changement est-il possible? Le Délit s’est entretenu avec David Dubé, doctorant en science politique à l’Université McGill et spécialiste de l’Europe de l’Est. Il rappelle que les Balkans ont historiquement fonctionné sous une « culture de gouvernance informelle basée sur les connexions personnelles et la corruption ». La Serbie, bien que candidate à l’Union européenne depuis 15 ans, n’a jamais connu de véritable démocratisation, pourtant une condition non négociable pour intégrer l’Union. Cela explique en partie la ferveur des manifestants.

Dubé souligne l’ampleur inédite du mouvement, mais insiste sur la nécessité d’un soutien extérieur : « Les autres pays européens ainsi que l’UE doivent reconnaître les efforts des Serbes et les soutenir politiquement. » Il reste à voir si ces manifestations amorceront un changement profond, ou plongeront la Serbie dans une crise prolongée qui pénalisera la population.

Roumanie: crise et incertitudes

Pendant ce temps, la Roumanie traverse aussi une crise politique majeure, mais cette fois au niveau institutionnel plutôt que populaire. En décembre 2024, la Cour constitutionnelle annule l’élection présidentielle en raison de soupçons d’ingérence russe en faveur du candidat indépendant d’extrême droite Călin Georgescu. Une campagne de désinformation sur TikTok aurait favorisé ce dernier, arrivé en tête du premier tour à la surprise générale. Ce 12 février, l’actuel président Klaus Iohannis a quitté ses fonctions afin d’apaiser la crise, laissant la Roumanie sans réel gouvernement.

Georgescu, pro-russe et anti-OTAN, incarne le populisme extrême et s’affirme comme un outsider politique. Cette crise sape la légitimité démocratique d’un pays membre de l’UE depuis 2007, et pourrait entraîner des changements à long terme. Les élections, reportées au mois de mai, pourraient bien mener à sa victoire. Traditionnellement proche de l’Occident depuis 1991, la Roumanie pourrait ainsi se rapprocher du Kremlin.

« L’arrivée d’un dirigeant comme Georgescu pourrait permettre à la Russie de poursuivre ses attaques contre le consensus pro-Ukraine en Europe », explique Dubé. Si Georgescu venait à être élu aux côtés d’autres populistes européens, comme l’AfD en Allemagne, Dubé estime que « l’impact de gouvernements pro-russes et antidémocratiques pourrait être significatif », transformant la politique de sécurité européenne.

Un autre enjeu clé est l’influence des réseaux sociaux dans cette crise. Dubé souligne que « la campagne électorale roumaine s’est construite sur le dos de fausses nouvelles propagées par des médias et influenceurs à la solde de Moscou ». Aujourd’hui, l’UE reste mal équipée pour contrer ces ingérences. « Il est plus difficile de tracer le financement des personnes participant à ces réseaux sociaux, tout comme le contenu des informations partagées. Il est donc facile de dissimuler du contenu politique faux sur ces plateformes tout en évitant d’être attrapé, en comparaison aux médias traditionnels », précise-t-il.

Ces crises en Serbie et en Roumanie illustrent les tensions qui traversent l’Europe de l’Est, entre aspirations démocratiques et influences extérieures pesantes. Leur issue entraînera des répercussions bien au-delà de leurs frontières.

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Course à l’IA : Pékin contre-attaque https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/course-a-lia-pekin-contre-attaque/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57355 DeepSeek, l’IA chinoise qui défie la Silicon Valley.

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Début 2025, DeepSeek, une jeune entreprise chinoise spécialisée en intelligence artificielle, annonce son premier modèle de raisonnement : DeepSeek-R1. Se voulant aussi performant que ses concurrents américains, ce nouveau système a provoqué un véritable séisme dans la Silicon Valley. Son modèle, avec un code source libre (open source), développé avec un budget dérisoire, remet en question l’hégémonie technologique des États-Unis et lance la course à l’IA entre Washington et Pékin.

David contre Goliath

Fondée en 2023 à Hangzhou en Chine par Liang Wenfeng, DeepSeek était initialement une entreprise axée sur les algorithmes de trading. Rapidement, elle s’est orientée vers l’intelligence artificielle, avec l’ambition de créer un modèle performant capable de rivaliser avec les chefs de file du secteur. Contrairement aux mastodontes américains, comme OpenAI ou Anthropic, qui reposent sur des milliards de dollars d’investissements et qui ont pour objectif d’innover, DeepSeek a misé sur une approche beaucoup plus frugale. Son secret? L’optimisation du code de modèles existants, disponibles en code source libre.

