L’incertitude plane sur l’économie canadienne, les conséquences de la guerre commerciale avec les États-Unis se faisant de plus en plus ressentir. Le rapport sur l’emploi très décevant du mois d’août n’a fait que renforcer l’inquiétude sur la santé économique du pays. C’est dans ce cadre que le premier ministre Mark Carney s’est engagé à rétablir des relations économiques plus stables avec son voisin du sud. La suppression de la quasi-totalité des tarifs de rétorsion annoncée le 22 août et mise en vigueur au début du mois de septembre a été bien accueillie par Donald Trump, qui a qualifié le geste de « bien (tdlr) ». Un signe de réconciliation peut-être, mais qui ne préconise pas pour l’instant un allègement des taxes douanières américaines. À ce sujet, les deux chefs d’État auraient eu une « bonne conversation » au téléphone, selon Mark Carney.
Le plus dur reste à faire
La suppression des tarifs de rétorsion, symbole de la bonne volonté d’Ottawa, a été accompagnée d’une vague d’efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre commerciale. Parmi eux, la visite à Washington du greffier du Conseil privé, Michael Sabia, ainsi que celle du ministre responsable du Commerce Canada–États-unis Dominic LeBlanc, qui a rencontré son homologue américain Howard Lutnick. Les discussions avec Washington ont alors repris, sans pour autant aboutir à un accord.
« Un signe de réconciliation peut-être, mais qui ne préconise pas pour l’instant un allègement des taxes douanières américaines »
Reste à comprendre la motivation derrière cette nouvelle approche du premier ministre. Selon Francesco Amodio, professeur d’économie à l’Université McGill et spécialiste de l’économie politique, « cette manœuvre pourrait signifier que la guerre commerciale correspond à ce que l’on pouvait espérer ; une grosse agitation avant un retour à la norme. Sinon, il y aurait un aveu que la stratégie des tarifs de rétorsion a échoué ». Effectivement, si certains droits de douane sur le fer, l’automobile et l’aluminium restent en place, il est toutefois clair qu’Ottawa a abandonné cette stratégie. À la fois, car elle a été inefficace, mais aussi, car elle a créé un climat économique instable. Amodio explique que « la guerre commerciale et les tarifs mènent à un sentiment d’incertitude, et c’est cette incertitude qui est dévastatrice pour les entreprises ». C’est pour combattre l’incertitude responsable des soucis économiques que Mark Carney prend une nouvelle approche.
Un espoir inattendu
Il faudra alors attendre encore un peu pour un retour à la norme, même si les avancées les plus prometteuses peuvent se faire de l’autre côté de la frontière. Une cour d’appel fédérale a statué que les tarifs imposés par les États-Unis n’étaient pas conformes à la Loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux. L’administration Trump réserve le droit de faire appel de cette décision jusqu’au 14 octobre. Ce revers pour Trump pourrait faire le bonheur du Canada, et solidifier un retour à la norme tant espéré par le premier ministre.