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Fermez les yeux, ouvrez les oreilles !

Voyage historique et musical avec l’Orchestre classique de Montréal.

Rose Chedid | Le Délit

Nouveau Départ, c’est le titre donné à la 84e saison de l’Orchestre classique de Montréal (OCM), qui a été lancée le 21 septembre dernier à la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Elle rend hommage au chef d’orchestre Jacques Lacombe, son nouveau directeur artistique. Le premier concert À travers les Amériques nous donne la tonalité de la saison à venir. Malgré un début quelque peu lent, les musiciens nous transportent graduellement dans un univers parallèle captivant.

Inclusion, diversité, équité

L’OCM est une organisation à but non lucratif, disposant du statut d’organisme de bienfaisance, car il a pour objectif de profiter à la collectivité. Il est financé par des dons et des commanditaires. Il s’engage à célébrer la musique et les talents québécois, autochtones et canadiens : l’orchestre se veut inclusif. En 2018, il a lancé l’initiative Musique pour tous, qui vise à faciliter l’accessibilité de ses concerts. En collaboration avec de nombreux organismes, des billets gratuits sont offerts aux nouveaux arrivants afin de faciliter leur intégration au Québec. L’orchestre propose également des concerts dans des maisons de retraite.

Fondé en 1939 par Alexander et Lotte Brott, il était, à l’origine, composé de professeurs du Conservatoire de musique de l’Université McGill. Ils formaient le Quatuor à cordes McGill. Yaëla Hertz était pendant longtemps la violoniste solo de l’orchestre, l’une des premières femmes à occuper ce statut au Canada. Aujourd’hui, le rôle revient au talentueux et renommé Marc Djokic. 

Un crescendo puissant 

Les lumières tamisées des cierges de la Chapelle Notre- Dame-de-Bon-Secours nous enveloppent dans l’atmosphère chaleureuse du concert de musique de chambre. Ce type de musique, apparu au 16e siècle, était réservé à la noblesse. Elle consiste en un petit ensemble qui nous permet d’entendre distinctement le timbre de chaque instrument. 

« L’acoustique exceptionnelle de la chapelle fait résonner les notes du dernier morceau qui nous transcende »

À travers les Amériques nous convie dans l’intimité musicale de Marc Djokic, qui a choisi d’interpréter ses œuvres de chambre préférées du continent. Divisé en deux par- ties par un entracte, le concert se construit sur une accumulation, les instruments faisant chacun leur entrée, morceau par morceau. Il commence avec un air pour violon soliste de l’artiste canadien contemporain Christos Hatzis. S’ajoute ensuite le piano pour une sonate du compositeur Corigliano. Puis, le quatuor à cordes rejoint la partie. Si les morceaux ne suivent pas de chronologie particulière, on comprend que l’ordre des chansons n’a pas été choisi par hasard. Chaque nouveau morceau monte en puissance, affichant la virtuosité, la concentration et la passion des artistes qui engagent même leur corps dans la musique, virevoltant à son rythme. Les notes filent des aigus aux graves, d’un tempo lent à rapide, de doux à très fort, en un instant, nous donnant l’impression de rebondir sur un cheval en plein galop. Bien que les sons soient harmonieux, aucune mélodie ne se distingue réellement. Mon émotion en tant que spectatrice n’est réellement provoquée qu’après l’entracte, lorsque les musiciens commencent à jouer des morceaux plus puissants. Dans cette deuxième partie, Marc Djokic nous fait voyager à travers les époques du tango impétueux, que l’on voit se transformer au cours du temps. L’acoustique exceptionnelle de la chapelle fait résonner les notes du dernier morceau qui nous transcende. Il s’agit d’Anunciation du compositeur américain Philip Glass. Cette fois, tous les instruments sont réunis, participant à la tempête de notes qui semblent nous élever jusqu’au ciel, vers un état euphorique. On ferme les yeux, et se dévoile un tout autre univers merveilleux, alors que la musique libère notre imagination.

L’OCM propose des spectacles tout au long de l’année à différents endroits dans Montréal. Sa programmation complète est à retrouver sur son site internet.


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