L’annonce de DeepSeek-R1 a secoué les marchés financiers. Développé avec un budget de seulement 10 millions de dollars, bien loin des investissements colossaux d’OpenAI ou Meta, ce modèle a soulevé l’hypothèse d’une surévaluation du marché de l’intelligence artificielle aux États-Unis. En réaction, le leader du marché, Nvidia, a perdu 17% de sa valeur en 24 heures et a entraîné le NASDAQ à la baisse avec un retrait de 2 000 milliards de dollars des marchés financiers, l’équivalent du PIB français, et ce, en quelques heures. Par ailleurs, cette percée est survenue peu après l’annonce du plan Stargate : près de 500 milliards de dollars d’investissement prévus par l’administration Trump pour renforcer l’infrastructure de l’IA. Marc Andreessen, entrepreneur influent et conseiller de Donald Trump, a décrit cet événement comme un « moment Spoutnik », faisant référence à l’affolement provoqué par le premier satellite soviétique sur les marchés américains en 1957, dans le cadre de la course à l’espace pendant la Guerre froide.

En parallèle, l’application DeepSeek est devenue l’une des plus téléchargées sur iPhone aux États-Unis, en Australie, en Chine et au Royaume-Uni, démontrant l’intérêt et la curiosité des consommateurs pour cette alternative au colosse ChatGPT.

Course à l’IA : la Chine redistribue les cartes

Au lieu de développer son IA à partir de zéro, comme OpenAI ou Anthropic, la start-up chinoise a optimisé des architectures déjà disponibles, réduisant ainsi les coûts de développement et d’entraînement de son modèle. Tout cela en étant contrainte d’utiliser des puces moins puissantes, à cause des restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. DeepSeek prouve qu’un modèle performant peut être conçu avec des ressources limitées.

L’aspect du code source libre joue un rôle central : en rendant son modèle accessible à tous, DeepSeek suit une philosophie initialement prônée par OpenAI avant son virage vers une approche fermée. Ce choix permet une collaboration mondiale, où entreprises et chercheurs peuvent œuvrer ensemble pour améliorer le modèle.

Mais DeepSeek ne se distingue pas seulement par son modèle économique. Son PDG, Liang Wenfeng, adopte une politique de recrutement atypique, misant sur de jeunes diplômés et des profils issus des sciences humaines plutôt que sur des ingénieurs expérimentés. Selon lui, « l’expérience peut être un frein à l’innovation (tdlr) », car les experts établis ont tendance à reproduire ce qu’ils connaissent déjà, tandis que les jeunes diplômés, moins sûrs d’eux, explorent davantage de solutions nouvelles. Dans une entrevue donnée au média chinois 36Kr, il expliquait : « les travailleurs expérimentés ont des certitudes sur la bonne manière de faire, alors que les jeunes se remettent constamment en question, ce qui les pousse à innover ». Un pari risqué, mais qui, à en juger par le succès fulgurant de DeepSeek, semble avoir porté ses fruits.

L’arrivée de DeepSeek-R1 bouleverse l’équilibre de la course à l’intelligence artificielle entre la Chine et les États-Unis, un affrontement qui rappelle la course à l’espace du 20e siècle. Conscients de l’enjeu stratégique, les États-Unis avaient tenté d’entraver les avancées chinoises en restreignant l’exportation des puces Nvidia vers la Chine. Pourtant, le PDG de DeepSeek avait anticipé ces restrictions en commandant des milliers de puces performantes à l’avance, lui permettant de bénéficier d’une partie de la puissance des dernières puces Nvidia A100. Les cartes sont désormais rebattues : pour la première fois, un modèle chinois s’impose comme un concurrent direct d’OpenAI. En réponse, ce dernier a dû accélérer la sortie de son modèle « OpenAI o3 mini ». De plus, ce n’est pas seulement DeepSeek qui inquiète les États-Unis : la plateforme de commerce en ligne Alibaba a également annoncé son propre modèle, Qwen 2.5‑Max, qui se dit encore plus performant que DeepSeek-R1, renforçant davantage la pression chinoise sur le marché mondial de l’IA.

Au-delà des enjeux géopolitiques, le choix du consommateur est aussi redéfini. Pour Théophile et Antoine, étudiants en ingénierie à McGill, l’offre de DeepSeek change la donne. « Honnêtement, DeepSeek est gratuit et assez performant pour l’usage que j’en fais », explique Antoine, « payer 20 dollars par mois pour ChatGPT Plus, ce n’est pas négligeable pour un étudiant ». Théophile ajoute également : « de telles initiatives permettent aux géants de se réinventer pour conserver leurs clients, ces percées technologiques sont dans notre intérêt, nous, les consommateurs ».

