Yves Boju - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/yvesboju/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:53:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 Exercice de style sur la critique https://www.delitfrancais.com/2017/02/21/exercice-de-style-sur-la-critique/ Tue, 21 Feb 2017 14:57:11 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27856 Ligne de fuite

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- De tout temps…
– Oh non! Pas encore!
Ces trois mots irritants
Auprès des érudits font de bien piteux scores.

C’est pourtant difficile, pour l’élève novice,
De parfaire son verbe sans connaître ses vices
De donner à l’aveugle quelques coups de bâton
Ne le tire jamais autre part qu’au fond.

De la critique utile, il doit prendre l’exemple
En tout temps, en tout lieu, la sacrer comme temple
Encor’ faut-il, c’est vrai, que la critique existe
Qu’elle ne soit vilaine action, spectacle triste.

La critique n’est pas «l’exutoire pour tous»
Il existe des codes pour la rendre plus douce
Du fond, en premier lieu, pour être justifiée
De la musique, ensuite, afin d’être écoutée.

En ces deux éléments réside l’équilibre
De le rompre, d’accord, vous en êtes bien libres
Apprenez, cependant, qu’un jour y déroger
Vous vaudra, vous l’aurez cherché, la qualité
De «géants aux verticalités contrariées.»

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Je voudrais vous revoir https://www.delitfrancais.com/2017/02/21/je-voudrais-vous-revoir/ Tue, 21 Feb 2017 14:55:24 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27854 Ligne de fuite

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Vous souvenez-vous de l’aube de nos vies éphémères? Une mémoire lasse, consumée peu à peu, a oublié son rang de punie pour rejaillir en clair de lune sur mes solitudes présentes.
Elle me rappelle vos mains, délicates présences du souvenir acharné.
Elle me rappelle vos seins, tendres adolescences au parfum de rosée.
Vos discours effrénés, vos yeux espiègles, vos danses pudiques et nos sommeils apaisés.

Le temps, lui aussi, m’a touché, j’ai vieilli. Quelques-unes de ses blessures les plus savoureuses me donnent encore envie de savoir. Je crois bien avoir besoin de te voir.
L’eau délave les peines au fil du temps et l’on accepte le temps perdu. Je guérirai celui que j’ai perdu par ta vue.
Et tes mains, je les aimerai calmement.
Et tes seins, je les regarderai tranquillement.
Tes discours, tes yeux, tes danses et nos sommeils.

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Une affaire qui tourne rond https://www.delitfrancais.com/2017/01/24/une-affaire-qui-tourne-rond/ Tue, 24 Jan 2017 15:28:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27321 Superior Donuts, deux heures tranquilles au Players’ Theatre.

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Il est toujours délicat de critiquer la pièce d’un ami. C’est le cas aujourd’hui et je m’excuse déjà pour les peines de cœur et les nuits sans sommeil possiblement causées à Clay Walsh. La pièce qu’il dirige, Superior Donuts — écrite par Tracy Letts et présentée en ce moment au Players’ Theatre — n’est pas «à voir absolument». Ce serait trop facile à affirmer et notre lien d’amitié disqualifie déjà cette affirmation. Il faut davantage mentionner quelques éléments afin d’éveiller votre curiosité.

Une générale au Players’ ne vous transcendera jamais, sachez-le. Si vous cherchez ce type d’émotions, rendez-vous donc à un festival dans le Vieux Port. C’est plutôt l’endroit calme de la découverte, du repos physique et de l’activité intellectuelle que veut bien proposer la représentation. C’est donc dans une atmosphère feutrée que nous nous installions mercredi dernier, 6 assis dans une salle de 113  places.

Le décor est réaliste. Il représente un magasin de beignets qui a déjà vécu ses heures de gloire, désormais révolues; quelques chaises et deux tables remplissent une moitié de l’espace scénique alors que l’autre est occupée par un bar sans prétention (mais bien réalisé). Il s’agit du magasin d’Arthur Przybyszewski (Jonathan Vanderzon), un vieil homme résigné à son sort et celui de son magasin, mais qui se liera d’amitié avec Franco Wicks (Sory Ibrahim Kaboré), un jeune Afro-Américain optimiste au passé douteux.

Tout au long de la pièce, les acteurs principaux ont persisté dans la justesse de leur jeu. On pourrait reprocher à Sory Ibrahim Kaboré son manque d’articulation qui parfois dessert le texte, mais qui peut être prêté au côté vivant et passionné du personnage. Un personnage suffisamment naïf d’ailleurs pour qu’on lui pardonne quoi que ce soit. La véritable alchimie entre lui et Jonathan Vanderzon prend place lors d’un dialogue attablé, un moment où l’on oublie que l’on est dans un théâtre et où l’on a envie d’entendre deux hommes parler simplement, d’une génération à l’autre, sans barrières.

Les acteurs principaux ont persisté dans la justesse de leur jeu

De son côté, Jonathan Vanderzon reste juste pendant la large majorité de la pièce. Son plus grand apport est sans doute le rythme qu’il y introduit. Il ponctue de silences délicieux les moments de souvenirs; accoudé au bar, les matinées et les soirées deviennent suffisamment pesantes pour que l’on croit à la fatigue d’un vieil homme. Un vieil homme joué par un jeune, une configuration qui échappe pourtant rarement à la caricature…

Étonnamment, la plus grosse surprise de la pièce vient d’un second rôle: Randy Osteen, jouée par Francesca Scotti-Goetz, une officière de police amie d’Arthur. La manière dont elle pèse chaque réplique et en transmet le juste ton est certainement à imiter si l’on ne peut la reproduire. Le seul défaut que l’on pourrait lui trouver serait sa manière de se mettre en colère. Là encore, il s’agit d’une émotion qui appelle, souvent malgré elle, à la caricature quand elle est jouée au théâtre.

Vous verrez dans Superior Donuts une histoire simple aux parfums d’ Intouchables. Quelques méchants mafieux, suffisamment d’humour pour vous garder assis et content de votre siège, du dialogue et l’espérance qui convient bien à notre génération. Un moment qui mérite que l’on sorte de chez soi ne serait-ce que pour s’évader. 

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Trump présidentiel dans la défaite https://www.delitfrancais.com/2016/11/08/trump-presidentiel-dans-la-defaite/ Tue, 08 Nov 2016 14:27:27 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26624 Le discours du candidat perdant achève la campagne de Clinton.

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«Nous avons fait de notre mieux, nous n’avons raté le coche que de peu. Nous tenons à dire merci à ceux qui nous ont soutenus. La secrétaire Clinton a gagné l’élection. Nous lui offrons notre sincère soutien, nos espérances et nos prières pour une Amérique meilleure. Sa campagne fût rondement menée, parfois mise à mal par ma faute il faut le reconnaître. Je tiens également à remercier le FBI pour son dévouement infaillible durant ces temps difficiles. À travers cette campagne, j’ai tenté d’apporter un message de changement dans notre pays. Durant 73 semaines vous avez reçu ce message et je tiens à remercier chacun d’entre vous. Melania, Barron, Eric, Donald Junior, Ivanka, Tiffany et moi ne vous oublierons jamais. Nous n’oublierons pas non plus la manière chaleureuse dont vous nous avez reçus dans vos foyers, vos villages et vos villes. Vous avez fait résonner le nom des Trump de la plus noble des manières à travers les 50 états de ce pays. Nous avons peut-être perdu cette bataille, mais le plus important est que nous ayons réussi à endurer cette guerre.»

Raison et sentiments

Hillary Diane Rodham Clinton a prouvé sa résilience politique au-delà de tout doute possible. Elle a été élue aujourd’hui face à Donald Trump, avec un total de 274 grands électeurs, seul 4 de plus que la majorité requise. Seulement, être proche de la victoire ne suffit malheureusement pas, comme ce soir le démontre.

Le discours du candidat sortant a pourtant ému l’Amérique entière. Déjà, les États-Unis se demandent s’ils ont fait une erreur en votant pour Clinton au lieu de l’homme intègre qui a prononcé ces paroles vers 23h, ce 8 novembre. Plusieurs personnalités regrettent déjà le soutien qu’elles ont apporté à la nouvelle présidente pendant sa campagne. Michael Moore, parmi eux, «demande pardon aux Américains de [s]’être égaré» en critiquant vivement Trump plus tôt cette année. Il n’est pas seul: Beyoncé, DeNiro, DiCaprio et tant d’autres ont finalement plié face au discours raisonnable que le candidat républicain a soutenu en apprenant sa défaite.

Il semble alors que tout ce qui manqua à Donald Trump pendant cette campagne fut un peu de mesure dans ses propos. «Si seulement…», doit-il penser désormais. Comment ne pas ressentir de l’empathie pour un homme aussi grand dans sa défaite que dans sa campagne?

