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S’engager sans perdre le Nord

Enquête : associations et clubs étudiants à McGill.

Rose Chedid | Le Délit

Des centaines de clubs

Quand je suis arrivée à McGill, l’immense variété de clubs et d’opportunités m’a complètement déboussolée. Je voulais explorer les possibilités, mais face à leur abondance, j’étais paralysée. Et il y a de quoi l’être, l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) gère plus de 230 clubs, couvrant des sujets aux antipodes et proposant à différentes communautés de se retrouver, et d’ affirmer leur présence sur le campus. Par où commencer… Probablement par la Soirée des Activités (Activities Night) qui aura lieu ce mercredi 13 et jeudi 14 septembre de 15h à 20h, qui permet de littéralement sillonner entre les clubs, qui font valoir leur identité et vous convaincront peut-être de les rejoindre.

Le but lorsque l’on s’engage est avant tout de trouver sa place, au sein d’une communauté qui nous représente et nous permet de développer des compétences en fonction de nos centres d’intérêts. Certains clubs à McGill sont organisés et développés d’une façon impressionnante, y appartenir donne de vraies responsabilités qui s’inscrivent dans le concret. Les conférences McGill Model United Nations Assembly (McMun) ou Secondary Schools’ United Nations Symposium (SSUNS) accueillent par exemple chaque année des milliers d’étudiantes et étudiants de toute l’Amérique du Nord. Ils·elles viennent participer à ces simulations des Nations unies réputées, et elles sont entièrement organisées et dirigées par des étudiant·e·s de l’Université McGill. Les enjeux sont grands, alors ces expériences apportent des apprentissages uniques que l’on ne trouverait jamais dans les livres.

« Je voulais explorer les possibilités, mais face à l’abondance j’étais paralysée »

Il y a aussi les clubs qui représentent des communautés marginalisées, des minorités ethniques, géographiques ou religieuses, et qui peuvent créer un réel sentiment d‘ appartenance au sein d’une université si grouillante d’étudiant·e·s qu’elle en devient impersonnelle. Faire partie d’un club peut permettre de compléter des enseignements, mais aussi d’aider à trouver une communauté au sein de laquelle on se sent exister. Il ne faut pas hésiter à essayer, mais ne pas non plus se perdre en surchargeant son emploi du temps. 

Comment éviter de s’écrouler sous le poids des impératifs ? Le Délit a rencontré Lucille Applegate, une étudiante en troisième année très impliquée depuis sa première année dans de nombreux clubs qui lui ont donné de belles responsabilités, et enseigné beaucoup. Elle nous parlera aussi des difficultés qu’elle a rencontrées, et du cheminement qui l’amène à trouver le bon équilibre.

Une étudiante (très) impliquée

Depuis sa première année, Lucille est très impliquée au sein de nombreux clubs, et occupe des positions à responsabilités qui lui demandent du temps. Elle a commencé en devenant vice-présidente des Affaires externes du First Year Council de l’AÉUM, dès son arrivée à l’Université. Dès la session d’hiver de sa première année, elle a fait partie de l’équipe de délégation de simulation des Nations unies de l’université, qui se réunit tous les samedis matins et demande beaucoup de travail en dehors de ces réunions. Puis, durant cette même session, elle fut désignée pour organiser les événements qui ont lieu durant la conférence SSUNS pour des milliers d’étudiant·e·s du secondaire pendant quatre jours en novembre. Lucille choisit ses engagements en fonction de deux critères : elle veut « relever des défis et rencontrer de nouvelles personnes, qui lui ressemblent et qui l’inspirent ». Pour ces raisons, elle a également décidé d’être coordinatrice de la logistique du Frosh de la Faculté des arts cette année, qui fut « avec mon expérience à SSUNS, mon engagement préféré, car incroyablement gratifiante ».

Le bon équilibre

Faire partie d’autant de clubs tout en poursuivant des études à l’Université McGill peut être compliqué à gérer, logistiquement, mais aussi mentalement. Lorsque l’on s’engage dans un club, il n’est jamais possible d’être complètement conscient·e du temps que cela va prendre, d’autant plus pendant la première année, alors que tout est découverte. Lucille nous confie qu’il est déjà arrivé que « mes engagements prennent le dessus sur mes études et que cela ait un effet sur mes notes ». Il a toujours été important pour elle de ne pas laisser tomber les gens avec qui elle travaille, car contrairement au cours, dans un club, si l’on ne remplit pas sa part, le travail retombe souvent sur quelqu’un d’autre. Elle considère d’ailleurs le sens des responsabilités que cela lui a donné comme le plus grand enseignement que ses engagements lui ont apporté. Avec le temps, elle a appris que les études et la santé mentale sont les vraies priorités. Lorsque cela devient trop, « il ne faut pas hésiter à communiquer avec les autres membres du club, car nous sommes tous·tes des étudiant·e·s avant tout ». Finalement, il faut savoir prendre des pauses et prendre soin de soi.


Après s’être essayée à de nombreux clubs et engagements différents, Lucille nous a donné un conseil pour celles et ceux qui veulent s’impliquer dans un club. Elle m’a répondu : « Osez vous lancer. Le but n’est pas de tout savoir avant d’essayer, les clubs sont là pour nous apprendre, et ils sont parfois des révélations. » Lucille a appris le sens du devoir envers les autres et envers elle-même, mais aussi l’organisation. En construisant des projets avec d’autres, elle a pu vivre l’esprit de communauté, qui peut parfois être difficile à trouver au sein d’une si grande université.

Et Le Délit ?

Faire partie du Délit est également une expérience particulière qui donne de nombreuses responsabilités et demande beaucoup de temps. En effet, le journal paraît toutes les semaines et assume le rôle d’être la première plateforme d’informations francophones sur le campus de McGill, les éditrices et éditeurs doivent ainsi toujours assumer leur part de travail. Nous avons de ce fait demandé à notre rédacteur en chef depuis la session d’hiver 2023, Léonard Smith pourquoi et comment il occupait cette position si importante pour notre fonctionnement, à côté de ses études. Il dit considérer le Délit comme un apprentissage à part entière et unique, que les études ou la vie professionnelle ne permettraient jamais. Il précise : « Je considère le Délit comme un processus au sein duquel on est amené à être en constant apprentissage. C’est une expérience unique en son genre de travailler dans une association à but non lucratif mais qui a tout de même les moyens de diffusion à sa disposition pour rejoindre le lectorat chaque semaine. »

« Faire partie du Délit est également une expérience particulière qui donne de nombreuses responsabilités et demande beaucoup de temps »

Concernant la nature même de notre club, qui nous forme au métier de journaliste par le fait même de la pratique et de l’entraide, il ajoute : « Cela nous amène à nous confronter à une diversité de propositions, que ce soit de la part des membres de l’équipe ou des contributeur·rices en réévaluant et en questionnant constamment nos propres opinions. Le Délit est un endroit propice au partage et à l’entraide. On exerce notre esprit critique au quotidien, et il n’y a pas de formations similaires pour les journalistes en devenir à McGill. »

Faire partie de clubs est une expérience unique qui vient compléter l’enseignement universitaire d’une façon plus personnelle, qui nous ressemble. 


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