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Ce que signifie Femme(s)

Retour sur la condition féminine explorée par Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand.

Maison 4:3

Femme(s), documentaire d’Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand, est le fruit de 2000 entrevues effectuées dans plus de 50 pays. À l’aide d’intimes témoignages sur fond sombre contrastés par de multiples extraits vidéo aux couleurs vives, Mikova et Arthus-Bertrand offrent la parole à différentes personnalités unies par l’expérience d’être femme. La trame sonore, composée par Armand Amar, intensifie les multiples émotions véhiculées par des témoignages parfois cocasses et d’autres fois déchirants. Le mariage, la maternité, les violences sexuelles, l’amour, la vulnérabilité et l’accès à l’éducation ne sont qu’une mince liste des thèmes abordés durant les 105 puissantes minutes de Femme(s).

Note : Les témoignages plus sombres sont dispersés entre du contenu plus léger tout au long du documentaire. Le format allège ainsi le visionnement, mais l’intensité très crue de plusieurs témoignages et images pourrait affecter le bien-être de certain·e·s spectacteur·rice·s.

Un hommage

Le documentaire débute avec l’hommage « À nos mères ». En effet, Femme(s) se veut une célébration des sacrifices et de l’amour des mères, mais aussi de toutes les femmes qui sont trop souvent réduites au silence par l’étiquette arbitraire du tabou. Comme le soulignent plusieurs femmes qui ont témoigné dans le documentaire, le silence exacerbe les injustices. Partager les expériences trop souvent dissimulées derrière la honte est donc un énorme pas vers la guérison et c’est avec l’objectif d’offrir une voix que Femme(s) approche la condition féminine. Le format visuel des témoignages (plan caméra qui coupe sous les épaules et l’utilisation du même fond sombre pour toutes les entrevues) concentre l’attention absolue des spectateur·rice·s sur les expressions faciales et les paroles des femmes qui ont témoigné.

« Comme le soulignent plusieurs femmes interviewées, le silence exacerbe les injustices. Partager les expériences trop souvent dissimulées derrière la honte est donc un énorme pas vers la guérison et c’est avec l’objectif d’offrir une voix que Femme(s) approche la condition féminine »

L’absence de narration peut sembler légèrement malcommode à première vue puisque, devant ce manque de contexte, l’aspect éducatif de Femme(s) peut être remis en question. En effet, le documentaire ne comporte aucune statistique, explication, ni leçon de géopolitique qui pourrait aider à mieux saisir l’expérience vécue par les femmes qui témoignent. Cependant, c’est aussi là que réside la force du documentaire, car l’absence de contexte brise la distance qui sépare chaque témoignage de l’auditoire ; le·la spectateur·rice devient le·la confident·e de chaque femme montrée à l’écran. En créant ce lien intime, Mikova et Arthus-Bertrand franchissent brillamment les barrières linguistiques (les témoignages sont tout de même sous-titrés) et géographiques qui nous désensibilisent parfois trop facilement à ce qui semble loin de notre quotidien. 

La diversité en contenu et en format

Célébrer la diversité derrière le mot « femme » est aussi essentiel à la lutte féministe. L’incorporation fréquente, entre les entrevues, d’extraits vidéo sans paroles mettant en vedette des femmes de tous les continents célèbre magnifiquement cette diversité. Le lien d’intimité créé par les entrevues est ainsi contrasté par de superbes images qui nous rappellent que célébrer la singularité de chaque femme et les différences culturelles est crucial à la lutte féministe. Selon le contexte dans lequel une expérience est vécue, un même événement peut facilement devenir fantastique pour une et cauchemardesque pour une autre. En présentant des témoignages qui explorent les différents thèmes discutés sous multiples angles, Mikova et Bertrand nous démontrent donc l’importance d’une approche féministe multiculturelle qui saura célébrer ce que signifie être Femme partout dans le monde.

Finalement, « No More Fight Left in Me », chanson-vedette de la trame sonore (chantée et écrite par Imany et composée par Anne-Sophie Versnaeyen), mérite une mention coup de cœur. La chanson, jouée lors du générique de clôture, accompagne divers extraits des coulisses du tournage. L’entraînante mélodie de « No More Fight Left in Me » et ses paroles extrêmement percutantes apportent ainsi la parfaite touche finale qui garantit de faire résonner le combat féministe à l’extérieur de la salle de cinéma. 

Femme(s) est présentement disponible sur le site Internet du cinéma du Parc.


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