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Caligraphie

Le poème acéré.

Elissa Kayal | Le Délit

3. Caligraphie

Il faut pleurer en marge
Pas sur le cahier
Le père parle silence
Il ne faut pas dépasser
Il faut sourire dans les cabines à photo il le faut
Lorsque c’est permis crier battu

Mais le sourire cherche la poussière et l’écriture se mouille
Il ne faut pas dépasser le e du cahier
La petite queue du e dans les lignes tu dois être beau meilleur que lui. Le plus beau des beaux e regarde comme mon e est plus beau que le e des plus beaux enfants et ma force regarde ma force dans mes petits doigts les doigts qui font mal à force de e à force de mouiller dans les marges à force de rectifier ses faiblesses son enfance par la tienne.

Regarde ma force maintenant.

Après l’école les lettres se confondent aux craques aux cris
Les sourires se mouillent et le Petit Robert
Te donne la définition du mot famille

Les fenêtres les briques battent comme bâche au vent
Se gonflent et s’enflent de respirations les pas
Se resserrent les craques de trottoirs
Deviennent les plus belles craques de trottoirs

Tu veux t’y blottir miniature en hamac
Et tous les beaux enfants
Entendent le carambolage des ombres internées

Tu remportes un prix pour le meilleur sourire
Au concours de sourires des idiots du village
Ils se disent regarde comme il le cache mal regarde
Comme il ne sait pas être comme nous

Tu te caches dans l’élasticité du temps
L’élasticité des chambres des craques de trottoirs
Dans la durée des dessous de lit
Des doigts brisés
Du formidable silence de la poussière

Regarde comme les craques de trottoirs sont belles comme des craques de trottoirs regarde les fissures la fente tu veux être la fourmi dans la fente non tu veux chevaucher la fourmi dans la fente tu veux la couronner reine fourmi lui écrire une autobiographie de fourmi habiter avec elle simplement.

Fonder une famille.


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