Vivement la prochaine

À vrai dire, comment ne pas fondre pour ce même Donald que nous avons découvert ces deux dernières années dans une campagne aux nombreux rebondissements? C’est désormais ainsi que nous l’aimons. Donald Trump: ses légers défauts, son empressement pour la victoire et le bien-être de son pays. C’est désormais l’Homme qui se présente à nous.Donald Trump reviendra. Nous le répétons, Donald Trump reviendra pour la Maison Blanche.

Nous attendons impatiemment son retour en 2020 et peut-être nous réservera-t-il alors d’autres surprises… Quelques nouvelles punchlines assassines, quelques nouveaux commentaires inappropriés, quelques nouvelles idées dangereuses, peut-être une déclaration d’impôts mais certainement le même toupet. 

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La douceur de Milk & Bone https://www.delitfrancais.com/2016/11/01/la-douceur-de-milk-bone/ Tue, 01 Nov 2016 14:44:37 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26522 Laurence Lafond-Beaulne partage les avancées du groupe montréalais Milk & Bone.

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Milk & Bone est un groupe montréalais composé de Laurence Lafond-Beaulne et de Camille Poliquin. Sorti en mars 2015, leur premier album — Little Mourning — a rapidement rencontré du succès. Leur style s’apparente à de la pop électro dans laquelle le mélange de voix, de sonorités et de rythmes est un calcul précis. Les tendances rêveuses et intimes de leurs chansons peuvent ressembler à celles d’autres groupes comme Wet ou bien HAUTE si l’on veut rester plus mcgillois.


CHANSONS EN RAFALE

Ta chanson préférée?
Grande question, Days of Candy de Beach House je pense car c’est une chanson qui nous touche vraiment Camille et moi.

La chanson que tu détestes?
I’m Blue de Eiffel 65. Ça je suis pas capable, ça me donne des frissons dans le dos puis j’ai envie de frapper tout le monde autour de moi. (rires)

Celle en te réveillant pour le déjeuner le matin?
Should have known better de Sufjan Stevens. C’est vraiment drôle car Camille et moi on a choisi la même sans le savoir.

Celle pour te coucher le soir?
Je suis incapable de m’endormir sur de la musique en fait, ça prend trop de mon attention.

Celle pour faire l’amour?
Mon dieu, je ne vais pas y aller avec un cliché. C’est rare que ça arrive mais quelque chose qui pourrait être beau, je pense que du Lana del Rey, dans le genre un peu romantique.

Celle pour faire la fête?
Never Leave You de Lumidee, vraiment une cool toune.

Celle pour te relaxer?
Sufjan Stevens, c’est quelque chose qui m’apaise vraiment beaucoup.

Et celle de ton enfance?
Crazy Mama de J. J. Cale, ça c’est la chanson de mon enfance.


Le Délit (LD): Natalie, votre dernier morceau a fait pas mal de bruit (déjà près d’un million d’écoutes sur Spotify en un mois), vous avez récemment fait une tournée aux États-Unis, vous multipliez les collaborations, on dirait que tout vous sourit en ce moment. C’est votre sentiment aussi?

Laurence Lafond-Beaulne (LLB): C’est sûr qu’on est hyper contentes de tout ce qui se passe. Mais la réalité c’est qu’on vit tout ça assez différemment parce qu’on est tellement dans le travail et dans «Bon c’est quoi la prochaine chose à faire? Qu’est-ce qu’il faut améliorer?» C’est sûr que tout ça c’est vraiment des belles tapes dans le dos, pis c’est agréable comme sensation de savoir que le gens sont réceptifs et aiment ça. C’est sûr que ça donne envie de continuer. Je pense que de toute façon on continuera parce que on a du plaisir à travailler ensemble, on a besoin de faire de la musique ensemble. Mais oui c’est sûr que tout ce qui s’est passé depuis le lancement de l’album c’est vraiment une grosse surprise pour nous.

LD: La renommée que vous gagnez progressivement vous fait-elle peur? Est-ce que par moments vous vous demandez ce qui vous arrive?

LLB: Je ne sais pas si Camille c’est exactement la même chose que moi, mais je ne pense pas qu’on le ressente vraiment. Je pense qu’on reste quand même assez underground si on veut. Ce n’est pas comme si on passait tout le temps à la radio pis à la télé. Donc on n’est pas des stars. Notre musique nous permet de voyager et de faire des spectacles, mais on arrive quand même à être assez low-key pis vivre notre vie très normalement (rires). C’est sûr que si ça grossit la perte d’intimité va peut-être m’inquiéter un peu, mais on n’en est vraiment pas là, il n’y a pas de problèmes avec ça pour le moment.

LD: Quels artistes écoutez-vous aujourd’hui ou du moins, quels sont vos artistes favoris en ce moment? Lesquels vous inspirent le plus?

LLB: En ce moment, y’a le dernier Bon Iver qui est sorti, sur lequel on capote les deux vraiment vraiment vraiment beaucoup. C’est comme tout le monde, le dernier Frank Ocean aussi on n’arrête pas de l’écouter. Sinon , moi ces temps-ci, j’ai découvert un label qui s’appelle Enchufada, c’est beaucoup d’artistes électro avec des thèmes de musique latine, donc de la bachata et des trucs comme ça, mais assez house en général. Pis y’a un album où c’est une chanson de chacun des artistes du label, j’écoute beaucoup ça. J’ai découvert ça et ça me fait vraiment beaucoup triper.

LD: Camille a lancé un album solo avec KROY, est-ce que tu composes de ton côté aussi? Et, si oui, est-ce que l’on va entendre ce que tu produis?

LLB: Ben moi je compose sans cesse de mon côté parce que j’ai besoin de le faire pis j’ai envie de le faire. J’ai pas vraiment le désir de présenter un truc solo. C’est quelque chose qui m’a jamais appelé, je pense que je suis quelqu’un qui travaille plus en groupe, en band, en équipe.

Donc oui je compose toute seule de toute façon pis après y’a des trucs qui vont aller pour Milk & Bone et d’autres pas, je vais les travailler quand même pour le plaisir.

LD: Est-ce que vous avez commencé à travailler sur un nouveau projet d’album?

LLB: Ben tranquillement. C’est sûr que là en ce moment on est complètement focus. On donne notre dernier spectacle de la tournée le 10 novembre donc ça clôt l’année et demie pendant laquelle on a voyagé. En ce moment, on revisite complètement le spectacle, on ajoute des nouvelles choses: on va avoir un décor, une scénographie, des projections, tout est nouveau. Donc on a la tête complètement là-dedans, on pratique pour ça et on travaille avec des collaborateurs exceptionnels, donc ça prend toute notre énergie. Dès que ça sera terminé, on s’en va directement en écriture et en studio puis on va commencer le deuxième album. On a vraiment hâte.

LD: Par rapport à l’importance de la chanson engagée aujourd’hui: est-ce que tu penses qu’aujourd’hui, dans une société comme la nôtre où l’on prend rarement le temps de réfléchir, la chanson engagée peut encore avoir la même valeur ou la même place?

LLB: Ben oui certainement. Être engagé•e, il y a plusieurs manières de l’être. Je pense qu’il y a une manière de le faire, comme Koriass, qui dénonce beaucoup plus des enjeux sociaux. Je pense qu’il y a des chansons engagées sans le vouloir intentionnellement aussi. Écrire des chansons puis être un artiste en général c’est un peu dépeindre le temps dans lequel tu vis pis les enjeux que tu rencontres. Moi pis Camille, on ne prétend pas faire de la chanson engagée mais je pense qu’on se limite pas, pis on se prive jamais de dire quelque chose. Il y des chansons qui parlent d’adultères, des chansons qui parlent de sexualité, puis on est deux femmes, on comprend tout ça. On ne s’est jamais empêchées de dire quoi que ce soit parce que ça pourrait ne pas être acceptable. Au contraire, je pense que tout ce qu’on a envie de dire, tout ce qui sort — que ça soit beau ou laid —, c’est vrai et on va le dire.

Mais oui je pense qu’il y a encore plein d’artistes qui sont engagées. Être engagé•e, côté texte en tout cas, je pense que ça peut être dans de la subtilité aussi.

LD: En continuant sur ce sujet, le clip semi-animé de Coconut Water, c’est une manière pour vous de ne pas mettre de tabous?

LLB: Ouais, je pense qu’on a jamais voulu se bloquer à rien. Donc ouais, ça a fait réagir parce que y’avait des gens qui étaient comme: «Mais qu’est-ce qui se passe à la fin? Y’a des pénis volants, pis des seins, des bikinis, voyons!» (rires) Mais pour nous c’était complètement drôle, pis c’est une chanson un peu d’amour, un peu sensuelle, donc on voulait y aller à fond. Je pense que pour nous y’a pas de tabou qui existe du moment qu’on arrive à le mettre en mots joliment. Tout ce qui est important c’est de raconter quelque chose qui vient d’un endroit réel et qui soit vrai. Quand c’est vrai, ça va passer, peu importe ce que c’est.

