C’est au Lion d’Or, cabaret style Art déco miraculeusement préservé de la démolition, qu’a eu lieu la soirée d’ouverture du Festival international de la littérature 2025 (FIL pour les intimes). Le spectacle intitulé Demain l’amour se présente comme un happening poétique et musical, une célébration de ce qui continue de nous unir en ces temps incertains et une lettre d’amour aux poètes et chansonnier·ère·s québécois·e·s. Mon ami Euniden et moi ne savons trop à quoi nous attendre. Nous étudions tous deux la littérature, mais nous nous avouons mutuellement que, la poésie, « c’est pas trop notre truc ». Par hasard, je tombe sur une de mes professeures du cégep (qui est aussi, je l’apprends ce soir-là, une ancienne rédactrice en chef du Délit). Nous échangeons jusqu’à ce que le tournage interrompe notre conversation.
Rien n’aurait pu nous préparer à ce que nous avons vécu ce soir-là. Ni une connaissance pointue de la poésie québécoise ni de la chanson québécoise ni de la musique ni de la performance poétique. Pendant une heure et demie, les artistes enchaînent les textes, les superposant même, parfois, avec une aisance et une ferveur qui crèvent les yeux. Les compositions des années 60 côtoient des textes contemporains inédits : Paré-Poirier, Leclerc, Vigneault, Gill, Daoust, Miron, Beauchamp… tous sont conviés à la fête. Il y a cinq voix sur scène. Elkahna Talbi, alias Queen K, met en chant un poème. En complément, le duo Célia Gouin-Arsenault et Flavie Melançon ose une déclamation extrêmement sensible de « La Vie, l’Amour, la Mort » de Félix Leclerc. À son tour, Mathieu Gosselin nous fait cadeau d’une lecture épique de Regards et jeux dans l’espace de Saint-Denys Garneau. Ce sont Ca- mille Paré-Poirier et Mattis Savard-Verhoeven qui complètent cette fabuleuse équipe d’interprètes.
« Pendant une heure et demie, les artistes enchaînent les textes, les superposant même, parfois, avec une aisance et une ferveur qui crèvent les yeux »
Du côté musical, tout au long du spectacle, la chanteuse Flavie est épaulée par le duo folk CORAIL (Julien Comptour et Philippe Noël) et Thomas Bruneau Faubert. L’accompagnement musical, souvent sous forme de percussion, transforme la simple lecture expressive en véritable expérience théâtrale.
Le spectacle se conclut par un extrait du Journal de Marie Uguay, dans lequel elle exprime l’amour immense qu’elle ressent pour ses ami·e·s.
« L’accompagnement musical, souvent sous forme de percussion, transforme la simple lecture expressive en véritable expérience théâtrale »
Euniden et moi sortons de ce spectacle bouleversés, gonflés d’amour pour le Québec, pour notre langue, pour notre poésie. Nous ne pouvons arrêter de parler de ce que nous venons de vivre. J’épluche la programmation du FIL : cabarets, spectacles, performances et rencontres littéraires tous les jours jusqu’au 4 octobre 2025. Mon ami rit un peu de mon engouement zélé. Je crois qu’il voit qu’en feuilletant la brochure, en imaginant toutes ces rencontres artistiques potentielles, c’est carrément de l’amour que j’ai dans les yeux.