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Arrondir son don : oui ou non ?

Comment la pauvreté affecte les enfants au Québec.

Stu Doré | Le Délit

Ces temps-ci, les magasins de seconde main sont extrêmement populaires chez les jeunes. Le thrift store, temple de la réutilisation et de la revente d’objets, semble en effet être un endroit de prédilection pour bien des gens. Leur but principal : aider les gens à faible revenu. Cependant, que ce soit celui qui ne peut s’acheter une canne de soupe ou celui qui possède la compagnie de ladite soupe, la friperie attire tout le monde et laisse toute honte de magasinage de matériel usagé à la porte. Il n’y a pourtant pas si longtemps de cela, l’idée de mettre le pied dans un tel endroit aurait fait « la honte à un chien ». La friperie était vue comme un établissement quasiment sous-humain ; personne n’osait s’y rendre par peur d’y croiser une connaissance.

C’est quelque chose que j’ai eu le privilège de vivre dans mon enfance : un air de mépris, des mots peu délicats dirigés vers ma mère et moi. Comme si cette simple action changeait notre valeur à leurs yeux. Le stigma, la rareté de ressources, l’angoisse constante des finances et de l’effritement du foyer : vivre la pauvreté dans l’enfance apporte bien des difficultés à celles et ceux qui la traversent à travers le pays.

Le changement d’avis concernant les friperies pourrait être lié à la diminution du taux de pauvreté au Canada et au Québec. En effet, selon Statistique Canada, de 2015 à 2021, le taux de pauvreté canadien est passé de 14,5 % à 8,1 % alors que, selon Statistique Québec, celui de notre province a diminué de 13,5 % à 5,2 %. Pourtant, ce qui frappe le plus, c’est cette même statistique, chez les enfants, qui a diminué de plus de la moitié, et ne dépasse pas les 10 % dans toutes les tranches d’âges.

Malgré ces bonnes nouvelles, Le Journal de Montréal précise qu’au Québec, près d’un ménage sur cinq vivait sous le seuil du revenu viable, soit un niveau situé entre 40 000 $ et 80 000 $ pour un foyer monoparental avec un enfant ou un foyer avec deux parents et deux enfants. En tout, cela représenterait 20 % des foyers ayant de la difficulté à finir l’année, tout en subvenant aux besoins de leur famille ; un portrait moins rose que celui présenté dans les données de 2021.

Selon Enfants d’abord Canada et Radio-Canada, environ 1,3 million d’enfants vivaient dans la pauvreté en 2021, contre 1,34 en 2015. Statistique Canada avance une explication possible à cette faible diminution de la pauvreté, en rappelant la création temporaire de prestations pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que l’augmentation de l’allocation canadienne pour enfants, spécifiquement pour la période entre 2019 et 2021.

La pauvreté dans l’enfance englobe un large éventail de problèmes, notamment la négligence alimentaire, hygiénique et éducative, qui affectent profondément la croissance et le développement infantile. Cette négligence peut, dans certains cas, se métamorphoser en maltraitance physique et mentale. Le manque de stabilité dans le milieu familial peut ainsi entraîner non seulement des problèmes de santé et des difficultés financières, mais aussi une panoplie de problèmes mentaux qui, s’ils ne sont pas pris en charge, risquent de se prolonger à l’âge adulte.

Malgré tout, plusieurs organismes existent et viennent en aide aux familles dans le besoin, dont le Carrefour Familial Hochelaga, Centraide du Grand-Montréal et avant tout, les enfants – Montréal. Si vous ou un proche avez besoin de soutien, ne craignez pas de prendre la main qui se tend vers vous ; tout le monde mérite une seconde chance.


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