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Réflexions catalanes engagées https://www.delitfrancais.com/2016/10/18/reflexion-catalanes-engagees/ Tue, 18 Oct 2016 14:07:38 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26242 Alexandre Chartrand est un cinéaste-peintre québécois. Le Peuple Interdit est son deuxième long-métrage. Tourné entre 2014 et 2015, ce documentaire suit le processus de la «Consulta» — la consultation sur le statut de la Catalogne en 2014 — et le contexte en Catalogne après cet événement d’envergure. Le Délit: Quelle était la motivation derrière Le… Lire la suite »Réflexions catalanes engagées

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Alexandre Chartrand est un cinéaste-peintre québécois. Le Peuple Interdit est son deuxième long-métrage. Tourné entre 2014 et 2015, ce documentaire suit le processus de la «Consulta» — la consultation sur le statut de la Catalogne en 2014 — et le contexte en Catalogne après cet événement d’envergure.


Le Délit: Quelle était la motivation derrière Le Peuple Interdit?

Alexandre Chartrand: J’étais inspiré par le mouvement citoyen en fait. Ce mouvement qui s’appelle l’Asemblea Nacional Catalana (ANC, ndlr), qui est né en réaction à un jugement du tribunal constitutionnel espagnol en 2010, qui annulait de grands pans du statut d’autonomie de la Catalogne. Il a été retranché par la tribunal central de Madrid. Deux jours après, grosse manif à Barcelone. Je parlais déjà catalan à ce moment-là donc je lisais les journaux catalans en ligne, pis c’était vraiment impossible de le manquer parce que c’était au-dessus d’un million dans les rues. Dans la foulée de ça, il y a eu la fondation de l’ANC. C’est lié à aucun parti politique, c’est vraiment sur une base bénévole. Voilà, je trouvais que c’était beau. J’aimais l’aspect très démocratique et ouvert de l’ANC. Il n’y a pas moins de 100 000 bénévoles qui travaillent derrière ça. J’avais envie d’aller filmer ça, ces gens-là. Pis quand ils ont annoncé le référendum au mois de novembre, je savais déjà que ça allait être le 300e  anniversaire de la chute de Barcelone, donc je m’étais dit que ça serait cool d’aller filmer ça.

LD: Comment est-ce que vous expliquez d’avoir fait le choix de surtout filmer à Barcelone et Tarragona alors qu’on dit souvent que les velléités identitaires catalanes sont souvent plus fortes dans le nord?

AC: C’est à cause de mes sujets. Mais aussi je n’avais pas de moyen de transport. J’étais très dépendant des autobus et des trains. De toute façon les gens que je suivais étaient actifs à Barcelone. Ferran Civit vient de la région de Tarragona donc il était souvent là-bas aussi. Mais c’est sûr que ça reste très urbain comme film.

LD: Comment expliquez-vous que les populations des autres communautés autonomes (sans parler du gouvernement) s’opposent tant au catalanisme? S’agit-il d’un support au gouvernement central ou bien simplement d’une opposition d’identités?

AC: Je sais qu’il y a beaucoup de préjugés envers les Catalans à l’extérieur de la Catalogne, je l’ai vécu moi-même. Je parle assez mal l’espagnol mais je parle très bien le catalan. J’ai ressenti ça même à Barcelone en fait. Des gens riaient de moi de façon méchante parce que je ne parlais pas l’espagnol, mais j’étais capable de leur tenir une conversation en catalan. Des espagnols m’insultaient en me disant que ça servait à rien d’avoir appris le catalan. Donc effectivement j’ai senti un petit peu que le catalan n’est pas bien vu. Certains catalans m’avaient dit que s’ils allaient ailleurs en Espagne et qu’ils parlaient catalan entre eux ils se faisaient souvent insulter. C’est sûr que je l’ai vécu un peu en tant que touriste donc je n’imagine pas ce que c’est pour un Catalan.

LD: Est-ce que l’Espagne est en panne démocratique comme l’affirme la cause catalane bien que de nouveaux partis percent la sphère politique traditionnelle (Podemos, Ciutadans)?

AC: Il y a une grosse tranche des gens à qui j’ai parlé qui étaient des fédéralistes, au sens espagnol du terme, c’est à dire voulant faire de l’Espagne une fédération. Ces gens ont été déçus parce qu’il n’y a pas d’interlocuteur à Madrid. Pourtant il y aurait les Basques qui seraient intéressés par ça, probablement les Valenciens. Il y a plusieurs régions autonomes à qui ça pourrait parler mais à Madrid, à part Podemos, il n’y en a pas qui ouvrent des portes dans ce sens-là. Beaucoup des Catalans à qui je parlais ont fait un pas de plus en disant: «La fédération est impossible parce qu’il n’y a pas d’interlocuteur, parce que ça fait des années que le projet est bloqué.» Quand le Tribunal constitutionnel retaille en plus le statut d’autonomie des Catalans, plusieurs fédéralistes se sont dit: «En plus de ne pas avoir de fédération, ils viennent jouer dans nos quelques droits.» La désillusion du fédéralisme a mené à l’indépendantisme qu’on connaît aujourd’hui. La panne démocratique s’illustre bien par la difficulté qu’ils ont à former un gouvernement à Madrid car ils ne sont pas capables de s’entendre à quatre partis. Ça et les histoires de corruption au PP (Partido Popular, ndlr) et de négociations pour que le  PSOE (Partido Socialista Obrero Espanol, ndlr) oublie les poursuites de corruption contre le PP pour qu’il y ait un accord de coalition.

Ce qui m’a marqué le plus, c’est cette fermeture au simple fait de laisser les gens s’exprimer démocratiquement.

c-catalogne

LD: Quels parallèles pouvons-nous faire avec le souverainisme québécois? S’agit-il d’une situation bloquée?

AC: Mon premier réflexe est bien sûr de faire des parallèles avec le Québec parce que j’avais 18 ans en 1995 quand il y a eu le référendum, c’était la première fois que je votais. J’avais ça en tête quand je suis allé en Catalogne pour faire ce film-là. La décision du Tribunal constitutionnel en 2010 me rappelait l’échec de l’accord du Lac Meech en 1988, quand le Québec a tenté de négocier son entrée dans la constitution canadienne. Et ensuite le fait que ça ait mené au référendum de 1995 avec un peu avant l’échec de Charlottetown en 1992. Donc c’est sûr que je voyais des parallèles, et en même temps on en déborde très vite. Beaucoup de Catalans par exemple admiraient la situation actuelle du Québec — la loi 101 (Charte de la langue française, ndlr) et le fait qu’ils puissent prélever des impôts.

Par rapport à une situation bloquée, je trouve vraiment inspirant la façon dont ils font fi complètement de ce que Madrid essaie de leur dire. Le fait que Mas (ancien président de la Generalitat, ndlr) et Forcadell (présidente du Parlement de Catalogne, ndlr) tiennent debout et qu’ils décident d’écrire une nouvelle constitution avec le développement durable et l’Euro ancrés dedans, plein d’enjeux très actuels, je trouve ça inspirant. Ici, on ne sait pas ce que le PQ propose concrètement. Est-ce qu’on est encore des loyaux sujets de sa Majesté? Est-ce qu’on va être une république? Ça va être quoi le système parlementaire? Ça va être un système de vote uninominal à un tour? Le projet de pays est très vague. À l’inverse en Catalogne ils sont vraiment en train de créer quelque chose. 


En rafale

Le mot que vous détestez:

Repus

Votre drogue favorite:

L’alcool

Le son, le bruit que vous préférez: 

Mon fils qui rit

Le bruit que vous détestez: 

Les chiens qui aboient, à cause de celui de mes voisins

Votre juron, gros mot ou blasphème favori:

Tabarnak, pas très original

L’homme ou la femme à mettre sur un billet de banque: 

Félix Leclerc ou Alfred Pellan

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire:

Médecin, même si je gagnerais certainement plus d’argent en l’étant

Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise après votre mort: 

J’ai une aversion pour ces choses-là, donc Dieu j’ai rien à lui dire

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Révision du journalisme https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/revision-du-journalisme/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/revision-du-journalisme/#respond Tue, 15 Mar 2016 07:43:31 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25121 À défaut de mourir, l’industrie journalistique demande à faire ses preuves.

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La mort du journalisme, un titre qui marque, non? Vous l’aurez lu et entendu de si nombreuses fois que cela est devenu presque un lieu commun où chacun propose son opinion. Et pourtant cette «mort» est un peu devenue une expression valise, sans que l’on sache trop quelles conceptions nous englobons dans ce terme funèbre. D’un côté, on place la perte des profits de l’industrie du journalisme, de l’autre l’inadaptabilité des journalistes quant à l’évolution de leur profession, et, au milieu, une révision des codes journalistiques avec l’avènement des nouvelles à 140 caractères. Il est évidemment tentant face à ces évolutions-là et tant d’autres d’écrire chacun notre épitaphe de feu le journalisme, cette expérience «brève mais intense».

