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Ligne de fuite

Audrey Bourdon | Le Délit

Néancre

Si l’eau

Dévale mon corps en caresses

C’est que son amour

Est immergé d’égard

Et si je danse

Debout sur le lac

Qu’elle soutienne mes folies

Qu’elle danse aussi

Qu’elle me couvre des importuns

 

Si je perds pied,

Étendue-tendresse,

Ne me laisse pas couler

 

Je ne suis pas née ancre.

 

Toi qui sais être courants

Être rivières

Apprends-moi les remous. 

 

Samedi

T’es là

À t’incruster dans mes ennuis 

À t’étendre dans mes poèmes

Tu te loges entre mes poumons

Tu fais comme chez vous

Des fois j’arrête de respirer

Juste pour que tu t’en ailles

Je veux t’asphyxier 

Mais c’est moi qui étouffe

Je ne savais pas que c’était possible 

D’être séquestrée dans son propre corps

Tu t’agrippes à mes organes vitaux, 

Les utilises comme une balançoire

Je t’entends rire dans ma cage thoracique

Je voudrais te vomir

T’expulser en jets

Ou alors

Tu pourrais suivre mes larmes

Partir par mes globes oculaires

Quitter en rivière.

Raz-de-marée

Je me suis laissée submerger

Au creux de tes eaux

Et ont refait surface

Des vagues immortelles

Que je pensais avoir oubliées

 

Tu viens combler

Un manque aqueux

Comme un baume

D’une douceur infatigable

 

Tu me rappelles que je sais flotter.


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