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De l’impératif de prendre la rue

Mahaut Engérant | Le Délit

Cette fin de semaine marquait le premier anniversaire d’un des plus importants mouvements de masse sociale à Montréal : le 27 septembre 2019, des centaines de milliers de personnes arpentaient les rues de la métropole pour faire écho aux paroles de la militante Greta Thunberg et à celles de milliers de scientifiques, revendiquant une justice climatique.

Si, un an plus tard, l’on peut questionner les gains réels de ce grand rassemblement, les manifestations demeurent à ce jour l’une des actions les plus concrètes que peut effectuer le peuple pour se faire entendre. 

Parmi les droits fondamentaux octroyés par notre très chère démocratie, l’article 2 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit « la liberté de réunion pacifique, d’association, d’opinion et d’expression ». Mais au Québec, nombreux ont été les événements historiques où ces droits ont été bafoués, soit par des mesures « exceptionnelles » ou par des brutalités policières trop souvent injustifiées.

Que l’on pense aux manifestations de cet été en lien avec le #blacklivesmatter, à la grève étudiante de 2012 ou encore aux événements d’Octobre 1970, le peuple québécois a pris la rue à plusieurs reprises pour affirmer son mécontentement et revendiquer une société plus juste et égalitaire. 

L’action doit parfois être radicale et, sans banaliser la violence, il est impératif de la remettre en perspective.

Le mouvement antiraciste dénonçait les brutalités policières et les violences systémiques commises envers les personnes racisées.

La grève étudiante cherchait à freiner la hausse des frais de scolarité liée aux mesures d’austérité qui précarisait encore plus le système éducatif.

La crise d’Octobre aura quant à elle été le fait de violences et de délits, entraînant une Loi suspendant les libertés civiles des individus.

Mais la violence réside rarement d’un seul côté du camp. Les oppressions entraînées par la précarité, les inégalités sociales et l’environnement qui nous a vus grandir ne sauraient se limiter à la simple responsabilité individuelle. Il est impératif de se tenir debout, de prendre part aux grands débats de notre ère, d’avoir une voix active pour les enjeux que nous souhaitons voir à l’agenda politique.

Le Québec constitue ce bel idéal démocratique, mais nous ne pouvons nous satisfaire d’un simple scrutin aux quatre ans. La démocratie, c’est faire entendre sa voix même quand celle-ci cherche à être tue, et parfois, c’est prendre la rue.


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