Concrètement, analysons la portée économique du changement de l’industrie, à commencer par la perte des profits mentionnée plus haut. Qui touche-t-elle? Par médias, on entend la globalité des moyens de communications. Étant donnée la largeur du terme, concentrons-nous sur le journalisme et mettons-en marge la télévision et les radios, l’industrie du film et la publicité.

Il est vrai que le marché global des journaux est en perte de vitesse. Si l’on se concentre sur la période de 2010 à 2014 par exemple, les chiffres indiquent un taux d’évolution annuel moyen de ‑2,1% ou bien une baisse de la valeur globale du marché de 124,2 milliards de dollars en 2010 à 113,9 milliards en 2014. Au Canada, même tendance entre 2009 et 2013: une baisse de la valeur du marché de 1,1% pour arriver à 2,87 milliards en 2013. Mais si l’on se penche sur les sources du problème, cette chute n’est pas due au fait que les Canadiens lisent moins les grands journaux puisque selon le rapport Perspective sur le Loisir Global et les Médias 2013–2017 (Global Entertainment and Media Outlook 2013–2017) publié par PriceWaterhouseCoopers (PwC), près de 70% des Canadiens les lisent régulièrement. La cause serait plutôt une importante chute des revenus publicitaires papier. En effet, tandis que ces derniers s’élevaient à 2,7 milliards de dollars en 2008, ils ont constamment baissé au cours des huit dernières années et devraient atteindre 1,7 milliard de dollars en 2017.

Mahaut Engérant

Évaluation des forces du marché

Au vu de ces évolutions, certaines forces qui guident le marché sont à prendre en compte: tout d’abord, le rapport de force client-fournisseur. Les clients ne disposent pas d’un pouvoir particulièrement important sur l’industrie, celui-ci repose sur la diversification des médias et une sensibilité relative aux évolutions des prix des journaux. Du côté des fournisseurs, les prix relativement bas des journaux annulent en partie le pouvoir des clients: quand le prix augmente, le journal restreint sa clientèle, et réduit donc son emprise sur une plus grande part de marché. En revanche, le coût de la substitution du capital est important pour les entreprises déjà implantées dans le marché étant donné la nécessité de s’adapter à de nouveaux modèles commerciaux. À l’instar de l’industrie la qualité des produits affirme la compétitivité hors-prix des entreprises étant donné l’investissement important destiné à la main d’œuvre — les journalistes étant des personnes habituellement diplômées et expérimentées. En somme, le rapport de force client-fournisseur dépend principalement de la capacité du client à pouvoir substituer un journal à un autre, et de la relative flexibilité des structure de coûts des fournisseurs.

Ensuite, la menace de la substitution par de nouveaux acteurs. La variante à considérer ici est le modèle de diffusion des nouvelles: en ligne, par papier, ou bien les deux. Si les coûts pour établir une start-up en ligne sont significativement plus bas que la diffusion papier en termes d’investissement de capital, les conditions du marché peuvent décourager les entrepreneurs et réduisent alors la probabilité de substitution des entreprises déjà établies. En revanche, la montée en force du numérique représente une menace sérieuse pour le modèle d’entreprises typiques du journalisme et ouvre la voie à d’autres secteurs pour se faire une place dans le monde des «news».

Bien entendu, le déclin des revenus intensifie la compétition dans ce marché. L’absence de coûts réels pour le client de substituer un journal à son journal habituel participe à cette intensification. Cependant, la diversification des conglomérats qui détiennent les journaux permet en partie d’annuler ces effets et certains d’entre eux arrivent mieux à s’adapter que d’autres. Le géant québécois des médias Quebecor Inc., par exemple, enregistre une évolution de 3,61 milliards de dollars de revenus en 2014 à 3,88 milliards en 2015, soit un taux de croissance annuel environ supérieur à 7%. Le Financial Post reportait mercredi dernier que toutes les branches de la compagnie avaient affiché une croissance positive en glissement annuel au cours du dernier quart financier. Mais il s’agit là du cas isolé d’un conglomérat très diversifié, d’autres comme Postmedia Network Canada Corp. ou bien Torstar Corporation affichent en général des baisses plus ou moins importantes de revenus, qu’il est possible de lier à la diversification de leurs activités.

«Le rapport de force client-fournisseur dépend principalement de la capacité du client à pouvoir substituer un journal à un autre, et de la relative flexibilité des structure de coûts des fournisseurs»

Adaptation à de nouveaux modèles

Certains médias établissent pourtant des précédents en matière de renouvellement. La Presse est un exemple de journal qui a réussi sa reconversion numérique. En abandonnant sa version papier en semaine pour se concentrer sur le développement de ses plateformes numériques.

Guy Crevier, président et éditeur au journal, expliquait en septembre 2015, après l’annonce de changement de modèle de la part de La Presse, que les revenus principaux des journaux provenaient des abonnements et de la publicité. Selon lui, étant donné les chutes de revenus depuis 2000, un changement s’imposait. Dans une entrevue donnée à Radio-Canada le 16 septembre dernier, il annonçait alors que «70% des revenus […] vont venir de LaPresse+». En y ajoutant deux autres données, il concluait que 85% de leurs revenus allaient provenir de leurs plateformes numériques. 2017 se fait donc attendre pour que soient disponibles les déclarations de revenus de La Presse et que l’épreuve soit validée ou non côté financier. Côté satisfaction du client, il est certain que le contenu est travaillé et dépasse au niveau interactif (et contenu aussi sans aucun doute) certaines sources d’informations telles que Vice et autres Buzzfeed qui ont déjà fait leurs preuves en terme de popularité.

Dans une réflexion plus large, le cas de La Presse peut donner à penser que le journaliste est adaptable si l’entreprise elle-même s’adapte.

Définir le débat

La presse en général est en difficulté, c’est un fait indéniable. Cependant, parler de la mort du journalisme est largement exagéré, surtout quand ceux qui appellent à ses funérailles sont les mêmes blogueurs et journalistes citoyens qui tentent de percer dans un nouveau modèle de diffusion de l’information. Mutation oui, mort certainement pas. Les chiffres de MarketLine prédisent d’ailleurs une reprise du marché global des journaux qui atteindrait 117,7 milliards de dollars en 2019, soit 3,3% de plus qu’en 2014.

Le journalisme est un service d’intérêt public. Il a pour but d’informer le lecteur afin de lui donner les outils nécessaires à une approche intelligente dans ses choix. Il paraît donc plus probable que l’industrie soit simplement dans une phase de mutation au cours de laquelle les «dinosaures»  — les compagnies historiques de l’industrie— laissent place à une nouvelle génération de compagnies plus flexibles ou se reconvertissent elles-mêmes. On peut d’ailleurs observer la même mutation dans l’industrie de la vente au détail où les revenus des géants tel que Walmart ou BestBuy se sont fait peu à peu grignoter par le commerce en ligne. 

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Veni, vidi, hihi https://www.delitfrancais.com/2016/02/16/veni-vidi-hihi/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/16/veni-vidi-hihi/#respond Tue, 16 Feb 2016 07:49:25 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24884 Les frères Coen dévoilent une nouvelle comédie tordante.

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Sur une musique d’ouverture religieuse, c’est en vitesse que l’on s’empresse d’entrer dans la salle du Cinéma du Parc pour visionner le nouveau long-métrage des cinéastes Ethan et Joel Coen: Hail, Caesar!

On se retrouve alors plongé dans les années 1950, face à Eddie Mannix (Josh Brolin) en pleine confession. Eddie est un homme à tout faire qui lutte chaque jour avec des réalisateurs mécontents à Hollywood, qui conseille des stars capricieuses — dont la pulpeuse Dee Anna Moran (Scarlett Johansson) — et qui s’escrime à contourner les questions dérangeantes d’une paire de journalistes aspirantes dictatrices. C’est décidément trop pour ce pauvre homme accablé par son quotidien mondain à Hollywood, d’autant plus qu’il s’est vu offrir un poste bien plus «sérieux» à Lockheed.

L’élément perturbateur intervient juste avant une prise lorsque l’acteur Baird Whitlock (George Clooney) est drogué par deux figurants dont on apprendra plus tard qu’ils appartiennent à un groupuscule communiste franchement commode. Transporté à l’Ouest de Malibu dans une villa en total désaccord avec l’idéal communiste, Whitlock devient peu à peu communiste malgré lui, sans aucun questionnement de sa détention qui devient un séjour de vacances intellectuelles. Tel un enfant, il s’imbibe alors de mots compliqués à propos de «l’économie» des intellectuels figurants.

Mahaut Engérant

En parallèle, Hobie Doyle (Alden Ehrenreich), un autre acteur de peu de mots et beaucoup de gestes, découvre peu à peu le complot; entre dîner au lasso de pâte et scène difficile à jouer avec le très panaché Laurence Laurentz (Ralph Fiennes), il mènera la trame à son terme en découvrant la cache des communistes où Whitlock lit patiemment le journal dans le salon.

De leur côté, les communistes, bien divisés sur les tenants de leur idéologie, ont demandé une rançon et sont guidés par un agent du Komintern infiltré en acteur à Hollywood.

