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La résilience des sentiers

Le poème acéré.

Elissa Kayal | Le Délit
  1. La résilience des sentiers

Vous savez toute l’histoire
La plus petite des choses
Et quand vos yeux s’ébahissent
C’est pour penser ce qui vous manque
Le moment où nous le voyons
Nous retournons à la forêt

Elle aimait toutes les petites choses

Je veux que vous reconnaissiez
Qu’on nous a pillé la voix
Qu’il y a une déchirure sur notre sentier
Et si je suis un traitre
Tant mieux


Je t’aurais réveillée
De la même façon
Si tu avais été là

Je te retrouverai dans le jardin

Ton chemin était sous les arbres et les buissons
Et la nuit lente les oiseaux les chevaux sauvages

Personne ne nous voit dans ce jardin

Tu n’es plus à l’horizon de mes cils
Tu es dans la nuit à même la nuit


C’est un sentier de mémoire et non d’arbres
Qui guide ma main du chantier vers les champs
Où les fleurs coulent en cirque
Passé les arbres
Près des fruits à l’intérieur du fruit
Je prends ma propre main
Et la branche qui tient ma tête
Me tient droit

Le temps viendra où tu seras seule
Face à l’adversaire
Avec tes cercles de fumés
Tu entreras dans ta propre maison
Et toutes les petites choses
T’appartiendront

Ton chemin était sous les arbres et les buissons
Je l’ai choisi pour la suite du monde

Et si je suis un traitre
Tant mieux


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