Cette semaine, Le Délit vous invite à retomber un peu en enfance. À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, qui aura lieu le 20 novembre, l’équipe vous propose une édition spéciale sur cette période fondatrice.
Des premiers mots aux premiers pas, des premières amitiés aux premiers chagrins, l’enfance dessine les contours de notre identité. Chaque épreuve ou frustration à laquelle se heurte un enfant peut s’avérer structurante pour l’adulte qu’il deviendra. Qui ne se souvient pas d’un refus de ses parents devant l’achat d’une glace, d’une chute dans la cour de récréation, ou d’une frayeur devant un dessin animé pourtant destiné aux enfants (oui, on parle bien de Coraline)? L’enfance est le terrain de l’expérimentation, de l’apprentissage ; on pardonne tout aux enfants, toutes les erreurs et tous les gros mots. Mais ce laissez-passer n’est pas éternel.
Au fil des années, les contraintes s’accumulent : l’université, les premiers emplois, le loyer, les impôts. Les responsabilités nous éloignent petit à petit de la légèreté, qui se transforme en nostalgie.
Pour autant, le passage à l’âge adulte ne se décrète pas du jour au lendemain. On continue souvent à se sentir comme un enfant qui joue à être grand, de manière plus ou moins convaincante. Et pour se rassurer, on revient à nos petits rituels : un plat d’enfance, un film familier, une chanson connue, ou un coup de fil à notre mère quand quelque chose va mal.
Bien qu’on ait parfois envie de le laisser derrière nous, notre enfant intérieur ne nous quitte jamais vraiment. Et soyons clair, ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose ! Être enfant, c’est garder une innocence face au monde, un désir de mieux le comprendre, et une croyance indélébile que le meilleur est à venir. Finalement, l’étudiant aguerri, c’est celui qui parvient à cultiver cette part d’enfance en lui, et qui a gardé ce désir d’apprendre et de rendre le monde meilleur.
Il ne faut pourtant pas penser l’enfance comme un long fleuve tranquille ; pour beaucoup, c’est aussi une période de défis et d’épreuves majeures. Derrière les généralités de l’innocence et de l’insouciance se cachent des réalités plurielles. Les enfants sont eux aussi vulnérables aux aléas de la vie, et sont d’ailleurs les premières victimes des crises humanitaires, climatiques et sécuritaires.
Avoir une enfance, c’est aussi un privilège. L’idée même de l’enfant innocent a émergé dans des pays privilégiés où l’on a la chance de s’accorder l’oisiveté. Lorsqu’on grandit sous les bombes, le ciel n’inspire pas le rêve et l’infini, et plutôt la peur. Lorsqu’on grandit le ventre vide, on espère moins rendre le monde meilleur que pouvoir travailler pour nourrir les siens.
Cette édition aspire donc à dresser le portrait de l’enfance dans toutes ses dimensions, en abordant autant sa beauté que les épreuves qu’elle comporte. Malgré nos enfances différentes et nos difficultés personnelles, l’enfance a une portée commune pour chacun de nous : elle compose qui nous avons été, qui nous sommes, et qui nous serons à l’avenir.