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Los Angeles en proie aux flammes https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/los-angeles-en-proie-aux-flammes/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57017 Comprendre la catastrophe : témoignages d’étudiantes américaines.

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Au moment où l’Organisation météorologique mondiale déclare l’année 2024 comme la plus chaude jamais enregistrée, une nouvelle catastrophe climatique balaye Los Angeles. Depuis le 7 janvier, la ville californienne est ravagée par d’immenses incendies, contraignant des dizaines de milliers de personnes à évacuer. À la date du 16 janvier, au moins 24 décès ont été confirmés. Selon le California Department of Forestry and Fire Protection, plus de 40 000 hectares ont brûlé et plus de 12 845 structures réduites en cendres. Les incendies ont détruit de nombreux quartiers huppés, notamment Pacific Palisades entre Santa Monica et Malibu, dont le feu n’est toujours pas circonscrit. Depuis son déclenchement le 7 janvier, l’incendie d’Eaton, dans le nord-est de la ville, a ravagé le quartier historique d’Altadena et des pans entiers de Pasadena. Plus d’une semaine après le début des incendies, la région brûle toujours, attestant des conséquences de la crise climatique.

Un cocktail explosif

Alors que l’origine des incendies reste sous investigation, plusieurs facteurs se sont conjugués pour créer les conditions idéales à des feux d’une telle ampleur. La région californienne a vécu un été exceptionnellement chaud, marqué par une sécheresse persistante. En décembre, les températures étaient nettement supérieures aux moyennes saisonnières, et les précipitations quasi inexistantes. Depuis le mois d’octobre, l’État de la Californie a enregistré seulement quatre millimètres de pluie, aggravant une situation déjà critique. Ces conditions climatiques ont transformé la végétation, desséchée par les vagues de chaleur de 2024, en une biomasse hautement inflammable.

« Dire que les incendies en Californie sont uniquement des catastrophes naturelles, c’est donc oublier l’impact majeur des activités humaines dans leur intensification »

Ce qui a finalement valu à ces incendies le titre de « plus vastes et dévastateurs de l’histoire de la Californie », selon les mots du président américain Joe Biden, sont les vents violents, avec des rafales atteignant jusqu’à 160 km/h. Ces vents ont transporté des braises, accélérant l’avancée des flammes à différents points de la ville.

Ces facteurs naturels ont été exacerbés par des choix humains. La pression démographique, notamment la crise du logement, a poussé la ville de Los Angeles à construire massivement dans des zones à haut-risque d’incendies. De nombreuses habitations, souvent en bois, ont été bâties à l’orée des forêts, augmentant leur vulnérabilité. La Californie illustre ainsi parfaitement l’accentuation des phénomènes météorologiques extrêmes et leurs interactions avec les décisions d’aménagement urbain, créant un terrain favorable à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et destructrices.

Dire que les incendies en Californie sont uniquement des catastrophes naturelles, c’est donc oublier l’impact majeur des activités humaines dans leur intensification. Avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les signaux d’alarme se multiplient. Le milliardaire américain, qui n’a pas hésité à qualifier le dérèglement climatique de « canular », soutient sans détour les industries du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. Les choix politiques du président républicain, loin de ralentir le réchauffement climatique, aggravent les sécheresses et, par conséquent, les risques d’incendies dévastateurs. Avec une telle direction, l’avenir de la planète semble tracé : nous nous dirigeons rapidement vers une catastrophe planétaire.

Témoignages d’étudiantes montréalaises originaires de Los Angeles

En entretien, Camille Ting, étudiante à l’Université Concordia, originaire de Los Angeles, revient sur son expérience en tant qu’ habitante du quartier de Pasadena, dont le nord a été sévèrement touché par le feu Eaton. Elle déplore : « Tout est soit détruit, à moitié brûlé ou inhabitable. Je connais 50 personnes qui ont perdu leur maison. Tout le monde connaît quelqu’un qui a tout perdu. »

« Les vents étaient anormalement forts », confie Camille Ting. « Le courant a été coupé et tout s’est déclenché très vite. » Ses parents, convaincus que les médias exagéraient la réalité des incendies, ont refusé d’évacuer leur maison. Pour des locaux d’une région habituée aux feux saisonniers, cette réaction semblait presque naturelle. Pour Camille, il était clair que cette fois-ci, les événements prenaient une tournure exceptionnelle : « Je savais que ce n’était pas comme ce qu’on avait déjà vécu auparavant ». Alors que les flammes se rapprochaient dangereusement de leur maison, Camille et sa famille ont finalement pris la décision d’évacuer. Ils ont trouvé refuge chez une amie. Elle décrit les scènes qu’elle a vues comme « apocalyptiques, la qualité de l’air était terrible. On traversait les flammes et on voyait le quartier brûler dans le rétroviseur », raconte-t-elle.

