Aller au contenu

Quand chaque bouchée est risquée

Mieux comprendre les dangers cachés dans notre alimentation.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Qui n’aime pas manger ? Pour beaucoup c’est l’occasion de prendre son temps, de découvrir de nouvelles saveurs, de partager et de profiter. Mais il ne faut pas non plus oublier les risques que l’on peut encourir en mangeant des aliments ultratransformés. Si je vous parle de butylhydroxytoluène, de carboxyméthylcellulose ou encore de polysorbate 80, il se peut fort bien que vous n’en ayez jamais entendu parler. Vous en mangez pourtant très souvent, puisqu’il s’agit d’additifs répandus. Aujourd’hui, il est important de se poser des questions sur la qualité de nos aliments ainsi que sur le potentiel risque auquel nous nous exposons en les consommant. Mais alors, quels sont-ils exactement ? Et com- ment peut-on mieux se protéger ? 

Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées intentionnellement aux aliments pour en améliorer la conservation, le goût, la texture ou l’apparence. Il ne faut pas les confondre avec les épices, assaisonnements ou autres préparations aromatiques naturelles, ni avec les produits chimiques agricoles. Si certains additifs sont inoffensifs, beaucoup suscitent des inquiétudes pour la santé. Par exemple, certains colorants artificiels ont été associés à des troubles développementaux chez les enfants, tandis que certains agents de conservation sont suspectés d’avoir des effets cancérigènes. De plus, plusieurs additifs sont reconnus comme des perturbateurs endocriniens, ce qui signifie qu’ils peuvent déséquilibrer le système hormonal et entraîner des problèmes reproductifs. Ces substances peuvent donc affecter la fertilité, le développement fœtal ou encore augmenter le risque de certaines maladies chroniques. 

Prenons une canette de Canada Dry. Cette dernière contient un additif à risque élevé pour la santé : du benzoate de sodium, un agent conservateur. Cet additif est suspecté d’avoir des effets néfastes sur la reproduction et le foie ; il peut aussi provoquer des réactions d’intolérance, telles que des troubles gastro-intestinaux, des crises d’asthme et des effets négatifs sur le système nerveux. Malgré ces risques, les additifs sont encore largement utilisés pour prolonger la durée de vie des produits et répondre aux exigences esthétiques des consommateurs. 

Il ne faut cependant pas croire en une ignorance généralisée du public vis-à-vis de ce problème ; il s’agit plutôt d’une question économique mêlée à une forme de fatalisme. Beaucoup de personnes, notamment les étudiants, n’ont pas la capacité financière de privilégier systématiquement des aliments sans additifs potentiellement dangereux. En effet, de manière générale, plus un produit est transformé, moins il est cher. Talia Moses, étudiante mcgilloise, explique la manière dont elle choisit quels aliments acheter : « Je fais attention à ce que mes aliments soient bons pour ma santé, surtout en regardant leur valeur nutritive. Par contre, », ajoute-t-elle, « je ne prête pas vraiment attention aux additifs – ni aux microplastiques d’ailleurs. C’est presque impossible de tout éviter, alors je ne me prends pas trop la tête avec ça ». Pour d’autres, c’est plus une question de déni volontaire : pas question de culpabiliser en mangeant leur collation favorite, alors ils préfèrent ne pas lire la liste d’ingrédients.

Si vous êtes curieux de connaître les risques encourus, ou si vous souhaitez être plus au courant de ce qui se trouve dans votre assiette, l’application mobile Yuka permet de balayer le code-barres de vos aliments et produits cosmétiques et leur attribue une note selon leur qualité. Mieux connaître les additifs qui s’immiscent dans notre alimentation est un premier pas essentiel pour faire des choix éclairés.


Dans la même édition