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Danser pour se souvenir

Retour sur la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s.

Clément Veysset | Le Délit

À l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s organisée par McGill dans l’amphithéâtre Tanna Schulich de l’école de musique, les Montreal Steppers ont réalisé une performance devant une salle comble. Formé en 2019 par Kayin Queeley, ce collectif d’artistes fait vivre l’art du step. La step dance est un style de danse issu de la diaspora afro-descendante, utilisant le corps comme seul instrument, mélangeant danse, cadences de pieds, claquements de main et chants. La vocation du groupe dépasse la simple performance artistique ; les Montreal Steppers se servent aussi du step pour faire vivre l’héritage culturel afro-américain, et ainsi enrichir les conversations sur l’histoire des Noir·e·s.

Instrument de résistance 

De 19h à 19h30, les Montreal Steppers se sont produits sur scène, dans une performance éducative mélangeant stepping, chants, et interactions avec le public. Le fondateur du groupe, Kayin Queeley, ainsi qu’une autre artiste du groupe, ont aussi pris le temps d’exposer l’histoire de cet art, son évolution, et sa résonance aujourd’hui, particulièrement alors que s’amorce le Mois de l’histoire des Noir·e·s.

Seuls sur scène, sans autre instrument que leurs corps, les cinq artistes se sont mis en place sous les applaudissements des spectateurs, les poings collés à quelques centimètres de leur torse, les jambes légèrement écartées. La prestation commence, en rythme, ils frappent le sol de leurs pieds, suivis par des clappements de mains. Le groupe évolue sur la scène, chacun suivant sa propre trajectoire, en dansant tout en créant avec son corps une mélodie commune, accompagnée par des chants ou du slam. 

Après quelques minutes de démonstration, Kayin a pris la parole pour contextualiser son art : « Le step, c’est utiliser son corps pour créer de la musique, pour se souvenir des mains de notre peuple qui cultivaient les champs, mais aussi de leurs pieds, qui ont parcouru des milliers de kilomètres. Avec le step, notre peuple s’est réapproprié son corps, qui n’est pas seulement une propriété, mais un instrument de création pour faire vivre nos traditions, ainsi qu’un outil de résistance et de justice (tdlr). »

Le groupe a aussi entonné « Stand up » de Cynthia Evira, chantée en solo par l’une des artistes, accompagnée dans le rythme, la mélodie et la danse par les quatre autres derrière elle. Tout aulong du spectacle, le public a été invité à accompagner les artistes, en chantant, en tapant des mains, et vers la fin en se levant et en performant avec eux une mélodie commune.


L’art du step

Tout au long de la performance, l’accent a été mis sur l’histoire de l’art du step et sur sa résonance avec l’histoire des Noir·e·s. L’une des fondatrices du mouvement au Canada, membre du premier groupe de step canadien – les Vanier Stompers, a été invitée au cours de la performance pour raconter son histoire. « J’avais 19 ans en 1991. Tout a commencé au cégep Vanier, on était inspiré et on aspirait à se transformer et à faire vivre notre communauté. Ce sont nous, les femmes de couleur, qui avons lancé le mouvement. Tout au long de notre histoire, on a su réagir rapidement, créer du changement et faire du bruit ». Elle a alors été rejointe sur scène par les trois membres féminins des Montreal Steppers, puis par leurs collègues masculins, et ils ont entamé ensemble une mélodie en tapant sur leurs corps, en frappant le sol de leurs pieds, transformant sa narration en slam. 

Introduit au Canada d’un petit groupe issu du cégep Vanier, le step rassemble aujourd’hui des milliers de participants, et l’art continue de vivre, notamment grâce aux Montreal Steppers, qui se produisent partout en Amérique du Nord, particulièrement au Canada lors de leur tournée 2023–2024.


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