Aller au contenu

COP30 au Brésil : entre espoir et désillusion

Une édition marquée par une forte mobilisation autochtone et des négociations difficiles.

Eileen Davidson | Le Délit

Du 10 au 21 novembre a eu lieu à Belém, au Brésil, la 30e édition de la « Conférence des Partis » (COP), une rencontre de grande envergure entre les délégations de nombreux pays portant sur les changements climatiques. Les COP permettent aux États d’échanger et de conclure des accords internationaux pour tenter de limiter les impacts du réchauffement climatique. Certaines des éditions passées ont mené à des ententes majeures, comme l’Accord de Paris, un ambitieux plan de régulation climatique issu de la COP21 en 2015, qui visait notamment à limiter le réchauffement planétaire à +1,5 degré Celsius. Dix ans plus tard, la COP30 a elle aussi tenté de se démarquer, en particulier via l’inclusion des peuples autochtones de l’Amazonie. Pour en apprendre plus sur le déroulement des négociations, je me suis entretenue avec le Dr Robert Fajber, professeur du département des sciences atmosphériques et océaniques de McGill, qui se spécialise dans les modèles de prédiction des changements climatiques.

Des pourparlers dans un climat déjà altéré

Pour la première fois dans l’histoire des COP, il n’y avait pas de délégation américaine présente sur les lieux de la COP30. Ce choix s’explique par la position climatosceptique du président américain Donald Trump, qui s’était par ailleurs retiré de l’Accord de Paris peu après son inauguration en janvier 2025. Malgré l’absence de cet acteur majeur, les discussions se sont poursuivies entre les délégations sous l’insistance du président brésilien Lula, qui souhaitait que cet événement sur le sol brésilien soit réussi et permette des avancées pour le climat. Les délégations ont principalement débattu de la réduction de l’usage des énergies fossiles, une idée adoptée en principe à la COP de Dubaï en 2023. Ils se sont également entretenus sur les sources de financement de la lutte contre le changement climatique.

Selon le Dr Fajber, les discussions aux COP sont graduellement en train de changer de cap en matière de stratégie pour le climat, notamment sur la question du financement : « Une chose qui est de plus en plus discutée est l’adaptation face au climat plutôt que l’atténuation du changement climatique. » Selon lui, cette nouvelle mentalité qui émerge s’explique par les impacts tangibles du changement climatique qui se font déjà ressentir dans plusieurs pays, dont les ouragans et inondations. Les gouvernements tendent ainsi à prioriser « un soulagement à court terme plutôt qu’un développement vert à long terme », explique le Dr Fajber. De plus, ce dernier maintient que les efforts climatiques doivent être tenus malgré le dépassement du cap du 1,5 degré Celsius en 2024, car les négociations internationales peuvent encore avoir un impact significatif et des bienfaits importants.

Une présence accrue des communautés autochtones

Le président brésilien avait annoncé avant l’événement vouloir intégrer la société civile aux discussions, en particulier les peuples autochtones de l’Amazonie. Que ce soit pour répondre à cet appel ou par simple désir de faire entendre leurs revendications sur la scène internationale, un nombre fracassant de représentants des peuples autochtones s’est déplacé à Belém. Au moyen de manifestations pacifiques ainsi que de blocages des entrées principales du site, ces représentants souhaitaient avant tout attirer l’attention des délégations internationales sur leur combat contre les grands projets de développement, qui nuisent aux modes de vie des populations autochtones en Amazonie en polluant l’environnement naturel et exploitant les ressources nécessaires à leur survie.

La mobilisation importante de ces groupes lors de la COP30 marquera certainement les esprits. Les témoignages et points de vue de ces « gardiens de la biodiversité et du climat » permettront peut-être une meilleure compréhension des enjeux climatiques. La conférence ne s’est pas conclue sur un accord historique comme le souhaitait le président brésilien Lula, mais ce dernier peut toutefois être satisfait que « sa » COP ait mené à une mobilisation si importante des peuples autochtones. Les manifestations ont d’ailleurs porté leurs fruits, puisqu’au cours de la conférence, le Brésil a annoncé la création de dix nouveaux territoires autochtones protégés.


Dans la même édition