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Les mcgillois sauvent des vies

Une collecte de sang sur le campus.

Vincent Yuxin Qiu | Le Délit

Le lundi 6 mars dernier se déroulait la première collecte de sang organisée par trois organisations mcgilloises : la Société d’étudiants de médecine (MSS), l’Association étudiante de dons de sang de McGill (MSBDA) et le Club AÉUM MedLife McGill.

Préparatifs et organisation

Les étudiants de McGill ont organisé cette collecte en collaboration avec Héma-Québec – le service partenaire stratégique au service du système de santé québécois – qui a pour mission d’organiser et de récolter les donations de sang et autres produits biologiques d’origine humaine, comme le plasma par exemple. Le Délit a rencontré Natasha Odessa Grimard, étudiante en médecine et membre du Comité de santé mondiale au sein de l’Association étudiante de dons de sang de McGill. Natasha note une envie grandissante depuis quelques années de la part de ces groupes d’organiser une collecte au sein même du campus. Étant donné les difficultés liées à l’organisation et au lancement d’une telle campagne de don de sang, les trois différents groupes ont décidé en septembre dernier de s’allier pour préparer ensemble cette collecte de sang, en partenariat avec Héma-Québec. Natacha a résumé : « Ça avait plus de sens de le faire ensemble. »

Depuis septembre 2022, les démarches avaient débuté afin de contacter Héma-Québec, et de se mettre d’accord sur les effectifs, et les besoins requis par cet événement, mais plusieurs difficultés avaient ralenti l’organisation. Un des principaux problèmes fut de trouver un lieu sur le campus pour accueillir les donneur·se·s.

Le lancement de la campagne a aussi été retardé par le refus de l’AÉUM d’accepter les restrictions imposées par Héma-QC, qui excluaient les donneurs ayant eu des relations sexuelles non hétérosexuelles.

Déroulement de la collecte et restrictions plus inclusives

Le Délit a échangé avec Jeanne, une étudiante en deuxième année à McGill, qui s’est rendue à la collecte sur le campus en tant que donneuse. Dès 10 heures du matin, dans la salle de réception du troisième étage du bâtiment de l’AÉUM, des dizaines d’étudiants comme Jeanne répondaient présents. Pour beaucoup, donner son sang est relativement facile : « Ça faisait un moment que j’y réfléchissais, et je me disais que le don de sang était un acte simple qui pouvait avoir des répercussions importantes et utiles. » Parmi les différentes plateformes pour promouvoir l’événement, c’est à travers les affiches postées dans les couloirs de la bibliothèque Redpath que Jeanne en a entendu parler. Pour elle, l’inscription a eu lieu à McGill et les rendez-vous ont pu être pris en très peu de temps. Elle nous a raconté le déroulement d’un don de sang : au moment de donner son sang, les donneur·se·s sont installé·e·s sur un siège et le personnel médical s’occupe de la prise de sang, tandis que les bénévoles mcgillois venant des différentes associations – comme Natasha – supervisent la fluidité des rendez-vous et se tiennent à la dispositions des donneur·se·s pour tout soutien moral. Le corps médical fait une rapide vérification de plusieurs restrictions au préalable, comme une analyse qui confirme que le taux d’hémoglobine des donneur. se.s est suffisamment élevé à l’aide d’une piqûre sur le doigt. Il y a également d’autres critères de qualification à prendre en compte avant de s’inscrire, comme les voyages récents, qui exposent le donneur au risque de de maladies sanguines, comme la malaria ou encore des conditions par rapport aux relations sexuelles.

« Je me disais que le don de sang était un acte simple qui pouvait avoir des répercussions importantes et utiles »


Jeanne, étudiante à McGill

D’après Natasha, ces critères semblent être plus inclusifs qu’ils ne l’étaient par le passé, mais sont toutefois « toujours questionnables ». Aujourd’hui, les critères d’admissibilité aux dons de produits sanguins ne sont plus basés sur l’orientation sexuelles d’un groupe ciblé, mais sur les pratiques sexuelles ainsi qu’une évaluation individualisée des comportements à risque, comme la pratique du sexe anal.

« Les critères d’admissibilité aux dons ne sont plus basés sur l’orientation sexuelles, mais sur les pratiques sexuelles comme la pratique du sexe anal »

En 1992, le Canada avait opté pour une interdiction à vie de dons pour les hommes homosexuels. C’est seulement en 2013 que les dons étaient permis pour les hommes qui s’abstiennent d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme « pendant au moins cinq ans ». Ce délai avait été réduit à trois mois en 2019. Depuis 2022, les questionnaires d’Héma-Qué- bec pour vérifier sa qualification aux dons ont aussi été remplacés par des questionnaires non-genrés et de plus en plus inclusifs. Héma-Québec affirme que« grâce à ce changement, chaque personne répond aux mêmes questions, quel que soit son sexe, son genre et son orientation sexuelle ». La plateforme de dons assure que ce changement apporte une approche « plus inclusive pour les personnes issues des communautés LGBTQ+ ». Les fondements scientifiques qui attestent que le sexe anal est intrèsequement incompatible avec le don de sang demeurent trop flous pour plusieurs. La seule réponse serait que les relations sexuelles anales présentent un risque élevé d’acquisition d’infections transmissibles sexuellement et par le sang – plus élevé que lors de relations sexuelles orales ou vaginales.

Pourquoi donner ?

Interrogée sur l’intérêt du don du sang, Natasha n’a pas hésité : « C’est nécessaire. » En effet, elle explique que le sang, comme le plasma ou encore les cellules souches, servent à une variété de procédures médicales, des plus banales aux plus complexes. Que ce soit pour des cas extrêmes et urgents, comme lorsqu’une personne donne naissance et qu’il y a un risque d’hémorragie, ou dans des cas moins urgents, comme pour des traitements du cancer, la collecte de sang est indispensable au quotidien dans les services médicaux. L’étudiante en médecine explique que ce n’est pas seulement le sang qui est nécessaire, mais également ses nombreuses composantes qui sont des éléments essentiels à plusieurs procédures médicales. « On a besoin de plus de donneurs, sinon les gens meurent », affirme Natasha.

De manière générale, Jeanne note un personnel très accueillant qui a rendu son expérience bien plus agréable que ce à quoi elle s’attendait : « Malgré mon appréhension initiale – sachant que c’était mon tout premier don – ça s’est super bien passé et je le referais absolument ! » Étant donné le succès de la collecte, avec 100% des rendez-vous comblés par des donneur·se·s, les organisations mcgilloises souhaitent replanifier d’autres collectes de sang sur le campus. Celles-ci n’auront probablement pas lieu avant la prochaine session d’automne, considérant le travail nécessaire en amont d’une campagne et la diminution des effectifs sur le campus durant l’été. En attendant, Natasha rappelle qu’il y a plein d’autres cliniques permanentes et tournantes à Montréal vers lesquelles les étudiants peuvent se tourner afin de donner plus régulièrement.

Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site internet d’Héma-Québec ainsi que les associations MedLife, MSS et MSBDA.


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