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Quel prochain pas pour la Catalogne ?

Dimanche 9 novembre, confirmation de la volonté indépendantiste catalane à 81%.

Mahaut Engérant

Au lendemain du vote symbolique de la Catalogne pour son indépendance, le gouvernement de Mariano Rajoy se trouve maintenant dans l’obligation de revoir sa stratégie quant à la question catalane. Le 9 novembre, les Catalans participaient à un « processus participatif », en répondant aux questions prévues dans le projet de référendum initial : « Voulez-vous que la Catalogne devienne un État ? » En cas de oui : « Voulez-vous que cet État soit indépendant ? » Avec 80,76% de vote « oui-oui », soit entre 1,6 et 1,8 million de votes selon les chiffres, le processus est considéré comme un « succès total » par Artur Mas, le président de la région du Nord-Est de l’Espagne.

Une vision discutée de la consultation

Cependant, quelques journaux pro-fédéralistes tentent de minimiser cette victoire. Le quotidien madrilène ABC, qui suit la ligne conservatrice du Partido Popular (parti actuellement au pouvoir), dénonce par exemple la consultation comme « une farce » et critique les résultats en publiant ce qu’il reconnaît être les « véritables chiffres » du scrutin.

Malgré cela, la majorité de la presse semble reconnaître l’impact que pourrait avoir la consultation sur la position du gouvernement espagnol sur la question catalane. En rapportant les paroles du président de la Generalitat, le quotidien français Le Monde parle d’un « échec de Rajoy ». Celui-ci ne peut désormais plus ignorer un mouvement populaire qui s’est clairement prononcé. D’autres quotidiens comme le Guardian, le New-York Times, ou encore ici  Le Devoir vont dans le même sens. De la même manière, l’historien Joaquim Coll salue la performance d’Artur Mas dans El País du l0 novembre : « le président de la Generalitat a brillamment joué son jeu, et reprend ainsi la tête du processus souverainiste ».

Quelle portée ?

Maintenant que la voix du peuple s’est faite entendre, une nouvelle question se pose : Quelle va être la réponse du gouvernement espagnol ? Le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, actuellement à l’opposition) est un des partis à avoir parlé de réforme constitutionnelle. Si la question reste en suspens, le gouvernement Rajoy ne peut manifestement faire la sourde oreille plus longtemps. 

Comme l’Union Européenne ne s’engage pas dans le débat en plaçant le problème au niveau de l’organisation interne de l’État espagnol, Mariano Rajoy devra soit céder aux demandes de la Generalitat, soit proposer des alternatives ou bien suivre les idées de Rafael Catalá par exemple, le Ministre de la Justice espagnole, en continuant de d’ignorer la volonté du peuple catalan. 

Une aspiration démocratique en devenir 

Néanmoins, s’il y a quelque chose à retenir de ce scrutin, c’est le peu d’emprise que le gouvernement espagnol détient sur la nation catalane. Avec un nombre de votes aux alentours de 2 305000, plus d’un tiers de la population en âge de voter en Catalogne, la consultation aurait certes pu susciter plus de participation, mais elle intervient après que le projet de référendum ait été interdit par le tribunal constitutionnel espagnol le 29 septembre dernier. Ce qui devait être à l’origine un référendum a été transformé en consultation populaire sans conséquence légale. Comme de nombreux témoignages l’indiquent, la différence entre Catalans et Espagnols se trouve en grande partie au niveau culturel ; une différence que les catalans s’escriment à cultiver à travers leur système éducatif qui promeut le catalanisme mais que l’on retrouve aussi dans les nombreuses fêtes de la région comme la Diada (Journée Nationale de Catalogne) où les velléités nationalistes s’illustrent. D’autres facteurs comme l’existence de la langue catalane et son ubiquité autrefois sévèrement réprimée sous la dictature franquiste interviennent quand il s’agit de comprendre les origines du nationalisme catalan. Une chose reste claire : de plus en plus près du but, le gouvernement de la Generalitat ne cessera de miser sur la presse internationale pour exposer sa cause. 


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