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Autonomie des Affaires autochtones

Raisons d’être du frais d’équité autochtone.

Katarina Mladenovicova

Le vendredi 8 novembre dernier, le commissaire aux Affaires autochtones de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), Tomas Jirousek, membre de la nation Kainai, territoire du traité 7 et de la confédération Blackfoot, a animé une session d’information sur le frais d’équité autochtone (Indigenous Equity Fee, en anglais, ndlr), dont la création sera soumise à un référendum étudiant du 12 au 15 novembre. Le Délit s’y est rendu.

Indépendance financière

Tomas Jirousek a expliqué que la création de ce frais, qui serait 1$ par étudiant·e par semestre, sans dérogation possible, permettrait au comité aux Affaires autochtones de devenir indépendant de l’AÉUM et d’autres initiatives autochtones sur le campus en matière de finances. Ainsi, les Affaires autochtones n’auraient plus à compter sur la bonne volonté de l’AÉUM, et d’autres groupes autochtones sur le campus, telle que la First Peoples’ House, seraient libres d’utiliser leur budget afin de subventionner d’autres besoins. Jirousek citait en exemple la campagne Changez le nom, qui a eu lieu l’an passé, disant qu’il avait débuté le projet sans argent et avait dû trouver lui-même des sources de financement auprès de l’AÉUM et d’autres groupes en plus de gérer la campagne. 

Deux nouveaux postes

Présumant l’adoption du frais, le comité aux Affaires autochtones serait, l’an prochain, en mesure d’engager deux autres employé·e·s étudiant·e·s, en plus du·de la commissaire. Les deux postes planifiés sont celui d’un·e chercheur·euse en équité autochtone (Indigenous Equity Researcher, en anglais, ndlr) et d’un·e coordonnateur·rice des campagnes. Cette première personne serait responsable du suivi de l’implantation par l’administration mcgilloise des recommandations du groupe de travail sur les études et l’éducation autochtone du vice-principal exécutif, Christopher Manfredi. Ce groupe de travail avait été créé en 2016 dans le cadre de la sortie des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Le groupe avait été mandaté d’élaborer les recommandations nécessaires afin de parvenir à adresser l’héritage d’injustice envers les personnes autochtones de l’Université McGill. En 2017, il avait présenté 52 appels à l’action, dont le changement de nom des équipes sportives masculines. L’administration dit être en train de veiller à la mise en place de 38 de ces appels. Le·a chercheur·euse en équité autochtone aurait donc pour tâche de consulter les diverses initiatives autochtones présentes sur le campus afin de s’assurer que l’administration dise vrai, et de tenir cette dernière responsable en matière de réconciliation. Le·a coordonnateur·rice des campagnes, quant à lui·elle, organiserait le suivi de ces trouvailles, que ce soit sous la forme de campagnes, de manifestations, ou autre. 

Aide à d’autres groupes

Dans le cadre du frais d’équité autochtone, le comité aux Affaires autochtones serait également en mesure de fournir de l’aide financière à d’autres groupes, tels que l’Alliance des étudiant·e·s autochtones (ISA, Indigenous Students’ Alliance, en anglais, ndlr) et individuellement à des étudiant·e·s autochtones afin de faciliter l’accès à l’hébergement, à la nourriture et aux services d’urgence. Étant compris dans le portfolio des Affaires autochtones, ces fonds seraient plus faciles d’accès aux groupes et personnes qui en ont besoin.

Le comité aux Affaires autochtones serait également en mesure de fournir de l’aide financière à d’autres groupes

Jirousek a de plus mentionné des projets de partenariat avec la communauté autochtone urbaine de Montréal et de la possibilité de traduire certains documents de l’AÉUM en kanien’kéha.

Tumulte à l’AÉUM

Le 8 novembre, l’AÉUM a émis un communiqué en soutien aux mesures d’autonomisation des Affaires autochtones et condamnait des remarques racistes affichées récemment sur la plateforme Reddit, dirigées vers Jirousek et vers l’autonomie du comité aux Affaires autochtones. Selon le communiqué, « ces remarques haineuses […] démontrent combien cette autonomie est nécessaire » et « l’AÉUM doit être soumise à des réformes afin de prioriser les voix étudiantes autochtones ».

La v.-p. aux Affaires internes de l’AÉUM, Sanchi Bhalla, dont la démission avait été demandée en octobre par plusieurs groupes autochtones sur le campus pour manque de soutien, n’a pas signé ce communiqué, la seule membre de l’exécutif à ne pas le faire. Bhalla a clarifié dans un courriel adressé au Délit que « le commissaire aux Affaires autochtones [lui] a spécifiquement demandé de ne pas être signataire [du communiqué] et a à la place mandaté la publication d’excuses personnelles [de sa part] la semaine prochaine ». Jirousek a quant à lui affirmé par courriel que « malheureusement, les étudiant·e·s autochtones n’ont pas une bonne relation de travail avec la v.-p. aux Affaires internes, et nous n’avons pas pu travailler avec elle afin de condamner le racisme anti-autochtone à McGill ». Il a ajouté vouloir se concentrer sur aborder les commentaires en question et non sur les actions de la v.-p.


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