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Le point sur les initiatives autochtones de McGill

Une table ronde avec la vice-principale adjointe Celeste Pedri-Spade.

Rose Chedid | Le Délit

À l’approche de la semaine de sensibilisation aux causes autochtones, Le Délit a rencontré la vice-principale adjointe du Bureau des initiatives autochtone, Celeste Pedri-Spade, entrée en poste afin de rassembler les causes autochtones à McGill. Érudite et artiste ojibwé, Pedri-Spade est originaire de la Première Nation du Lac des Mille Lacs, dans le nord-ouest de l’Ontario. Pedri-Spade a complété son doctorat en anthropologie visuelle à l’Université de Victoria et sa maîtrise en culture et communication à l’Université Royal Roads. Ses intérêts de recherche comprennent l’art autochtone et la décolonisation ; le colonialisme de peuplement et l’indigénéité ; la culture visuelle et matérielle autochtone ; la régénération des Anishinabemowin ; et des méthodologies de recherche autochtones créatives. Artiste de textile formée en suivant les pas de sa mère, elle dit avoir obtenu ce nouveau poste académique grâce à l’art. Elle occupe aujourd’hui cette nouvelle position, étant donné que c’est la première fois que McGill instaure un Bureau d’initiatives autochtones.

Quel est l’objectif de son mandat ?

Son mandat vise à répondre aux demandes d’un groupe de travail sur les études et l’éducation autochtone à McGill. En 2017, ce groupe de travail a lancé une série d’appels à l’action, qu’ils jugeaient essentiels au projet de reconnaissance et de réconciliation de McGill avec les peuples autochtones. Le bureau de Pre Pedri-Spade a rassemblé ces 52 objectifs d’action séparés en cinq catégories : recrutement des étudiants, représentation physique, programmes académiques, recherche et universitaires, et renforcement des capacités. Pour Pedri-Spade, ce plan ambitieux exige que tout le monde travaille dans la même direction. La première année de son mandat a pour but de développer une structure d’équipe appropriée pour rassembler et rencontrer les mcgillois en consultant auprès de la communauté universitaire et des partenaires autochtones de l’Université. Étant donné que McGill est une institution « très décentralisée (tdlr) » d’après Pre Petri Spade, une partie du travail consiste à apprendre à connaître et à regrouper les différents interlocuteurs autochtones sur le campus. Cette institutionnalisation va permettre aux plus petites organisations de faire entendre leur voix de manière systématique, et pas seulement sur demande. Ce comité siégera et a pour ambition d’être la référence pour toutes consultations en lien avec les initiatives autochtones.

Pour la Pre Pedri-Spade, il est important de constituer une équipe d’autochtones pour accomplir ce travail. Elle dit s’inspirer en faisant une « analyse comparative avec d’autres universités » puisque cette initiative n’est pas nouvelle au Canada, elle existe déjà à l’Université de Queen’s en Ontario par exemple. C’est également à travers la National Indigenous University Senior Leaders’ Association que Celeste Petri-Spade dit pouvoir échanger – avec des personnes ayant les mêmes responsabilités, mais dans d’autres universités – sur les problèmes similaires et les solutions à apporter. Son but est donc de former une équipe solide avec une structure et une croissance appropriées.

Engagement auprès des étudiants et personnel autochtones

Pre Pedri-Spade note l’importance de l’inclusion et de la représentation des populations autochtones au sein de son institution. Avec ces 52 appels à l’action en tête, l’Université poursuit activement ses efforts pour attirer davantage d’étudiants et de personnel autochtones. 

Au cœur de cette initiative se retrouve l’une des cinq catégories d’appel à l’action, « le recrutement et la rétention des étudiants autochtones ». La création de postes dotés d’un mandat spécifique comme celui de Pedri-Spade représente déjà une étape significative pour le bureau dédié à cette cause. Lorsque Celeste Pedri-Spade est entrée en poste, il lui était crucial de clarifier les rôles de chacun en se détachant de la direction associée des Initiatives autochtones, pour créer une « véritable première gestion des personnes ». Néanmoins, elle considère que puisque l’initiative du Succès Autochtone existe depuis 1997, celle-ci demeure un point de ralliement essentiel à l’engagement de l’Université envers ses étudiants autochtones.

« Cette démarche s’appuie sur la reconnaissance du rôle essentiel du mentorat et de l’écoute des expériences des diplômés autochtones, afin de mieux guider et soutenir les étudiants actuels. »

Les efforts n’ont pas uniquement été menés au sein de la faculté des études autochtones, ils se sont étendus au-delà, avec la mise en place d’un soutien dédié aux étudiants autochtones dans chaque faculté et département d’études. Ces initiatives ont également ouvert la voie à des discussions essentielles concernant le soutien financier, notamment pour les étudiants provenant des territoires Haudenosaunee et Anishinaabeg – les terres où se situe l’Université McGill. Cependant, l’engagement ne se limite pas à des incitations financières ; il englobe également d’autres formes de soutien continu, telles que l’accès et l’opportunité, ainsi qu’une évaluation des besoins des étudiants autochtones. De plus, dans le but de favoriser la santé mentale de ces étudiants, un poste de conseiller dédié à les accompagner lors de leur parcours universitaire sera instauré. 

L’Université McGill travaille en collaboration avec les communautés locales pour répondre aux 52 appels à l’action, y compris l’engagement envers la dispense des frais de scolarité. Ce processus implique des partenariats avec les autorités éducatives et leurs alumnis pour développer une véritable association avec d’anciens élèves autochtones – initiative qui n’existait pas auparavant. Cette démarche s’appuie sur la reconnaissance du rôle essentiel du mentorat et de l’écoute des expériences des diplômés autochtones, afin de mieux guider et soutenir les étudiants actuels.

Semaine de sensibilisation autochtone

À quelques jours de la semaine de sensibilisation aux autochtones, qui aura lieu du 18 au 30 septembre, Petri-Sade nous a rappelé l’importance des prochains jours, et les défis que son organisation a surmontés. Elle souligne le rôle essentiel de cette semaine en ce qui a trait à la visibilité accordée au Bureau des affaires autochtones, ainsi que l’importance de la collaboration inter-faculté, pouvant donner accès à des partenariats potentiellement pérennes. La semaine autochtone a un programme ambitieux, mais est, selon elle, un bon moyen d’entrée pour en savoir plus sur l’érudition autochtone et leur enseignements : « C’est vraiment un hommage à la souveraineté des connaissances autochtones. » Favorisant la collaboration entre les facultés, un panel de trois femmes autochtones est prévu – organisé par la Faculté de Droit – sur l’éducation et la responsabilité dans le contexte de la violence systémique dans les soins de santé.

Après avoir parlé de sujets comme le racisme et la discrimination vécus par les communautés autochtones dans le domaine des soins de santé, il y aura le 22e Pow Wow annuel de McGill – une manifestation festive célébrant l’héritage culturel des danses et chants autochtones. Il y aura également des ateliers sur la chasse de lapins et la fabrication de bijoux en peau de poisson, une projection de film, et même un spectacle humoristique. Pre Pedri-Spade a souligné l’organisation de scènes d’humour autochtone, et de leur importance au cœur du processus de guérison des peuples et de la connaissance : il est bien plus agréable selon elle de se réunir autour d’autres formes d’expressions et de savoirs autochtones, moins ciblés et moins sérieux.

Un calendrier des activités est disponible pour en savoir plus sur les dates, les lieux et l’inscription à un événement qui vous intéresse lors de la semaine de sensibilisation aux autochtones.


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