Vous l’aurez compris, il s’agit bien d’un film des frères Coen, et par cela entendez l’appel du 5e degré. Les informations partent dans différents sens, plusieurs éléments sont ajoutés et ne sont pas là pour aider la trame mais plutôt pour ajouter du comique au film.

«Il s’agit bien d’un film des frères Coen, et par cela entendez l’appel du 5e degré»

C’est aussi ce que nous retrouvons dans «O Brother, Where Art Thou?», une tapisserie sur laquelle se «patchent» plusieurs éléments sur fond d’Odyssée.

Ces éléments, ce sont les différents genres de comique, car Hail, Caesar! en est plein. La répétition, les situations, les gestes, le texte, chaque partie semble être réfléchie. Nous avons alors peur de laisser passer quelque détail, quelque réplique cinglante au sens caché. Nous ne vous le cacherons pas, c’est un film qui demande de la concentration et un œil expert si l’on veut en tirer tout ce qu’il a à offrir.

Cela commence par l’aspect de l’affiche dont la police tend vers celle de Ben-Hur, au costume d’un George Clooney habillé en général romain pendant 106 minutes de film, à deux journalistes jumelles, à une star enceinte aussi vulgaire qu’une poissonnière de Ménilmontant et à qui on a conseillé d’adopter son bébé, et enfin à un fil rouge qui est peut-être cette fois tiré de la Bible. Doute, difficultés et rédemption, mais comique! 

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Démocrates, GOP et Canada https://www.delitfrancais.com/2016/02/09/democrates-gop-et-canada/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/09/democrates-gop-et-canada/#respond Tue, 09 Feb 2016 21:37:31 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24799 Analyses peu concrètes et impacts des résultats.

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Après la sortie des résultats définitifs des primaires de l’Iowa mardi dernier, il est (déjà) temps de faire un compte-rendu. Du côté des Démocrates, Hillary Clinton (49,8%) est talonnée par Bernie Sanders (49,6%) mais prend la tête de la course à la nomination en remportant le caucus. Chez les Républicains (GOP, soit le Parti Républicain, ndlr), Ted Cruz (27,6%) renverse Donald Trump (24,3%), lui-même suivi de près par Marco Rubio (23,1%). Les deux partis apparaissent donc fractionnés et plus de temps est nécessaire pour établir un favori avec plus de sûreté.

Analyses à tâtons

De notre côté de la frontière et plus généralement dans le monde entier, les yeux se sont rivés, alertes, vers les États-Unis. Au Canada, Le Devoir se hâte d’émettre ses commentaires pourtant très prudents sur les candidats; La Presse nous donne une analyse juste. En France, Le Monde nous offre un florilège de fun facts agrémentés de chiffres et manquant d’analyse. Dans un monde de plus en plus tourné vers les médias numériques, il était important de connaître les chiffres au plus tôt; les chiffres, puisqu’ils disent tout et rien. C’est d’ailleurs ce en quoi consiste le début de cet article, les chiffres et une maigre analyse.

L’image reste donc floue pour nous aussi et il nous est impossible, au même titre que huit mois avant les élections fédérales canadiennes, d’établir un candidat et encore moins un gagnant. Nous sommes donc dans le même mouchoir de poche que lors des duels d’octobre dernier.

Luce Engérant

Vu du côté canadien

Les États-Unis représentent le plus grand marché d’exportations pour le Canada, à hauteur d’environ 324 milliards de dollars en 2012, au même niveau que l’importation: environ 292 milliards de dollars. Les intérêts des deux pays sont donc étroitement liés et l’avenir de la coopération dépend du prochain président.

Mais alors du côté canadien, quels sont les avantages que présente tel candidat plutôt qu’un autre? La plateforme de Donald Trump (GOP) est tout d’abord clairement rejetée par Justin Trudeau et par les Canadiens en majorité. Elle consiste pour la plupart en des «politiques de peur» comme l’avait dit l’actuel premier ministre en août dernier; elle ne fait pas mention du Canada et reste dans la ligne libertaire du Parti Républicain. Moins conflictuels, Ted Cruz et Marco Rubio suivent la même approche libertaire et jeffersonienne en militant pour un gouvernement minimaliste et l’on peut s’attendre à un renforcement risqué des frontières de la part de Ted Cruz. Celui-ci s’expliquerait par la croyance selon laquelle les terroristes viendraient par notre frontière commune, la seule non-protégée que les États-Unis aient.

À l’opposé, on observe des opinions bien plus libérales du côté des Démocrates. Hillary Clinton mentionne à plusieurs reprises dans son programme l’importance d’un renforcement des infrastructures liées à l’énergie entre le Canada et les États-Unis, la coordination de politiques environnementales dans l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, ndlr). Ce dernier point cependant, rappelons-le, est difficile à atteindre compte tenu des disparités économiques avec le Mexique. Enfin, cette coopération est moins présente dans le programme de Bernie Sanders, plutôt fondé sur une réaffirmation du principe d’égalité, des droits des minorités et autres. Un programme qui apparaît peut-être alors concentré sur l’intérieur du pays avec un gouvernement fédéral fort.

Le programme de Mme Clinton prend plus en compte les relations avec les Canadiens. Cependant, plus d’affirmations, de propositions et de contradictions sont nécessaires pour savoir si ces programmes sont définitifs.

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Couillard remplace les chandelles https://www.delitfrancais.com/2016/02/02/couillard-remplace-les-chandelles/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/02/couillard-remplace-les-chandelles/#respond Tue, 02 Feb 2016 15:56:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24627 Le gouvernement québécois remanié pour un «nouvel élan».

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Jeudi dernier, le premier ministre québécois Philippe Couillard a annoncé la nouvelle liste de ses 28 ministres.

Ce changement intervient tout d’abord en période de mi-mandat, Couillard ayant succédé à Pauline Marois en 2014 pour un mandat de quatre ans. Il s’agit du second remaniement depuis 2014. La cérémonie, qui a eu lieu le 28 janvier, laissait présager un changement assez important car elle avait été organisée dans le «Salon rouge», la salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale.  Au total, 14 ministres ont été remplacés ou ont vu leurs responsabilités modifiées.

Parmi ces changements, les plus notoires sont sans doute celui de Dominique Anglade, qui prend les rênes du ministère de l’Économie en remplaçant Jacques Daoust, et celui de Pierre Moreau qui succède à l’éphémère François Blais au poste de ministre de l’Éducation (voir p.7).

Mahaut Engérant

«Une nouvelle phase»

Couillard affirme donc sa volonté de redonner du souffle au gouvernement québécois. Il a d’ailleurs mentionné en commentaire à la presse cette volonté de repartir de l’avant en entamant «une nouvelle phase de [son] gouvernement». L’équipe dont il disposait jusque-là présentait quelques failles de communication et l’image de certains ministres en souffrait, plus particulièrement celle de François Blais, héritier malheureux de la démission d’Yves Bolduc en février 2015.

Si cette volonté d’un «nouvel élan» en mi-mandat n’est ni une nouveauté politique, ni un geste à qualifier de pure manœuvre, il convient de la placer dans un cadre plus large. Il est envisageable de considérer ce remaniement comme le début d’un travail d’image de longue haleine du Parti Libéral du Québec, ayant alors comme but la réélection en 2018. Entre autres, Couillard suit l’exemple de Justin Trudeau en introduisant «plus de femmes [et] de jeunes» — d’après son discours de jeudi — dans un Conseil des ministres qui n’atteint pas encore la parité (12 femmes et 16 hommes). Notons que Jean Charest avait, lui, atteint la parité en 2007 et 2008. Ceci dit, on n’est jamais à l’abri d’un remaniement supplémentaire, comme va le dicton: jamais deux sans trois.

L’introduction, par ailleurs, de Pierre Moreau à l’Éducation sert de pause afin de relâcher la pression exercée sur le gouvernement dans ce secteur. Après les coupes budgétaires, les manifestations, et autres démonstrations de force, les enseignants ainsi que les universités sont anxieux de découvrir le prochain budget du gouvernement qui sera dévoilé en mars. Jusque là, nous pouvons nous attendre à quelques autres mouvements plus discrets qui tâcheront de faire retrouver à l’Éducation des jours meilleurs.

Plus généralement, le gouvernement Couillard doit savoir que le remaniement ne suffira à l’opinion publique que s’il est accompagné d’un budget plus souple en faveur des services publics. Ceux-ci sont largement touchés par la volonté rigoureuse de Couillard qui réaffirmait jeudi encore sa volonté d’atteindre le déficit zéro.

Le Parti Québécois (PQ) — l’opposition officielle à l’Assemblée nationale — a pour sa part exprimé ses doutes sur le remaniement. Bernard Drainville, le chef de l’opposition à Québec a lui-même réaffirmé la position du PQ: soudé derrière PKP (Pierre-Karl Péladeau, ndlr) et voulant un plus fort stimulus de l’économie. 