« Tout est soit détruit, à moitié brûlé ou inhabitable. Je connais 50 personnes qui ont perdu leur maison. Tout le
monde connaît quelqu’un qui a tout perdu »
Morgan Bories, étudiante à McGill

Camille se souvient avec émotion de la solidarité de la communauté « Le Pasadena Community College a organisé une incroyable collecte de dons. Le campus était transformé en un centre de dons de type service à l’auto. Tous les habitants venaient pour donner tout ce qu’ils avaient. » L’étudiante californienne témoigne : « Il y avait tellement de générosité et d’amour, dès le lendemain des premiers incendies, alors même que les feux n’étaient toujours pas contrôlés. »

Morgan Bories, étudiante en économie à l’Université McGill, a passé la majeure partie de sa vie dans le quartier de Los Feliz, à Los Angeles. Lors du déclenchement des incendies, alors qu’elle se trouvait à Montréal, ses parents ont décidé d’ouvrir les portes de leur maison à ceux qui avaient tout perdu, leur quartier étant situé à une distance relativement sécuritaire des flammes.

Tout comme Camille, Morgan a évoqué l’histoire de son ancienne directrice d’école, très appréciée, dont la maison a été détruite par les flammes, pour souligner la solidarité qui s’est manifestée face à la tragédie. « Un GoFundMe a été lancé par un élève, et de nombreux dons ont afflué de la part d’élèves actuels et anciens, ainsi que des enseignants. Plus de 40 000 dollars ont été amassés en deux jours. La communauté peut vraiment se rassembler face à une catastrophe », souligne-t-elle.

Un avenir incertain

Pour Morgan, « assister à une catastrophe d’une telle ampleur, capable de provoquer autant de destruction en une seule journée, y compris dans des quartiers riches et influents, a été un électrochoc pour beaucoup. Cela a notamment éveillé les consciences de ceux qui considéraient le réchauffement climatique comme un problème distant, auquel ils pensaient pouvoir échapper. » Morgan et Camille insistent désormais sur la nécessité et l’urgence de transformer cet électrochoc en actions concrètes. Après les catastrophes climatiques de 2024, dont les ouragans Helene et Milton en Floride, ou encore les incendies de forêt au Canada, il devient évident qu’aucun endroit n’est réellement à l’abri des conséquences du dérèglement climatique. Avec des désastres climatiques appelés à se multiplier dans les années à venir, la nécessité d’agir devient de plus en plus pressante. Cependant, l’inaction politique à grande échelle jette une ombre inquiétante sur l’avenir de la planète.

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Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/cessez-le-feu-entre-israel-et-le-hamas/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57022 Les réactions de la communauté étudiante montréalaise.

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Après 15 mois de guerre, Israël et le Hamas sont parvenus à un accord pour mettre fin aux hostilités. L’accord, annoncé le 15 janvier, a été approuvé par le gouvernement israélien le 17, et est entré en vigueur le 19. Le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, et un partenariat de deux diplomates, l’un envoyé par l’administration Biden et l’autre issu de celle de Trump, ont travaillé ensemble pour atteindre la trêve. Bien qu’une entente ait été trouvée, rien n’empêche les deux parties de faire de nouvelles demandes pendant les négociations à venir, mettant ainsi l’accord en péril.

Le cessez-le-feu comprend deux phases de six semaines chacune. La première, qui a commencé dimanche, prévoit la libération de 33 otages israéliens et des centaines de prisonniers palestiniens. Parmi les otages pris par le Hamas, 100 personnes demeurent captives à Gaza, dont 35 que le gouvernement israélien croit mortes. Les femmes, les enfants, et les hommes âgés seront libérés en premier. 600 camions transportant de l’aide humanitaire, qui inclut au moins 60 000 demeures temporaires et 200 000 tentes, auront la permission d’entrer à Gaza dès dimanche. Le septième jour du cessez-le-feu, l’armée israélienne retirera ses forces du nord de Gaza, et les Palestiniens déplacés au courant de la guerre pourront y retourner. Le seizième jour, les partis négocieront la deuxième phase, qui doit comprendre des échanges de prisonniers et établir une fin plus permanente aux hostilités. Ce conflit a été déclenché le 7 octobre 2023 lorsque le Hamas, qualifié comme organisation terroriste par plusieurs pays, dont le Canada, a mené une offensive contre Israël, massacrant plus de 1 200 personnes et prenant plus de 250 personnes en otage. Israël a répondu avec force et, selon les autorités palestiniennes, environ 47 000 Palestiniens ont été tués, civils et militants confondus, dont la plupart sont des femmes, des enfants, et des personnes âgées.

