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Les défis de l’Arctique canadien

Le Canada à la traîne de la Russie dans le cercle polaire.

Wofratz

Le député libéral John McKay, coprésident canadien de la Commission permanente mixte de défense Canada États-Unis, a averti les Canadiens « qu’une fenêtre d’opportunité allait bientôt se fermer » quant au contrôle de l’Arctique.

Le Canada est actuellement bien positionné pour revendiquer une part importante des ressources naturelles de la région polaire, lesquelles deviendront graduellement plus accessibles avec le réchauffement climatique. En effet, sa souveraineté sur l’archipel arctique, qui couvre une superficie de 1,4 million de km2 et qui inclut les îles de Baffin, de Victoria et d’Ellesmere, est maintenant incontestée. 

Pourtant, l’essentiel de cet immense territoire demeure inhabité et n’est que très rarement patrouillé par les Forces armées et les Rangers canadiens, une association de réservistes provenant essentiellement des communautés autochtones du Nord canadien.

Le Canada et les Etats-Unis investissent significativement moins de ressources dans leurs territoires nordiques, ce qui pourrait avoir des répercussions à long terme.

Une offensive russe ?

Les Russes ont quant à eux drastiquement augmenté leur présence militaire dans la région polaire, et ce, tout le long de leur littoral de la mer arctique. Ils ont mobilisé d’importantes ressources afin de rénover les anciennes bases soviétiques au nord du 66e parallèle et ils ont modernisé leur arsenal. L’armée russe a par ailleurs recommencé à patrouiller le Pôle Nord et continue d’envoyer des bombardiers aux limites de l’espace aérien canadien. Ces déploiements militaires ont été complémentés par une intensification de l’activité économique, notamment avec des investissements dans le pétrole et le gaz naturel. En outre, la Russie compte bien exploiter économiquement le passage du Nord-Est : c’est la voie maritime la plus courte reliant l’Asie de l’Est à l’Europe de l’Ouest, ce qui permet d’importantes économies lorsqu’elle est praticable. Ainsi, la rhétorique de Moscou comme quoi la militarisation de ses territoires arctiques n’est que purement défensive ne semble pas vraiment dévier de la réalité. 

Si ces déploiements peuvent sembler agressifs, ils sont tout de même explicables par la grande importance que le président russe, Vladimir Poutine, accorde au développement économique des territoires arctiques. Dans l’immédiat, le Canada n’a pas à se soucier de son intégrité territoriale, mais l’appel de McKay demeure pertinent puisqu’il souligne que le Canada et les États-Unis investissent significativement moins de ressources dans leurs territoires nordiques, ce qui pourrait avoir des répercussions à long terme.

Le Passage du Nord-Ouest

Le Passage du Nord-Ouest, une autre voie maritime traversant quant à elle l’archipel arctique canadien, sera probablement navigable dès le milieu du siècle, mais demandera des investissements importants de la part du gouvernement canadien afin de la rendre sécuritaire et compétitive face aux autres voies navigables. Toutefois, la juridiction sur le passage demeure incertaine. 

Le Canada considère qu’il fait partie de ses eaux territoriales, tandis que le reste de la communauté internationale, notamment les États-Unis, affirme qu’il traverse plutôt des eaux internationales. Si la dispute est à un point mort à l’heure actuelle, elle fera incontestablement surface durant les prochaines décennies, et le manque d’infrastructures du Canada dans les eaux arctiques pourrait miner la crédibilité de ses revendications. 


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