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Rent: injustices et poésie https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/rent-injustices-et-poesie/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/rent-injustices-et-poesie/#respond Tue, 26 Jan 2016 20:17:04 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24545 L’AUTS nous présente un show qui touche le spectateur par sa sincérité.

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En matière musicale, Rent est une de ces comédies qui allie la performance, le sujet et la réflexion. Ce que l’ Arts Undergraduate Theater Society (AUTS) a présenté à sa répétition générale ressemble à cet équilibre idéal auquel chaque écrivain aspire.

Rent est une comédie musicale qui suit le parcours d’un groupe de jeunes adultes de nos âges dans le New-York des années 1980. La vie y est parsemée de difficultés quotidiennes dans un contexte de crise du sida: pauvreté, maladie, isolement, problèmes de communauté et de sexualité; d’après Daniel Austin-Boyd, le directeur du spectacle, «ce sont des sujets qui font de Rent un show auquel les étudiants peuvent s’identifier». Car détrompez-vous! Si vous vous laissez prendre au jeu, ce n’est pas pour assister à une performance «feel good» de Sutton Foster sur un Anything Goes qui vous trottera dans la tête pendant une soirée ou deux, si excellente soit-elle. L’objectif de Rent est bien de mettre en évidence ces sujets controversés pour pousser à une réflexion après la séance et c’est d’ailleurs ce qui lui a valu plusieurs récompenses comme des Tony Awards et autres Drama Desk Awards.

Salomé Grouard

Si les premières chansons peinent à démarrer de manière percutante, un rythme se met progressivement en place et les acteurs commencent à oublier qu’ils sont sur scène. Un peu plus de flirt manque dans «Light My Candle», et notre rôle de critique ne nous empêche d’en vouloir plus de ce côté-là, comme d’en vouloir moins sur la chorégraphie de «Will I». Et plus tard de déplorer les quelques problèmes de micro qui viennent ternir la belle voix de Teodora Mechetiuc (dans le rôle de Mimi).

Cette première partie, ne l’oublions pas, est aussi la première qui soit présentée devant un public. Mais c’est justement au moment où cette excuse me vient que les acteurs parviennent à casser ce rythme avec le «Tango Maureen»: un duo élégant, bien chanté et dansé avec le soupçon de pudeur qui convient par Mariel White (Joanne) et Olivier Bishop-Mercier (Mark).

Salomé Grouard

C’est ainsi que les bonnes performances s’enchaînent afin de remplacer le doute par le plaisir: un one-woman show complètement loufoque d’une Sophie Doyle (Maureen) à la voix puissante; «La vie bohême» vous fait danser les pieds faute de pouvoir se lever: l’ensemble y est bon, les actions fusent sur scène et l’on se perd dans ce joyeux mélange à vouloir tout capturer. Au deuxième acte, «Seasons of Love» vous emmène dans un rythme plus calme et l’on y découvre plus tard un «Take Me or Leave Me» entre Joanne et Maureen qui est sans doute le clou de ce spectacle: voix, mouvement, lumière, groove rythmé de la part des musiciens, tout y est.

Le spectacle Rent représente donc une succession de bonnes chansons, une montée en puissance au niveau du jeu, de la musique, des émotions. Le metteur en scène a trouvé des manières originales de présenter une œuvre difficile à réinterpréter et c’est là aussi que se trouve le talent des acteurs. Ils ont réussi à nous toucher en nous faisant frissonner ou en nous laissant pantois; bref, en nous faisant croire à la poésie d’une communauté de personnages réunis autour de leurs succès et de leurs défaites.

Si, de notre côté, la poésie manque à l’heure de rendre justice au travail de l’AUTS, le sentiment y est, croyez-le bien.

Salomé Grouard

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Victoire pour nos rugbymens https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/victoire-pour-nos-rugbymens/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/victoire-pour-nos-rugbymens/#respond Tue, 17 Nov 2015 16:14:11 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24107 Face à des adversaires coriaces, le cœur y était et est sorti vainqueur.

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Au début d’une fin de semaine marquée par les attentats de Paris, les Redmen ont arraché une victoire importante aux Carabins de l’UdeM (10–9), en finale de la coupe du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

Dans un Stade Molson venteux et pluvieux, les Redmen ont pourtant souffert. McGill a pris l’avantage assez tôt dans le jeu en marquant une pénalité à 30 mètres des poteaux des Carabins (11e). Aucun signe ne montrait que les Redmen souffriraient pour la majorité restante du match: tampon monstrueux  de Thomas Stokes sur le talonneur  des Carabins, passes rapides, organisation du jeu claire et construite, et surtout des réponses menaçantes aux avancées des Carabins.

Remi Lu

Labeur = récompense

Et pourtant, les Redmen ont (trop) rapidement perdu leur souffle d’entame de match. Peu à peu, les Rouges ont perdu la possession du ballon, leur concentration ainsi que leurs moyens. Frustrés sans doute par les réussites des Bleus mais surtout à l’évidence par leur inefficacité générale, les Redmen ont baissé leur rythme de jeu jusqu’à subir la partie qui se déroulait sous les yeux de leurs partisans.

Trois pénalités transformées pour les Carabins (16e, 45e et 60e) et aucune réponse de la part des malheureux de notre chère université, bien que l’occasion leur ait été donnée par deux fois de recoller au score en début de 2nde période lors de deux pénalités. Un message de la sono rappelle que «le rugby est un sport de gentlemen» et que les insultes ne sont pas propices au bon déroulement du match.

Il aura fallu attendre les dernières minutes pour voir dans l’avancée une tribu de Redmen endiablés poussés par un public tendu et hargneux.

Le score est toujours de 3 à 9 en faveur des Carabins. 9e phase aux quinze mètres. «Redmen! Redmen! Redmen!», les cris des supporters font vibrer les tribunes et le stade Molson semble s’animer d’un cœur nouveau. 30e phase aux dix mètres. De l’autre côté de la tribune, là où Le Délit est assis, les supporters en bleu perdent patience et s’animent contre l’arbitre. 50e phase aux cinq mètres. Les Bleus n’ont plus touché le ballon depuis plus dix minutes. Les supporters en rouge deviennent fous, tout le monde est debout. Ceux en bleus quant à eux lancent des quolibets à l’adresse de l’arbitre et des Redmen, frustrés par les fautes répétées des Carabins. Chaque tentative de franchir la ligne est accompagnée d’un souffle exaspéré ou d’une exclamation selon le côté de la tribune dans lequel le supporter se trouve. 61e phase. Le temps réglementaire est terminé depuis longtemps, ultime tentative des Redmen de franchir la ligne des Carabins. Boyer reçoit la balle à sept mètres de la ligne, réalise deux crochets et aplatit le ballon sous les poteaux alors que trois Carabins plongent pour s’interposer. Conversion par Thomas Stokes — sous les huées des supporters bleus — qui ne tremble pas et propulse d’un coup de pied bien ajusté les Redmen vers un titre mérité en apothéose d’une saison sans défaite.

Coup de sifflet final, victoire des Redmen 10 à 9!

Remi Lu

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J’te like, moi non plus https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/jte-like-moi-non-plus/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/jte-like-moi-non-plus/#respond Tue, 03 Nov 2015 16:47:26 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23868 Rétrospective sur l’effet de nos réseaux sociaux.

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C’est au cours d’une récente mésaventure sur Facebook que j’ai découvert que j’étais un mouton. Attendez la suite. Voyez-vous, un matin d’automne, vaguement réveillé et encore dans mon lit, il m’a pris par accident de supprimer ma photo de profil; cette même photo que j’avais consacré 12 heures auparavant comme blason public de mon sex appeal. «Ciel, mon profil!», m’écriai-je à moitié en train de pleurer de rire et de pleurer tout court devant ma bêtise. La faute réparée en deux minutes à peine, c’était pourtant bien dommage de constater un retour à un nombre de likes équivalent à zéro.

Maudite addiction

Cette précipitation si soudaine et la constatation de mon désarroi me font apprendre  non pas deux choses, mais trois. La première est que je suis un peu trop attaché à mon flux permanent d’informations, la deuxième est la conclusion de la première: il faut savoir se détacher de ce flux. La troisième englobe les deux précédentes: il s’agit de la nécessité de relativiser.

Pourquoi sommes-nous tant attachés à nos likes?

La réponse me paraît simple. Comme l’expliquait Wendy Brown le 13 octobre dernier lors de la Beaverbrook Annual Lecture (Conférence annuelle Beaverbrook, ndlr), le néo-libéralisme s’est immiscé dans nos modes de vie en en régulant chaque aspect de manière à nous faire apparaître comme des produits ayant une valeur sur un marché. Dans ce marché immatériel, on peut imaginer des agences de notation (Facebook, Instagram, Twitter…) qui nous donnent une valeur selon nos likes, nos amis, nos connections (sur LinkedIn). N’oublions pas que Facebook, par exemple, est à la base une plateforme destinée au réseautage entre membres de bonne société. C’est très pratique quand il s’agit d’avoir une vue d’ensemble de la valeur d’une personne sur le marché relationnel, mais il existe nécessairement des éléments réducteurs inhérents à ces marchés. Comme exemple, un nombre important de likes ou de partages est la condition sine qua non de la bonne visibilité d’une publication ouverte au public sur Facebook, plutôt que la valeur intrinsèque du message porté.

