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Que faire ?

Réflexions d’un souverainiste.

Laura Tobon | Le Délit

Que faire ? Telle était la question qu’un révolutionnaire russe posait il y a déjà 120 ans. Transposons-la, aujourd’hui, à l’espace québécois afin de voir si une seconde révolution se dessine ici tranquillement. Un Oui plus grand que celui qui s’est passé à McGill dernièrement se dessine-t-il au Québec ?

La réponse est loin d’être évidente, mais tentons une brève — très brève — analyse du temps long en politique québécoise.

Retournons rapidement en 2014 pour parler de la chute du Parti québécois. Le poing en l’air de Péladeau à la figure de Marois. En un mot comme en dix, le PQ de Marois a erré ; il a laissé Philippe Couillard du Parti libéral du Québec définir sa cause première à sa place : celle de l’indépendance du Québec. Une dernière fois, François Legault a décidé de s’obstiner. Et le temps lui a donné raison. Il s’est fait élire majoritaire en 2018.

Aujourd’hui, le premier ministre François Legault est franchement bien installé à l’Assemblée nationale du Québec depuis la dernière élection générale de la province. Si bien installé qu’on lui reproche l’arrogance et le manque d’humilité. Soit. Mais ces critiques me perdent lorsqu’on s’amuse à comparer François Legault à Maurice Duplessis pour son invocation de la clause nonobstant, entièrement constitutionnelle d’ailleurs, et qu’on lui reproche d’avoir un agenda caché pour la souveraineté. Ce serait manquer de sérieux à mon avis. Nommons un chat un chat : la Coalition avenir Québec n’est pas le parti qui réalisera l’indépendance du Québec.

La CAQ est une coalition d’anciens péquistes et libéraux qui se sont rendus compte que leurs chimères identitaires post-1995 ne servaient plus le Québec. Il aura fallu trois élections à l’ancien ministre péquiste pour gagner son pari. Peut-être François Legault était-il fâché en 2014, mais il est resté, et force est de constater que le temps lui a donné raison. Son ancien parti est tombé à son avantage en 2018.

Si bien que l’institution libérale a perdu des plumes, d’importantes même. La valse impossible à laquelle s’est livrée Dominique Anglade a fini par la faire trébucher. 

En ce sens, l’élection générale de 2022 était impertinente, elle nous confirme ce que nous savions déjà : sans l’appui manifeste des anglophones, les libéraux provinciaux ne feront rien de pertinent.

D’autant plus lorsqu’une force politique portée par le mouvement nationaliste de gauche de Québec solidaire souffle sur le Québec.

Rajoutons que Collin Standish et son Parti canadien du Québec ont aboyé, en campagne électorale, un arrogant « Take Back Quebec » qui n’est pas sans rappeler l’Equality Party de Robert Libman. En vain.

Au moins, ce dernier était un homme digne qui a tenu tête au PLQ de Bourassa et qui a remporté son pari en faisant élire quatre sièges en 1989. On peut toujours dire qu’il aura été opportuniste, mais il aura néanmoins eu raison de Bourassa.

Prochainement, les mauvaises langues s’amuseront à nous faire la grimace des trois sièges péquistes. Nous le savons. Jouons le jeu.

Les quatre prochaines années seront névralgiques pour la cause du pays du Québec. Sachons, à notre tour, être à la hauteur des opportunités qui se présenteront. Surtout, ne sous-estimons pas l’élection de Paul Saint-Pierre Plamondon, un ancien de McGill soit dit en passant, dans Camille-Laurin. Montréal a besoin du Parti québécois. L’Assemblée nationale du Québec et le français ont besoin du Parti québécois.

J’étudie à McGill depuis moins d’un trimestre, et depuis, mes convictions souverainistes se sont renforcées. Il est parfois lourd de ne pas se faire répondre un simple « bonjour », « merci » ou « s’il vous plaît » à Montréal.

L’histoire ne se répète jamais, mais il arrive parfois qu’elle bégaye. La prochaine fois (et peut-être la dernière) semble se profiler dans un horizon encore brumeux, mais certain.

La dernière volonté des souverainistes est désormais à conserver ; il ne faudra ni la presser, ni l’abandonner. On connaît le dicton : avant l’heure ce n’est pas l’heure, après l’heure ce n’est plus l’heure. Il ne nous reste plus qu’à être d’une obstinée patience. Cette démarche est, à mon sens, celle que nous devons suivre. Ne lâchons rien.


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