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Penser les ressources urbaines

A.L.M.A. questionne l’utilisation de l’environnement par la ville.

Jean-Maxime Dufresne

Si l’on se rend au 5455 avenue de Gaspé en ces journées enneigées, il est possible de visiter A.L.M.A. à l’espace Occurrence. L’exposition du travail de Jean-Maxime Dufresne (diplômé de McGill et de l’UQÀM) décline, au travers d’images, différentes thématiques illustrées par l’acronyme A.L.M.A. : Acqua, Luce, Materia, Aria. Les images explorent l’utilisation des ressources liées à l’eau, la lumière, la matière et l’air par la ville de Rome.

Le lien entre la nature et la ville et leurs interactions sont illustrés par le travail de l’artiste, inspiré par un récent voyage dans la capitale italienne. Plus précisément, comme le spécifie Jean-Maxime Dufresne, sont mis en avant les excès et les défaillances liés à l’utilisation de l’environnement par les sphères de pouvoir de la ville.

Acqua

L’eau, les aqueducs et les bains sont des images liées à la tradition romaine. Il en est de même pour les fontaines, avec par exemple la fameuse fontaine de Trevi. Pourtant, l’eau reste une richesse fragile. Si elle vient à manquer, elle peut mettre la population à risque. C’est pour cela que l’image de la fontaine peut paraître absurde. Pourquoi utiliser de l’eau ainsi lorsqu’elle devient une ressource vitale ? L’eau permet aussi d’entretenir, de préserver les symboles de la ville, comme le montre la photo d’un homme nettoyant une statue à l’aide d’un jet.

Luce

La lumière est également une idée prédominante lorsque l’on pense à une ville telle que Rome. Si une lumière dorée s’impose à l’esprit, ce n’est pourtant pas celle qui baigne toutes les photos : les lumières artificielles sont l’attribut de la ville. Elles éclairent les rues, les bâtiments, les monuments. Là encore il est possible de s’interroger : les effets de cette lumière artificielle sont-ils nécessairement positifs ?

Materia

L’un des matériaux principaux que l’on associe à Rome est le marbre. Il compose les statues, les bâtiments. Ce matériau, utilisé par des artistes et architectes forme la ville, mais aussi d’autres environnements, tels que les carrières de la région Carrare, dédiées à la production de marbre. La blancheur et la texture du marbre sont des idées récurrentes dans la pratique de l’artiste.

Aria

La qualité de l’air et l’impact de la pollution sont des préoccupations majeures des villes et Rome n’y échappe pas. Comme le précise Jean-Maxime Dufresne, la question de l’air a toujours été une préoccupation centrale pour les habitant·e·s de la capitale italienne. Les habitant·e·s de la Rome antique qualifiaient les fumées produites par la ville de gravioris caeli (ciel lourd) ou de infamis aer (air infâme).

Interconnexions

Ces quatre éléments sont donc centraux au travail de l’artiste et les images mettent en lumière la manière dont la ville les fait interagir. L’eau nettoie le marbre, exposé à la lumière et sali par l’air. A.L.M.A. raconte le passé et le présent, explique comment les héritages impactent les politiques actuelles. Les images de Jean-Maxime Dufresne juxtaposent les aspects symboliques et historiques de la ville avec des objets et des actes du quotidien moderne. Elles mettent en évidence l’absurdité de certaines situations et contestent la nécessité et l’adéquation de l’utilisation actuelle des ressources.


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