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Le jazz de Donal Dogbo, porteur de fraternité

Un final vibrant au Festi Jazz Mont-Tremblant 2025.

Eileen Davidson | Le Délit

La rue principale du village de Saint-Jovite grouillait de touristes déambulant tranquillement sous la chaleur accablante depuis quelque temps déjà. En guise de concert de clôture, la 18e édition du Festi Jazz Mont-Tremblant a accueilli un regroupement d’artistes de divers horizons sur la Grande Scène 885. Entouré de ses musiciens expérimentés, Donald Dogbo a offert une représentation remarquable de ses plus récentes compositions au cours de ce spectacle d’une heure et demie. Gagnant du prix Révélation Radio-Canada 2024, le batteur et percussionniste ivoirien décrit sa musique comme « Afro jazz, tradi-rythmique » dans laquelle il jongle entre les rythmes traditionnels africains et le jazz contemporain.

« Après cette première mise en bouche musicale, on entre véritablement dans l’univers personnel de l’artiste mis en valeur par le format intime de ce spectacle extérieur »

C’est avec « Divine », un morceau introspectif, que l’artiste a choisi d’ouvrir le bal. Aux premiers instants, la foule semble toutefois peu réceptive aux sonorités expérimentales de ce titre tiré de son album « Coubli ». La seconde composition, portée par des sonorités ghanéennes et ponctuée de paroles, permet au public de découvrir pour la première fois le travail raffiné du trompettiste Rémi Cormier, figure montante du jazz et récemment nommé Révélation Radio-Canada 2023- 2024. Pendant sa représentation, Donald Dogbo confie à la foule avoir composé « Kongo » durant la pandémie. Ce morceau met en lumière la réalité d’enfants qui travaillent jour après jour sans savoir à quoi ressemblera demain, comme l’explique l’homme de jazz. Ce dernier s’adresse aux spectateurs : « Pendant que vous écoutez Kongo, pensez à toutes les personnes qui n’ont rien. Pensez à aller voir votre voisin durant l’hiver », une invitation à l’entraide universelle dont nous avons tant besoin par les temps qui courent.

Entre introspection et universalité

Après cette première mise en bouche musicale, on entre véritablement dans l’univers personnel de l’artiste, qui est particulièrement mis en valeur par le format intime de ce spectacle extérieur. Peu à peu, les rythmes entraînants des musiciens réchauffent la foule, qui perd sa timidité en se laissant doucement porter par le mouvement. Le temps d’un solo de plus de cinq minutes, Elli Miller-Maboungou a fait vibrer le conga, cet instrument de percussion emblématique d’Afrique centrale et de l’Ouest. Seul sous les projecteurs, il a enchaîné cadences effrénées et tempos plus posés, tenant la foule en haleine et l’entraînant dans un voyage rythmique saisissant.

Tout au long du spectacle, Dogbo revient sur ce thème de solidarité, rappelant que tendre la main passe aussi par l’appui aux artistes d’ici. Pour lui, encourager la scène jazz montréalaise, encore trop peu reconnue, fait partie intégrante de cet appel. Il convie chacun à aller la découvrir par soi-même. Portés par cette invitation et par la force de sa musique, les spectateurs tombent presque inévitablement sous le charme de rythmes qu’on a envie d’entendre encore et encore.


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