Mahaut Engérant

À la réflexion pourtant, un nombre important de likes est une envie irrationnelle si l’on se base dans le monde réel. Qu’est-ce qu’un «clic» en bas d’une image veut dire sinon une poussée de dopamine dans le cerveau de l’individu qui reçoit le like? Dans le monde de l’immatériel, il veut pourtant dire approbation et popularité. En d’autres termes, au niveau individuel, cela se traduit en capital séduction.

Pour reprendre l’explication de Yann Dall’Aglio, auteur d’un Ted Talk sur le sujet: c’est l’accumulation hystérique de symboles de la désirabilité qui fait qu’adolescents, nous achetons une nouvelle paire de jeans puis la déchirons au genoux simplement pour plaire à Jennifer.

Loin de moi l’idée de remédier à cette situation, j’ai conscience d’avoir moi-même un capital séduction – dont je ne vous dévoilerai pas le montant car je l’ignore. Je peux chercher à le connaître mais cette quête n’est pas très utile à mon avis car elle accorde trop d’importance à l’avis des autres. La seule chose dont je suis sûr est que le fait d’être attaché à ses réseaux sociaux est le reflet de l’attachement à notre capital séduction. Si j’ai sauté sur mon portable ce matin-là, c’est que je commence à attacher trop d’importance à mon image. Mais cela dit, en ayant bien réfléchi, allez tout de même liker ma photo de profil. 

Note: Certains passages de cet article ne sont pas à prendre au premier degré.

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Allison Turner https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/23359/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/23359/#respond Tue, 06 Oct 2015 15:49:06 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23359 Nouveau Parti démocratique | Ville-Marie — Le Sud-Ouest — Île-des-Soeurs

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Le Délit (LD): Alors est-ce que vous pouvez brièvement nous présenter les ambitions du NPD à l’échelle fédérale et à celle de votre circonscription?

Allison Turner (AT): Le NPD a le plan solide pour faire le travail nécessaire pour remplacer M. Harper, mener le Canada sur la bonne voie et réparer les dommages qui ont été causés par le gouvernement actuel. Le NPD veut une démocratie transparente, une économie équilibrée, juste et équitable et un environnement propre.

Sur le plan local, le NPD a comme priorité l’augmentation des emplois, on veut implémenter un plan pour le logement abordable et social. L’infrastructure ensuite: on veut investir dans l’infrastructure qui inclut les ponts et les routes, donc il faut que les municipalités aient l’argent nécessaire pour maintenir l’infrastructure et spécifiquement la question, sur le plan local, de la sécurité des voies ferrées. On a vu plusieurs déraillements depuis quelques années alors c’est une situation qui nécessite un plan sérieux.

LD: À propos de la loi C‑51 (loi sur le renseignement, ndlr) et l’héritage du «règne Harper», est-ce que le NPD compte mener une politique de déconstruction de cet héritage s’il l’emporte?

AT: La loi C‑51, c’est quelque chose d’extrêmement sérieux et dangereux pour les Canadiens et c’est pour ça que le NPD veut abroger cette loi, point-barre.

C‑51 n’est que pour augmenter les pouvoirs de services de renseignement et de sécurité canadiens sans que cela soit nécessaire, sans qu’il y ait une surveillance du travail de cette agence. Cette absence de surveillance démontre que le gouvernement ne tient pas compte des droits fondamentaux des Canadiens. Le risque est trop grand, tous les experts sont unanimes sur cela (des anciens juges de la Cour Suprême du Canada, l’Association du Barreau canadien, les Commissaires de la vie privée des Canadiens), tous sont d’accord sur le fait que la loi est dangereuse.

«Le NPD est le seul parti qui veuille la parité entre femmes et hommes.»

LD: Quel est l’intérêt, pour les étudiants de Ville-Marie (qui compte McGill, l’UQAM, Concordia et certains Cégeps, ndlr) de voter pour vous?

AT: C’est d’abord le NPD qui s’est battu pour les étudiants en tant qu’«opposition officielle» au Parlement pour mettre fin à la pratique abusive des stages non-rémunérés. C’est aussi le NPD qui s’engage à créer 40 000 emplois pour les étudiants spécifiquement parce que nous savons que les étudiants s’endettent parfois beaucoup pour terminer leurs études. Je pense que le NPD est le seul parti qui veuille améliorer le sort des étudiants qui terminent leurs études avec des dettes épouvantables.

Il y a aussi une étudiante de McGill a qui a proposé le Programme de Délégué de Jeunesse (Youth Delegate Program, ndlr). Il s’agit d’un programme qui existe déjà ailleurs dans le monde où on fait en sorte qu’un représentant de la jeunesse siège dans les délégations internationales. Le NPD appuie un tel projet pour s’assurer que la jeunesse ait une voix dans notre démocratie et dans nos affaires étrangères.

LD: Vos deux années de service au Conseil des Montréalaises montrent entre autres vos préoccupations pour la justice sociale. Comment celles ci sont-elles traduites dans votre programme?

AT: Dans un premier temps, le NPD est le seul parti qui veuille la parité entre femmes et hommes. On veut atteindre 50% de femmes au Parlement. C’est une priorité pour le NPD, pour s’assurer que les femmes participent à parts égales dans notre système démocratique.

En général, j’ai toujours travaillé pour donner une voix à celles et ceux qui n’avaient pas une voix ou pas suffisamment de voix. Et pour moi le NPD, c’est le parti qui veut bien représenter tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.

LD: Et votre modèle politique? Vous n’avez pas le droit de dire Mulcair, ça serait trop facile.

AT: (Rires) Je pense que Tommy Douglas est un très bon modèle pour le Canada et on n’a pas vu beaucoup de personnages politiques qui aient la personnalité engageante, qui personnifient la justice sociale comme lui. Mais je pense que Tom Mulcair, c’est sûr, c’est le chef le plus fort, qui a les valeurs de la justice sociale et qu’on a vu à maintes reprises défendre pendant qu’il était le chef de l’opposition officielle.

Éléonore Nouel | Le Délit

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Rêves de guerre https://www.delitfrancais.com/2015/09/22/reves-de-guerre/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/22/reves-de-guerre/#respond Tue, 22 Sep 2015 16:25:06 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23100 Jacques Pugin expose Les Cavaliers du Diable pour le Mois de la Photo.

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«Allez viens, on est bien!» Voilà ce que ne dirait pas l’exposition de Jacques Pugin sur les dégâts de la Guerre du Darfour. Elle dirait plutôt qu’il est possible d’appréhender la douleur et le mal de manière esthétique.

Dans le cadre du Mois de la Photo de Montréal, divers photographes nous invitent à réfléchir sur un thème plus global que celui de leurs propres expositions: celui de la condition post-photographique. Késako? La remise en question de l’art photographique face à la sursaturation d’images, de ses canons qui évoluent au fur et à mesure que nous valorisons de plus en plus l’accessibilité à l’image par rapport au contenu de l’image elle-même, et enfin du rôle de l’auteur qui fait face à sa propre évolution en une période de temps minime.

Jacques Pugin est un artiste qui fait valoir son point de vue sur cette évolution dans Les Cavaliers du Diable, présentement au Centre Phi. Il utilise tout d’abord des images qui ne sont pas ses propres clichés mais qui proviennent de Google Earth: le premier pas de l’artiste post-photographique qui admet l’évolution. Ces clichés représentent à l’origine des traces noires sur fond de sable rouge, vestiges des ruines des maisons et des clôtures de villages victimes de guerre civile. En leur appliquant un double-traitement, Pugin transforme ces images de manière singulière. Il retire d’abord les couleurs des photographies puis les inverse: le noir devient blanc et le blanc devient noir, ce qui laisse apparaître des formes à priori incompréhensibles mais qui révèlent finalement leur sens avec plus d’explications.

Pugin explique donc: «D’habitude on fait des photographies de guerre où on montre des gens qui se font tuer, moi je voulais faire une image […] qui représente autre chose, presque des voûtes célestes.» À première vue, c’est en effet l’impression que donnent ces images noires tachetées de lumière. La tête dans les étoiles, on pourrait seulement se dire «c’est beau», se promener pour voir les œuvres les unes après les autres puis repartir en ayant l’impression d’avoir passé une nuit d’été allongé dans l’herbe à contempler le ciel. On pourrait, oui. Seulement chaque image est accompagnée de sa description qui nous ramène aussitôt sur terre. «Lieu: Angabo. Statut: Détruit. Structures détruites: 1000 sur 1000. Année de l’attaque: 2006.» Un frisson très semblable à celui de la première lecture du Dormeur du Val  de Rimbaud, celui qui vous fait froid dans le dos. Ces clichés ne mettent pas fin à l’éternelle réactualisation des problèmes de la guerre mais arment nos questions de sens artistique pour les voir d’une manière différente.

