Aller au contenu

Entrevue avec Ronan Reich – Parti conservateur du Canada

Pour le Parti conservateur, Le Délit a rencontré Ronan Reich, étudiant en finance au HEC Montréal, qui brigue un premier mandat dans Laurier–Sainte-Marie.

Équipe de campagne Ronan Reich

Le Délit  (LD) : Les membres de votre parti ont voté à 54% contre une motion visant à reconnaître l’existence des changements climatiques et l’importance de s’y attaquer. Sachant cela, comment allez-vous concilier des mesures suffisamment ambitieuses pour lutter contre cette crise avec la position des membres de votre parti qui ne la reconnaissent pas ?

Ronan Reich (RR) : C’est sûr qu’au Québec ou en Ontario, on a des valeurs différentes  de  celles de l’Alberta. Les gens d’Alberta et nous avons des idées similaires, mais un député représente sa circonscription avant tout. Pour ma part, et comme Erin O’Toole l’a dit, je crois aux changements climatiques et on a un plan environnemental qu’on a sorti en avril dernier pour montrer aux gens qu’on est sérieux sur cet enjeu. On est le seul parti qui a un plan réaliste sur l’environnement et on va lutter contre les changements climatiques, tout en préservant les emplois des Canadiens.

Par exemple, nous avons proposé de mettre un prix sur le carbone. L’argent ainsi perçu sera redonné aux consommateurs et c’est eux qui décideront ce qu’ils achèteront avec cet argent. Ces achats devront toutefois être écologiques. Par exemple, vous pourrez mettre l’argent que vous recevrez dans l’achat d’une voiture électrique ou dans des aménagements écologiques pour votre maison.

LD : Qu’avez-vous pensé de la gestion de la pandémie par le Parti libéral ? Qu’aurait fait de différent le Parti conservateur ? Quelle serait la marche à suivre pour l’avenir alors que nous allons devoir apprendre à vivre avec la COVID-19 et pour assurer la relance économique ?

RR : La pandémie a été complètement mal gérée par Justin Trudeau, en commençant par la fermeture des frontières : ça lui a pris beaucoup de temps. Ensuite, il y a eu la lenteur de l’acquisition de vaccins. Il a d’abord essayé de passer un contrat avec la Chine, ce qui a pris beaucoup de temps pour finalement ne pas fonctionner, et a donc retardé le processus. Les mesures de quarantaine sont donc restées plus longtemps en vigueur et les entreprises ont été fermées plus longtemps en conséquence. 40% de l’économie du Québec a dû fermer. Un gouvernement conservateur aurait essayé d’acquérir des vaccins beaucoup plus rapidement et c’est ce qu’on veut faire pour l’avenir. On a développé un plan pour être capable de créer des vaccins ici même au Canada, si jamais il y a une autre pandémie.

Pour l’instant, il faut commencer à rouvrir le pays, mais il faut être sécuritaire en même temps : c’est pour ça que nous croyons aux vaccins. Ils sont extrêmement importants pour la réouverture du pays, les tests de dépistages le sont également. Ça prend un rétablissement économique, on ne peut pas rester dans la situation actuelle.

LD : Vous parlez de vaccination. Est-ce que la vaccination obligatoire pour les employées fédéraux ou même pour la population canadienne en général serait quelque chose de possible pour un gouvernement conservateur ?

RR : Les vaccins sont extrêmement importants et on va toujours pousser pour que les gens reçoivent leurs vaccins. Je suis moi-même doublement vacciné et je connais des gens qui ne le sont pas, mais je les pousse à aller recevoir leurs doses. Toutefois, si c’est leur décision, on ne peut pas les forcer. Nous sommes dans un pays libre.

« On est le seul parti qui a un plan réaliste sur l’environnement »

Ronan Reich

LD : Quelles propositions fait votre parti pour améliorer les conditions des étudiantes universitaires au pays ? 

RR : Pour aider les jeunes et les étudiants, on mise davantage sur l’accès au marché du travail. On a donc un plan de hausse du nombre d’emplois disponibles. Par exemple, un gouvernement conservateur est prêt à payer jusqu’à 50% du salaire d’un employé nouvellement embauché pour les six premiers mois de travail. On a aussi un plan de rétablissement de l’économie dans le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration dans lequel beaucoup de jeunes travaillent. Par exemple, quand ce sera sécuritaire, on instaurera pendant un mois dans les restaurants, du lundi au vendredi, un rabais de 50% sur la nourriture et les boissons non alcoolisées, ce qui injectera près d’un milliard de dollars dans ce secteur-là.

LD : La plateforme conservatrice continue de promettre l’abolition du décret qui interdit 1500 modèles d’armes à feu. Quels objectifs poursuivez-vous derrière cette mesure ? Pouvez-vous aussi clarifier l’ajout récent dans votre plateforme qui indique que cette interdiction ne concernerait pas les armes déjà interdites ?

