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Au-delà des barrières

Thomas Mulcair explique l’importance de collaborer pour résoudre la crise climatique.

NPD Canada

Du jeudi 12 au vendredi 13 septembre se déroulait au Centre Universitaire la Conférence sur le Climat de McGill. La conférence, intitulée « Construire l’Économie Verte Canadienne : Une Transition Juste » réunit plusieurs acteurs des mondes de la science, l’économie, la philosophie et la politique pour débattre la possibilité d’élargir la politique climatique canadienne tout en assurant sa prospérité économique.

À cette occasion, l’ancien député et ministre de l’Environnement québécois Thomas Mulcair, auteur, en 2004, d’un avant-gardiste plan provincial pour le développement durable, nous parle de la valeur de franchir les barrières politiques, sociales et institutionnelles pour répondre aux enjeux climatiques.

L’importance de l’enjeu

Dès le début de son intervention, l’actuel professeur en sciences politiques à l’Université de Montréal ne s’attarde pas à souligner l’importance de « ce sujet crucial ». Selon lui, le changement climatique serait le principal défi de notre temps, et définirait « le succès ou l’échec » de notre génération. Il déplore le manque d’importance que certains milieux politiques confèrent au problème : « Les gens disent que le Canada ne représente qu’un minime pourcentage des émissions globales de CO2. Cependant, pendant le combat le plus grand de la génération précédente, la Seconde Guerre mondiale, les troupes canadiennes ne représentaient qu’un minime pourcentage de l’ensemble des forces opposant le fascisme et le nazisme… Et, vous savez quoi ? Jamais dans ma vie je n’ai entendu qui que ce soit dire que cela ne valait pas la peine de participer au combat. [Le dérèglement climatique] est le combat de notre génération ».

À maintes reprises pendant son intervention, M. Mulcair insiste sur le manque de conviction politique. Paradoxalement, le changement climatique est pourtant « la priorité première des canadiens », selon certains sondages. Il nous rappelle de plus que le pays a le taux d’émission de gaz à effet de serre par habitant le plus élevé du G20.

Précédents historiques

Mulcair se prononce fermement sur la possibilité de s’affranchir des barrières partisanes, régionales et nationales, et de travailler ensemble pour faire face à la crise climatique. Il base sa conviction sur de nombreux précédents historiques où les dirigeants mondiaux « se réunirent, surmontèrent leurs différences, et réussirent parce qu’ils servaient un but supérieur ». Il fait notamment référence à la collaboration entre le premier ministre Brian Mulroney et le président américain Ronald Reagan, au temps où la NASA dévoilait l’existence d’un trou dans la couche d’ozone. Les deux dirigeants politiques collaborèrent pour signer le fameux Protocole de Montréal de 1987, stipulant l’interdiction de substances nocives à la couche d’ozone, prouvant qu’une collaboration transnationale est possible lorsque le problème dépasse les frontières domestiques.

Mulcair répond aussi à ceux qui considèrent l’action climatique comme trop idéaliste : « Plusieurs des choses que nous prenons pour acquises aujourd’hui, » dit-il, « comme le weekend, le plan de pensions, ou la possibilité de prendre en charge un salarié ayant eu un accident du travail » étaient inimaginables dans le passé, « avant les bouleversements du vingtième siècle ».

Le professeur Hamish van der Ven du département des sciences politiques de l’Université McGill remarque cependant que la plupart des succès historiques mentionnés par l’ancien ministre, comme par exemple la lutte contre les pesticides, pluies acides et trous dans la couche d’ozone, ne concernent pas des industries aussi bien financées et enracinées dans nos vies que l’industrie pétrolière canadienne. « C’est un problème différent qui requiert un type de leadership différent », dit-il. Mais Mulcair répond en faisant allusion à l’ancrage du tabac dans la vie quotidienne il y a quelques décennies, tendance qui « a maintenant totalement disparu des salles de classe et des foyers ». La situation, insiste-t-il, « est une affaire multipartite » et il y a raison de pouvoir envisager une solution tout aussi multilatérale au problème. 

Mulcair conclut en évoquant l’« inspirante » figure de Greta Thunberg, qui sera présente lors de la manifestation pour le climat du 27 septembre à Montréal. Elle est une incarnation fidèle de la thèse portée par l’ancien homme politique québécois, défendant l’idée selon laquelle l’action climatique ne devrait pas connaître de frontières.


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