«Tout ce qui était brûlé et noir devient blanc comme le passage du feu symboliquement parlant.» L’engagement de l’artiste par des moyens actuels et la recherche du symbolique sont sans doute deux représentations du nouveau rôle du photographe d’aujourd’hui. La manière dont l’exposition de Jacques Pugin ouvre le dialogue à la fois sur la post-photographie et sur la guerre peut être considérée comme remarquable car elle nous étonne, nous fait rêver mais nous positionne aussi face à l’abîme. 

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Quel prochain pas pour la Catalogne? https://www.delitfrancais.com/2014/11/11/quel-prochain-pas-pour-la-catalogne/ https://www.delitfrancais.com/2014/11/11/quel-prochain-pas-pour-la-catalogne/#respond Tue, 11 Nov 2014 06:16:59 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21793 Dimanche 9 novembre, confirmation de la volonté indépendantiste catalane à 81%.

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Au lendemain du vote symbolique de la Catalogne pour son indépendance, le gouvernement de Mariano Rajoy se trouve maintenant dans l’obligation de revoir sa stratégie quant à la question catalane. Le 9 novembre, les Catalans participaient à un «processus participatif», en répondant aux questions prévues dans le projet de référendum initial: «Voulez-vous que la Catalogne devienne un État?» En cas de oui: «Voulez-vous que cet État soit indépendant?» Avec 80,76% de vote «oui-oui», soit entre 1,6 et 1,8 million de votes selon les chiffres, le processus est considéré comme un «succès total» par Artur Mas, le président de la région du Nord-Est de l’Espagne.

Une vision discutée de la consultation

Cependant, quelques journaux pro-fédéralistes tentent de minimiser cette victoire. Le quotidien madrilène ABC, qui suit la ligne conservatrice du Partido Popular (parti actuellement au pouvoir), dénonce par exemple la consultation comme «une farce» et critique les résultats en publiant ce qu’il reconnaît être les «véritables chiffres» du scrutin.

Malgré cela, la majorité de la presse semble reconnaître l’impact que pourrait avoir la consultation sur la position du gouvernement espagnol sur la question catalane. En rapportant les paroles du président de la Generalitat, le quotidien français Le Monde parle d’un «échec de Rajoy». Celui-ci ne peut désormais plus ignorer un mouvement populaire qui s’est clairement prononcé. D’autres quotidiens comme le Guardian, le New-York Times, ou encore ici  Le Devoir vont dans le même sens. De la même manière, l’historien Joaquim Coll salue la performance d’Artur Mas dans El País du l0 novembre: «le président de la Generalitat a brillamment joué son jeu, et reprend ainsi la tête du processus souverainiste».

Quelle portée?

Maintenant que la voix du peuple s’est faite entendre, une nouvelle question se pose: Quelle va être la réponse du gouvernement espagnol? Le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, actuellement à l’opposition) est un des partis à avoir parlé de réforme constitutionnelle. Si la question reste en suspens, le gouvernement Rajoy ne peut manifestement faire la sourde oreille plus longtemps. 

Comme l’Union Européenne ne s’engage pas dans le débat en plaçant le problème au niveau de l’organisation interne de l’État espagnol, Mariano Rajoy devra soit céder aux demandes de la Generalitat, soit proposer des alternatives ou bien suivre les idées de Rafael Catalá par exemple, le Ministre de la Justice espagnole, en continuant de d’ignorer la volonté du peuple catalan. 

Une aspiration démocratique en devenir 

Néanmoins, s’il y a quelque chose à retenir de ce scrutin, c’est le peu d’emprise que le gouvernement espagnol détient sur la nation catalane. Avec un nombre de votes aux alentours de 2 305000, plus d’un tiers de la population en âge de voter en Catalogne, la consultation aurait certes pu susciter plus de participation, mais elle intervient après que le projet de référendum ait été interdit par le tribunal constitutionnel espagnol le 29 septembre dernier. Ce qui devait être à l’origine un référendum a été transformé en consultation populaire sans conséquence légale. Comme de nombreux témoignages l’indiquent, la différence entre Catalans et Espagnols se trouve en grande partie au niveau culturel; une différence que les catalans s’escriment à cultiver à travers leur système éducatif qui promeut le catalanisme mais que l’on retrouve aussi dans les nombreuses fêtes de la région comme la Diada (Journée Nationale de Catalogne) où les velléités nationalistes s’illustrent. D’autres facteurs comme l’existence de la langue catalane et son ubiquité autrefois sévèrement réprimée sous la dictature franquiste interviennent quand il s’agit de comprendre les origines du nationalisme catalan. Une chose reste claire: de plus en plus près du but, le gouvernement de la Generalitat ne cessera de miser sur la presse internationale pour exposer sa cause.  

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Et si Emma Watson était Mme Tout-le-monde? https://www.delitfrancais.com/2014/10/08/et-si-emma-watson-etait-mme-tout-le-monde-2/ Wed, 08 Oct 2014 05:41:35 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21464 Parole à la défense de l’Ambassadrice pour les droits des femmes aux Nations Unies.

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Un peu plus de deux semaines après le début de la campagne He For She, on compte aux alentours de 170 000 partisans de sexe masculin sur le site du mouvement. He For She est un mouvement féministe qui reprend les enjeux «classiques» du féminisme, à savoir les luttes pour l’égalité en termes de salaire et d’éducation par rapport à la gent masculine, tout en abordant aussi des thèmes comme le mariage forcé. Dans un monde si prompt à demander du nouveau, le mouvement innove en invitant officiellement les hommes à s’engager contre les inégalités faites aux femmes.

À première vue, il s’agirait d’une bonne manière d’engager un changement social en prenant en compte le maximum de personnes. Ainsi, au lancement de la campagne, le 20 septembre dernier, l’icône du mouvement, Emma Watson, semblait loin de se douter qu’elle déclencherait une controverse dans divers milieux féministes. Pourtant, plusieurs voix se sont hâtivement élevées contre le mouvement et une variété de critiques ont été lancées à l’encontre de la douce Emma.

«Sauvez Emma»

Le Don Quichotte que je suis dérive d’un style scolaire pour m’approprier le débat et défendre à mon tour la belle Emma.

Face à une actrice, rien de mieux qu’une scène de film pour clarifier le jeu: Emma Watson, alias Bambi et le(s) chasseur(s). Quelles sont les charges? Bambi a un pelage trop soyeux, il est décidément trop connu dans la forêt et utilise sa célébrité pour faire passer un message qui ne le concernerait alors qu’à moitié.

On dénonce He For She comme étant un mouvement féministe dans l’air du temps, qui utilise une icône pour faire passer un message. Ce féminisme «grand public» et «à la mode» ne s’attaquerait qu’à une partie du débat, car il est défendu par des célébrités triées sur le volet, alors que les mouvements qu’elles représentent concernent une variété considérable d’individus, lesquels ne sont pas nécessairement blancs, bien éduqués, riches, beaux, etc… Le tort d’Emma serait qu’elle n’est ni un individu lambda, ni un membre de la communauté LGBT qui vit un quotidien potentiellement différent d’une personne «cisgenre». Bambi n’est ni généralité, ni minorité opprimée; alors certains crient à l’arnaque quand elle se présente comme ambassadrice du féminisme.

Seulement voilà, ce jeu de culpabilité ne marche pas! En effet, qui mieux qu’une jeune femme connue par le monde entier peut discourir en ayant autant de portée, sans pour autant perdre le fond du message féministe? L’image d’Emma à l’ONU a conquis les réseaux sociaux et frappé les esprits, plus profondément que le baiser entre Hermione et Ron dans le dernier film Harry Potter.

D’autres l’accusent de manquer de légitimité. Une jeune femme à qui la vie, jusque-là, a souri, peut-elle prendre la parole au nom des autres? À cette question, j’en propose d’autres. Se demande-t-on si Marx, de par son éducation bourgeoise, était en position légitime pour fonder une idéologie qui servirait aux plus souffrants que lui? Doit-on nécessairement être victime de quelque chose pour rejoindre une cause? Si Emma Watson s’appelait Mme Tout-le-monde, ces sophismes ne s’imposeraient pas.

Prenons plutôt comme exemple Elisabeth Badinter, une femme de lettres engagée et qui adopte une position rationelle, en écartant la misandrie de la balance. Emma Watson suit cette démarche en invitant les hommes à rejoindre le mouvement en insistant sur le fait qu’il ne peut pas y avoir d’avancée constructive dans un système à deux temps. Il s’agit non pas d’une lutte, mais d’un travail de société qui demande l’accord des différents partis qui la forment. Et de la même manière que Mrs. Watson termine son discours, j’invite quiconque lit cet article à questionner l’engagement pour la cause féministe: sinon moi, qui? Sinon maintenant, quand?

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