Les conséquences du cessez-le-feu

Le professeur Rex Brynen, spécialiste de la politique du Moyen-Orient, la simulation de conflits, et le processus de paix Israëlo-arabe, m’a expliqué les raisons pour lesquelles le cessez-le-feu ne s’est produit que maintenant, après tant de négociations sans succès.

Tout d’abord, les effets de 15 mois de guerre ont commencé à se faire sentir : « Il y a un épuisement considérable chez les deux camps (tdlr) », explique Brynen. « Du côté du Hamas, les morts et les blessés sont nombreux et son soutien parmi les Gazaouis a baissé », tandis qu’Israël « ne peut pas atteindre la victoire totale ». Pourtant d’après le professeur Brynen, cela n’est pas la seule motivation des partis à signer un accord. Donald Trump avait clairement indiqué qu’il désirait la fin de la guerre avant son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, et le professeur Brynen croit que d’une certaine manière, la pression qu’il exerçait était « plus crédible que tout ce que l’administration Biden est parvenue à faire. »

Pourtant, le professeur Brynen estime que le cessez-le-feu est loin d’être stable, en particulier la deuxième phase, dont les détails restent toujours à être négociés. « Quelques membres du cabinet israélien insistent sur une reprise de la guerre après la première phase et la libération partielle des otages », a‑t-il expliqué, puisqu’ils « nourrissent des ambitions d’expulser des Palestiniens du nord de Gaza et y établir des colonies israéliennes.» En effet, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé le 18 janvier qu’il considère le cessez-le-feu comme « provisoire » et a déclaré qu’Israël se garde « le droit de reprendre la guerre au besoin, et ce, avec le soutien des États-Unis ». Ce n’est pas encore clair si le président Trump soutiendra une telle politique, ayant lui-même annoncé des conséquences sévères si tous les otages n’étaient pas libérés dès son retour au pouvoir.

Quant au futur gouvernement de la bande de Gaza, tout demeure « peu clair », précise le professeur Brynen. Il considère qu’une administration palestinienne est « le mécanisme le plus logique », avec l’approbation implicite du Hamas et le soutien des organismes internationaux. Or, il est possible que Netanyahou préfère « le chaos » à Gaza, puisqu’un gouvernement plus stable « le contraindrait de mener des opérations militaires à Gaza et soutiendrait l’initiative pour un État palestinien », explique le professeur.

Les réactions des activistes propalestiniens

Le soir du 16 janvier, des dizaines de manifestants, dirigés par l’association des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR), se sont rassemblés devant le portail Roddick de McGill. La foule incluait plusieurs étudiants mcgillois, mais aussi de nombreuses autres personnes de tous âges, venues exprimer leur soutien pour le mouvement palestinien. Une manifestante mcgilloise a appelé l’événement « une expression d’espoir », tandis qu’un autre a remarqué que c’était « trop tôt pour une victoire ». Une autre a souhaité « mettre McGill dans l’embarras » en manifestant.

Après un moment de silence, la foule a commencé à scander divers slogans, dont « la résistance est justifiée », « l’occupation va tomber » et « de la mer à la rivière » entrecoupés de quelques discours. Un des orateurs proclamait que « le gouvernement israélien a été forcé à parvenir à un accord selon les conditions du peuple palestinien ».

« Tout le monde ici est vraiment heureux », a affirmé une représentante de SPHR qui souhaitait rester anonyme, en notant que « le travail n’est pas fini ». Elle a expliqué que « nous n’allons pas arrêter, en dépit du fait qu’il y ait un cessez-le-feu, nous sommes toujours ici », en affirmant continuer à appeler au désinvestissement. Une autre manifestante estime que le mouvement propalestinien « n’est pas transitoire », mais va plutôt s’inscrire dans la durée.

En décembre, après avoir examiné une requête par quelques membres de la communauté mcgilloise, le Conseil des gouverneurs a nié que l’investissement de McGill puisse être accusé de causer « du préjudice social », puisque les liens avec Israël sont indirects. Cependant, la communauté a trouvé cette politique « inadéquate » parce qu’elle compte « fermer les yeux sur les activités néfastes d’un associé ». La requête appelle McGill à désinvestir de toutes les compagnies ayant des liens économiques, directs ou indirects, avec Israël. La représentante de SPHR, qui a relié les investissements de McGill aux milliers de Palestiniens morts à Gaza, espère que le Conseil « prendra cela pour sérieux pendant la réunion à venir ».

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