RR : On ne lèvera pas l’interdiction sur les armes d’assaut. Erin O’Toole a été clair là-dessus. Toutefois, on veut vraiment se concentrer à travailler avec les services de police pour retirer les armes à feu des mains des criminels. C’est ça pour nous le vrai problème, ce n’est pas les non-criminels qui possèdent des armes, mais plutôt les gangs de rue, surtout à Montréal comme l’on a vu récemment.

LD : Vous affirmez dans votre plateforme vouloir protéger le droit de conscience des professionnels de la santé, c’est-à-dire qu’une médecin ou une infirmière pourrait décider de refuser de pratiquer un acte médical parce qu’il est contraire à ses valeurs. Ne pensez-vous pas qu’une telle proposition pourrait ramener le Canada en arrière sur la question du droit à l’avortement ?

RR : Je suis pro-choix et Erin O’Toole l’est également. Comme je l’ai dit précédemment, le Québec et l’Ontario ont des valeurs très différentes de celles de l’Ouest canadien. Je connais mes collègues au Québec et nous sommes tous pro-choix. S’il y a quelque chose en chambre qui est votée sur la question de l’avortement, nous allons voter « pro-choix ». 

C’est très important de voter pour des candidats conservateurs au Québec parce qu’on veut progresser, on veut changer le parti par rapport à ce qu’il était dans le passé. C’est impossible de faire ça si on ne vote pas pour des gens qui nous représentent dans le parti et qu’on laisse toujours l’Ouest canadien avoir le monopole des candidats élus. Dans ce dernier cas, on va simplement garder les mêmes valeurs et on ne progressera pas.

« C’est très important de voter pour des candidats conservateurs au Québec parce qu’on veut progresser, on veut changer le parti par rapport à ce qu’il était dans le passé »

Ronan Reich

LD : Comment comptez-vous assurer la réconciliation avec les peuples autochtones et la réduction de l’écart entre les conditions de vie des communautés autochtones et du reste de la population canadienne ?

RR : D’abord, il faut toujours reconnaître les torts du Canada envers les Premières Nations, qui sont complètement horribles. Le gouvernement libéral a fait plein de promesses, mais ne les tient pas. Ils ont l’idée qu’Ottawa doit décider à la place des peuples autochtones. Les conservateurs veulent fournir de l’aide, mais laisser de l’autonomie aux personnes, aux provinces et aux nations. On veut travailler en partenariat avec les leaders autochtones et les communautés pour qu’ils aient leur autodétermination, pour qu’ils puissent créer des entreprises et faire croître leur économie. On veut également leur fournir l’eau potable parce que c’est un droit humain. Il est insensé qu’il y ait encore des gens dans notre pays qui n’aient toujours pas accès à l’eau potable.

LD : Le plan conservateur promet de revenir à l’équilibre budgétaire dans une décennie. Pouvez-vous nous expliquer les principales mesures que vous allez mettre en place pour réaliser cela ? Pensez-vous qu’un plan sur une décennie soit réaliste dans un système politique comme le nôtre ?

RR : L’idéal serait d’avoir un gouvernement majoritaire conservateur pour les dix prochaines années. Nous voulons créer beaucoup d’emplois au Canada. 

Nous voulons rétablir un million d’emplois en un an. Pour ce qui est de la crise du logement, nous voulons créer un million de logements dans les trois prochaines années pour rendre le logement plus abordable. Tout ça va diminuer l’inflation et le Canada deviendra plus riche.  La vie deviendra donc plus abordable. C’est  avec cette création de richesse qu’on va équilibrer le budget.

LD : Le plan des conservateurs prévoit d’annuler le programme de garderies mis en place par les libéraux – qui aurait créé plus de  37  000 nouvelles places en garderies – et le remplacer par un crédit d’impôt. Comment est-ce que ce crédit d’impôt viendra compenser la perte de ce programme ?  

RR : On va créer un crédit d’impôt de 75% sur les frais de garde, principalement pour les familles à faibles revenus, ce qui va remettre des milliers de dollars dans les poches de ces familles-là, qui vont pouvoir payer pour la garderie elles-mêmes.

LD : Erin O’Toole a signifié à plusieurs reprises son appui pour le projet de tunnel entre Québec et Lévis (troisième lien), en insistant être le seul parti fédéral qui pourrait aider les Québécois à réaliser ce projet. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette position ? Comment réconciliez-vous cela avec vos promesses d’une relance verte ?

RR : D’abord, c’est un projet qui va créer beaucoup d’emplois. Aussi, un troisième lien va réduire le trafic. Il n’y aura plus de voitures presque stationnées qui font juste émettre des gaz à effet de serre sans avancer sur l’autoroute. De plus, en 2030, il y aura beaucoup plus de voitures électriques donc les émissions seront alors de zéro. Au final, ça va augmenter l’efficacité et la productivité de la ville de Québec.


Dans la même édition